La tendance actuelle des accidents de la route reste très inquiétante. Les conducteurs, unanimement pointés du doigt par tous les analystes, sont dans le point de mire de la nouvelle stratégie de lEtat en la matière. Cela signifie-t-il pour autant que léducation pourrait, à elle seule, permettre de juguler les effets de cette «guerre de la route» au Maroc ? Pour mesurer les coûts financiers induits par les accidents de la circulation, les responsables nationaux ont sollicité le concours des experts de la Banque Mondiale. Les résultats de létude menée par cette institution financière internationale ont révélé que le coût des accidents de la circulation dans notre pays représente 2,5% du PIB, soit 8 milliards de DH. Ce qui frappe encore davantage, cest ce constat souligné par la Banque Mondiale : «si la tendance actuelle des accidents se maintient, ce montant atteindrait 10,5 milliards de DH en 2012. Le nombre des tués augmenterait pour sa part de 32% pour atteindre 4.964 victimes en lan 2012». Les statistiques émanant du ministère de lEquipement et du Transport révèlent quau cours des 8 premiers mois de 2004, «2.502 personnes ont été tuées dans 35.752 accidents corporels». Pour les services compétents du ministère, «cela représente une baisse de 0,9% par rapport à la même période de lannée précédente. Le fléau des engins défaillants La période avril-août 2004, qui correspond en principe au démarrage effectif du PSIU (Plan Stratégique Intégré dUrgence), a été marquée par une diminution de 7,8% des accidents corporels. Toujours par rapport à la même période de lannée précédente, le nombre des accidents corporels a atteint 22.810, causant la mort de 1.631 personnes. Selon les données collectées par le ministère de lEquipement et du Transport, suite à lexploitation des bulletins et tableaux mensuels de la Gendarmerie Royale et de la Sûreté Nationale, le nombre des blessés graves a atteint 8.959 (une baisse de 9,6% par rapport à 2003), alors que celui des blessés a atteint 44.941 (une baisse de 2,3%). Le ton est optimiste par conséquent au niveau du département du Transport. Cette tendance à la baisse signifie avant tout que le PSIU commencerait à donner ses fruits. Pourtant, «le taux de gravité de la route» qui est le résultat de la division du nombre des tués par celui des accidents, demeure très élevé. Autrement dit, le nombre des accidents a certes un peu diminué au cours des 8 premiers mois de 2004, mais la cadence du nombre de victimes a persisté de façon proportionnelle au nombre des accidents. 87,7% des conducteurs automobiles tués en agglomération ne portaient pas la ceinture de sécurité. Dans la catégorie dusagers les plus exposés au risque, on trouve les piétons et les conducteurs de deux-roues. Ces usagers vulnérables représentent, en effet, la moitié des tués. Les statistiques produites par le CNPAC (Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation indiquent, sur ce volet, quenviron 31% des accidents impliquent au moins un véhicule présentant des défaillances mécaniques, ce qui cause près de la moitié des morts (49,3%). Or, linattention et linobservation du Code de la route demeurent les causes majeures de linsécurité routière. Selon ce raisonnement, la circulation sans précaution est une caractéristique majeure des conducteurs impliqués dans des accidents. Lexcès de vitesse cause 9,7% des accidents tandis que le non-respect de la priorité en provoque dans une proportion dà peu près 7,4%. Juillet et août, les mois les plus «dangereux» Le port de moyens de sécurité savère depuis cinq années comme loutil approprié pour la réduction du nombre de victimes. Durant cette période, 80,7% des conducteurs de cycles à moteur tués ne portaient pas de casque en agglomération, alors que cette proportion diminue en zone rurale où elle se situe à 75,9%. Pour les conducteurs automobiles qui sont morts hors agglomération et qui ne portaient pas de ceinture de sécurité, ils représentent 56,3% des victimes. Il faut remarquer que le port de la ceinture en zone urbaine nest pas obligatoire. Le phénomène est plus inquiétant quand on sait que 87,7% des conducteurs automobiles tués en agglomération ne portaient pas la ceinture de sécurité. Sagissant de la répartition géographique des accidents, ils sont dans leur majeure partie enregistrés au niveau des intersections en agglomération dans des carrefours simples, tandis que les accidents qui se produisent dans des carrefours sans feux ou sans stop représentent 62%. La variation, le long de lannée, indique que les mois de juillet et août sont les plus «dangereux» pour les conducteurs, et ce malgré la mobilisation des services concernés et les campagnes de sensibilisation et de contrôle menées durant cette période.