Ce n'est pas demain la veille que l'on mettra du beurre dans les épinards de nos vieux jours. A force, notamment, de faire un pas en avant et deux en arrière. Encore une fois...., le vieux dossier relatif à la réforme du système des retraites a été remis en selle. Il ne s'agit pas non plus de poursuivre la réforme paramétrique entamée, mais tout simplement de la geler. Certes, elle l'est naturellement du fait de l'absence d'un gouvernement, mais c'est une recommandation (toute nouvelle) de la Commission d'enquête parlementaire sur la Caisse marocaine des retraites (CMR). Dans son rapport final, présenté lundi lors d'une séance publique tenue par la Chambre des conseillers, dans le cadre d'une session extraordinaire, elle préconise notamment la mise en œuvre des recommandations de la commission nationale pour la réforme du régime de retraites pour engager une réforme globale. Pour dire que la réforme paramétrique initiée par l'équipe gouvernementale sortante, au plus donne un sursis de quelques années à la CMR. Elle permet en effet de repousser la date d'épuisement des réserves à 2028 au lieu de 2022. Et ce, après que la Caisse a commencé à puiser dans ses réserves (un milliard de DH en 2014 et trois milliards de DH en 2015) pour honorer ses engagements vis-à-vis des adhérents à la retraite. Surtout, la Commission d'enquête ne fait pas d'économie dans les mots pour taper sur l'Etat, lequel doit d'abord s'acquitter des sommes qui lui sont dues au profit du régime de retraites civil. Selon elle, entre autres dysfonctionnements graves, il y a le fait que les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas dévoilé la valeur réelle de la dette due par l'Etat au profit du système de retraite civil. Autrement dit, il s'agirait d'un gros mensonge d'Etat, auquel s'ajoutent non seulement des problèmes de gouvernance, mais également des «décisions politiques et administratives affectant le fonctionnement de la Caisse à travers des réformes défaillantes, sans faire d'études actuarielles ni de vision prospective et sans évaluer les impacts financiers de chaque décision». Bref, la réforme des retraites n'est pas prête de connaître son épilogue. Au regard de ses enjeux socioéconomiques, elle est pourtant urgente. La viabilité des finances publiques en dépend. L'avenir de centaines de milliers de retraités en dépend également. Mais il s'agit vraisemblablement d'un dossier miné, aux relents politiques inavoués et objet d'une surenchère à peine voilée de certains syndicats frondeurs.