L'année 2016 n'a pas été au rendez-vous pour Ciments du Maroc. Le cimentier, qui a habitué la place à des indicateurs en hausse, affiche un résultat déficitaire de 115 MDH, alors qu'il était à un milliard de DH de bénéfice au terme de 2015. Le cimentier coté à la Bourse de Casablanca a récemment rendu publiques ses réalisations financières au titre de l'année 2016. Et c'est une baisse étonnante de son bénéfice net qui en ressort. En une année, le résultat net du cimentier a perdu 1,20 milliard de DH en passant de 1 milliard de DH à une perte de 115 millions de DH. La chute de la livre égyptienne mise en cause Pour expliquer ce repli, la filiale d'Italcementi Group met en cause la dévaluation subie par la livre égyptienne. En effet, en décembre dernier, Ciments du Maroc avait émis un profit warning, expliquant que malgré des résultats opérationnels prévus en progression par rapport à 2015, le test d'impairment de Suez Cement (filiale égyptienne du groupe) devrait «avoir pour conséquence une baisse significative du résultat net 2016 de Ciments du Maroc». Certes, la baisse était attendue, mais décidément elle s'avère faramineuse, s'expliquant par la dotation de provision suite à la baisse de la valeur de la participation du groupe (1,25 milliard de DH) dans Suez Cement Company. Le montant de la provision tient également compte de l'augmentation du coût moyen pondéré des capitaux propres, explique le management. L'opérationnel a tenu bon Malgré son état déficitaire et la stagnation du marché, le cimentier affiche des progressions significatives sur le niveau opérationnel. En revanche, ces indicateurs progressent tout de même moins vite comparés à ceux de la cuvée 2015 en raison du ralentissement du marché. En effet, positivement impactées par une hausse significative des volumes de vente export et de l'activité béton par rapport à 2015, les ventes en volume de Ciments du Maroc et de sa filiale Indusaha ont enregistré une hausse de 0,7% comparativement à l'exercice 2015. Par ailleurs, la consommation nationale de ciment a affiché une légère baisse de 0,7% comparativement à l'exercice 2015. De ce fait, le chiffre d'affaires opérationnel s'établit à 3,85 milliards de DH, en hausse de 3,3% par rapport à 2015. Résultat de la baisse des coûts de production, et particulièrement de l'amélioration de l'efficience technique et du coût des combustibles, l'excédent brut d'exploitation est en progression de 6,5% à 1,79 milliard de DH, par rapport à la période précédente. Autre élément opérationnel : le résultat d'exploitation enregistre, par rapport à 2015, une amélioration de 9,8% à 1,3 milliard de DH, et ce sans évolution notable du niveau d'amortissement. Sur le marché local, l'année a démarré du mauvais pied avec une baisse de 4% des ventes en janvier. L'on rappelle que les fortes averses ont eu raison des ventes de ciment en freinant certains chantiers. La pluviométrie aura été abondante ces dernières semaines et les chutes de neige ont concerné de nombreuses régions du Royaume. Par ailleurs, la compétition entre les opérateurs devrait s'accentuer. L'accroissement des capacités dans la zone de prédilection de Ciments du Maroc et l'investissement de LafargeHolcim Maroc, qui projette la construction de 2 usines de ciment dans les provinces de Chtouka Aït-Baha et Taroudant, devraient maintenir, voire renforcer la compétition sur ces marchés. Pour rappel, LafargeHolcim Maroc compte actuellement près de 50 sites industriels et 1.300 collaborateurs présents sur l'ensemble du territoire marocain. Dans le même temps, la filiale d'Heidelberg va développer ses activités dans le Nord Est avec la construction d'une usine à Nador. En dépit de ces éléments qui ont lourdement pesé sur le résultat net de l'exercice 2016, le Conseil d'administration de Ciments du Maroc a décidé de proposer à l'Assemblée générale prévue le 28 avril prochain, la distribution d'un dividende de 40 dirhams par action au titre de l'exercice écoulé, correspondant à une augmentation de 10 DH par action par rapport à l'exercice 2015. Ceci permettra, dans une moindre mesure, de rassurer le marché actions. Par Y. Seddik
Les analystes demeurent confiants vis-à-vis du titre Dans une note récente, les analystes d'Attijari Intermédiation maintiennent leur opinion positive sur le titre, confortés par les réalisations annuelles du Groupe Ciments du Maroc pour l'année 2016. Ils recommandent de «conserver» le titre grâce essentiellement à sa capacité à améliorer durablement son dividende, soit un taux de croissance annuel moyen de 5,0% durant les cinq prochaines années.