* Tanger et Tétouan devront uvrer pour bénéficier des effets de synergie. Finances News Hebdo : Depuis votre récente nomination à la tête de l'Agence pour le Développement et la Promotion des Provinces du Nord, quels sont les chantiers que vous avez jugé prioritaires et sur lesquels vous vous êtes penchés ? Mounir El Bouyoussfi: Lors de la création de l'Agence du Nord en 1996, cette dernière avait pour mandat principal d'assurer une meilleure intégration de l'économie des provinces du Nord au tissu industriel et productif national, mais aussi de consolider sa position d'interface avec le pourtour euro-méditérenéen. Par conséquent sa stratégie de développement intégré s'est basée sur les spécificités et les atouts propres à chacune des provinces se trouvant sur son périmètre d'intervention. Je saisis d'ailleurs cette occasion saluer les efforts entrepris par mes deux prédécesseurs M. Amrani et M. Benhima, qui ont uvré , avec le talent qui est le leur , pour l'élaboration de cette vision avec les cadres de l'Agence, dont je félicite également le dévouement et l'implication. Après 10 ans de travail sur le terrain, et suite à l'effort important de coordination et de concertation de l'Agence avec les différents départements ministériels et les collectivités locales , nous avons pu dégager quatre grands espaces de cohérence jugés homogènes auxquels correspondent des stratégies de développement territorial spécifiques : les staffs du détroit qui englobent le bi-pôle Tanger -Tétouan, les espaces du Rif central qui comprennent les provinces de Checfchaouen, d'Al Hoceima et de Taounate ; et enfin les provinces de Taza et celles de Larache que l'on considère comme deux provinces tampons, et dans lesquelles un certain nombre de projets pilotes ont été lancés. Une fois ce travail d'étude et de réflexion achevé, et les chantiers majeurs de développement lancés, il convenait de soutenir le développement accéléré de ces régions afin de leur permettre d'entrer de plain-pied dans la modernité du XXIème siècle. Aussi, parmi les différents chantiers sur lesquels nous nous sommes penchés plus particulièrement figure la mise à niveau urbaine des villes. Comme vous le savez, les villes du Nord du Royaume ont chacune leurs spécificités et leurs vocations naturelles. C'est pourquoi différents programmes de mise à niveau et de requalification urbaine sont actuellement mis en uvre par l'APDN et ses partenaires publics dans les provinces du Nord, qui visent l'amélioration des conditions de vie des citoyens du Nord de manière globale, ainsi que la consolidation des vecteurs positifs de développement humain et durable dans ces régions. L'impulsion sectorielle qu'insuffle ce type de programme permet le soutien aux secteurs fondamentaux (transport, services, tourisme, artisanat, agro-industrie, pêche, activités culturelles,...), l'accroissement de l'attractivité des territoires et le renforcement des acquis socio-économiques (hygiène, conditions et qualité de vie, etc..) En plus des objectifs liés à la mise à niveau des villes, les programmes que nous avons lancés tendront à valoriser le patrimoine historique et culturel propre à chaque localité en vue d'une meilleure attractivité commerciale et touristique à destination des investisseurs et des visiteurs. En effet, si Tanger est historiquement et géographiquement la plus internationale de nos métropoles du Nord, M'diq et Fnideq ont des atouts indéniable à faire valoir en terme de tourisme balnéaire, alors même que Chefchaoeun est un formidable produit pour les amateurs de tourisme écologique, rural et ethno-culturel. C'est pourquoi l'Agence à défini, au cours du dernier semestre, une stratégie spécifiques autour de ces projets structurants découlant de notre vision économique du développement intégré qui vise, en particulier, la promotion du savoir-faire et du potentiel socio-culturel de ces provinces. Permettez-moi d'ailleurs de souligner que le positionnement marketing des villes du Nord cadre parfaitement avec les attentes nouvelles des touristes d'aujourd'hui de plus en plus réceptifs aux produits culturels, à l'authenticité et à la découverte des produits biologiques du terroir. Aussi, d'importantes actions seront menées par l'Agence dans les mois qui viennent avec la volonté de promouvoir les talents et les métiers des femmes et des hommes du Nord du Royaume. F.N.H. : La région du Nord vit aujourd'hui une période transitoire marquée par l'un des plus grands complexes à savoir le port Tanger Med. Est-ce que le Nord commence à ressentir les effets d'entraînement d'un tel projet de manière plus ou moins indirecte ? M. E. B. : Sa Majesté a lancé, en 2001, le complexe portuaire Tanger-Med. C'est un projet d'ambition régional mais dont la finalité est le développement national. Ce projet d'environ 20 Mds de DH englobe le port, les autoroutes, les chemins de fer, les zones industrielles, franches, commerciales et logistiques. Ce projet va non seulement transformer la région du Nord ou celle du détroit, mais va entraîner un développement accéléré du Maroc. Les retombées économiques sur les provinces ont été immédiates, étant donné que la population active a augmenté, Entre 1992 et 2005, de 22 à 64% dans la région Tanger-Tétouan. Il y a beaucoup d'investisseurs nationaux et étrangers qui visent la promotion et l'essor du secteur du tourisme, du logement et d'autres secteurs économiques. Dans la mesure où le terrain est préparé, qu'il y a désormais une base solide en terme infrastructures et d'accueil, les investissements effectués connaissent déjà pour la plupart des retombées très positives. F.N.H. : Durant la session d'ouverture, les intervenants ont mis l'accent sur la notion de partenariat. Concrètement, quelles sont les formes que va prendre ce partenariat ? M. E. B. : En ce qui concerne le partenariat, il faut dire que ce concept est nouveau. Pourquoi ? Parce qu'auparavant chaque département travaillait de façon verticale. Moi, je m'occupe des routes et moi, je m'en moque si ça passe à côté d'une école. Même principe pour la santé et même chose pour l'agriculture. L'Agence, grâce à sa vision intégrée, a essayé et a permis dans le cadre de sa mission de regrouper différents partenaires sur un projet de développement local intégré, puisque notre vision de développement est horizontale. Donc, nous avons noué beaucoup de partenariats avec les départements ministériels pour des projets structurants comme les routes, le développement de l'agriculture, du tourisme de montagne et nous avons aussi noué des partenariats avec des ONG qui jouent un rôle très important dans la société et qui permettent de combler le vide laissé par les départements dans leur propre développement. F.N.H. : Dans la stratégie horizontale de l'Agence consistant en la conclusion de partenariat, vous êtes-vous heurtés à des obstacles ? Si oui, lesquels ? M. E. B. : Comme je l'ai déjà dit, chaque province devra se positionner par rapport à un développement régional. Le problème est que chaque province veut avoir un port, un aéroport, une zone industrielle c'est en fait légitime. Mais normalement, les provinces doivent être complémentaires et surtout celles limitrophes qui constituent un bi-pôle.