Les visites régulières du Souverain à Tétouan ont suscité un énorme espoir parmi la population. La province, qui a longtemps souffert d'un déficit dans nombre de domaines, a les atouts nécessaires pour réussir le pari de son développement. Située à 60km de Tanger sur le versant nord du Rif , Tétouan, 650.000 habitants environ, ne laisse pas indifférent. La ville a de la personnalité. Une âme qui la distingue. Dépositaire d'un riche patrimoine culturel, forte d'un potentiel touristique indéniable, pétrie d'une culture politique profonde, Tétouan a tiré ses qualités de sa proximité frontalière et de sa participation active dans le mouvement national. Depuis son accession au Trône, S.M. le Roi Mohammed VI a montré un intérêt particulier pour cette région à travers les multiples visites qu'il y a effectuées, couronnées l'année dernière par la fête de l'allégeance. C'est le souverain qui a dévoilé le dessein méditerranéen de cette zone lors de l'entretien qu'il a accordé au magazine Paris-Match. Le Souverain a évoqué à cette occasion le projet de réalisation d'un grand port à Tétouan à même d'asseoir un développement local et régional sur des bases solides et faire du binôme Tanger-Tétouan un pôle de croissance et de promotion des investissements dans le nord-ouest du pays. En nommant en août 2001 un nouveau wali à Tétouan, S.M le Roi a voulu consolider cette vision. Depuis l'installation de Mohamed Gharrabi à la tête de la wilaya, une action tous azimuts est menée pour mettre en place un plan de travail susceptible d'accompagner et de concrétiser les nouvelles ambitions royales pour Tétouan. Fort d'une expérience non négligeable dans la fonction territoriale, le nouveau wali avait par le passé, en tant que gouverneur de Chtouka-Aït Baha (1994-1998), mis en œuvre avec succès une politique de développement participatif. Une politique de promotion rurale à laquelle furent associés élus et associations. À Agadir où il a été nommé en 1998 wali de la région Souss-Massa-Draâ, M. Gharrabi a su promouvoir une stratégie de développement touristique, couronnée par le démarrage d'importants investissements dans ce domaine. La mission de Mohamed Gharrabi à Tétouan représente un challenge en raison des multiples contraintes qui pèsent sur la région : concurrence du pôle de Tanger, déficit dans les infrastructures, endettement des communes et le phénomène de la contrebande. Pour donner un contenu concret à la stratégie de développement escomptée, le nouveau wali a, d'ores et déjà, mis en œuvre une large concertation avec les élites locales désireuses que Tétouan, qui était capitale des provinces du Nord, retrouve son prestige et sa place d'antan. Compte tenu de ses divers atouts, la ville peut devenir chef-lieu d'un espace régional dans le Rif occidental, qui regrouperait Tétouan, Chefchouen et Al Hoceïma. Ce qui permettrait de mieux exploiter les potentialités de cet espace en termes de tourisme et de pêche. À y regarder de plus près, le projet ne manque pas d'intérêt du fait de l'homogénéité humaine et culturelle entre les trois provinces. Outre la perspective du port méditerranéen, cette nouvelle région bénéficierait de la prochaine rocade méditerranéenne. Plusieurs projets structurants sont programmés : la zone franche de Fnideq, la réhabilitation de la zone industrielle de Sidi Al Mandri, la création d'un nouveau parc industriel… D'autres sont en cours de finalisation comme le dédoublement de la voie de contournement de Tétouan, l'élargissement de la voie Tétouan-Fnideq et la dépollution de Oued Martil. Ces réalisations sont doublées d'un travail de terrain qui touche notamment la conurbation des zones de Tétouan, Martil, Mdiq et Fnideq. Cette action englobe également la lutte contre l'habitat insalubre et la réorganisation de la circulation, ainsi que la prise en charge du problème des commerçants ambulants. Une réflexion est par ailleurs menée en vue de l'élaboration d'un produit touristique autour du culturel, du balnéaire et de l'éco-tourisme avec la mise à niveau de la médina de Tétouan. Une série de mesures et d'initiatives soutiennent cette dynamique. Les élus sont impliqués dans ce mouvement par une meilleure participation dans les projets de la nouvelle gare routière et surtout par leur mobilisation accrue dans la propreté de la cité. «Tout développement intégré et fructueux passe nécessairement par une qualification de l'espace pour le rendre compétitif, note pour sa part Allal Sakrouhi, directeur de l'agence urbaine de la ville. Tétouan ne manque pas d'atouts. Il s'agit de les revaloriser en vue de les transformer en investissements productifs.» En effet, Mohamed Gharrabi ne perd pas de vue l'objectif primordial du processus réformateur tous azimuts qu'il a engagé : créer les conditions objectives pour que Tétouan attire des investisseurs potentiels et surtout recevoir une partie des délocalisations européennes eu égard à sa dimension méditerranéenne. «Tétouan est aujourd'hui une zone prioritaire, déclare de son côté Hassan Amrani, directeur de l'agence du ord. Cette région souffre de l'occupation de la ville de Sebta, une situation qui a généré des activités marginales et des poches de pauvreté. Un programme ambitieux est prévu pour fixer les populations et renforcer le secteur productif.» Dans cette perspective, un travail de restructuration en profondeur a été déjà mis en œuvre par la wilaya. Le boulot est énorme notamment sur le plan urbain. La ville a souffert pendant plus d'une décennie (de 1983 à 1994) d'un laisser-aller incroyable, du fait d'une impéritie locale flagrante doublée d'un manque de vision patent, qui a conduit à un développement anarchique : prolifération de l'habitat insalubre, circulation saturée, stationnement désordonnée, invasion des commerçants ambulants… Ces points noirs ont défiguré le paysage… Aujourd'hui Tétouan respire mieux, moins encombrée qu'elle n'était avec l'aménagement de nouvelles zones de stationnement pour les taxis et les autobus et la délocalisation de nombre de services administratifs dans un quartier périphérique. Province confiante en son avenir, forte de son patrimoine culturel et de son potentiel économique, Tétouan veut résolument sortir de son isolement et de sa torpeur. Les fondements d'un développement équilibré sont jetés. Un défi à relever par l'ensemble des acteurs locaux.