L'Accord d'Agadir, qui a vocation à booster les exportations des pays signataires et assurer une meilleure intégration économique régionale, n'a pas permis d'atteindre les objectifs fixés au départ. Dix ans après son entrée en vigueur, quel bilan tirer de l'Accord arabo-méditerranéen de libre– échange, plus connu sous la dénomination de l'Accord d'Agadir ? A l'évidence, les résultats escomptés n'ont pas été au rendez-vous, car beaucoup de chemin reste encore à faire pour l'intégration économique et commerciale des quatre pays signataires que sont l'Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. L'autre grief qu'il convient de souligner d'emblée est la faible utilisation du cumul d'origine entre les pays membres, notamment pour les exportations en direction de l'Union européenne. Conscientes de la problématique de l'interprétation des règles d'origine et des multiples obstacles aux échanges commerciaux, l'Association marocaine des exportateurs (Asmex) et l'unité technique de l'Accord d'Agadir ont organisé récemment un atelier sur les règles d'origine euro-méditerranéennes. Rappelons que l'intérêt du cumul d'origine Pan Euro Med réside dans sa vocation à permettre à un membre de l'Accord d'Agadir de recourir aux intrants soit des autres pays membres de l'Accord, soit de la zone Euro Med, tout en les considérant comme des matières d'origine nationale dans le processus final de la production. Or, le constat édifiant dressé par les experts est que les quatre pays membres de l'Accord d'Agadir, entré en vigueur depuis 2006, font fi de cette opportunité. «Les Etats signataires de cet accord, dont l'adhésion est ouverte à tout pays arabe méditerranéen, exportent sans pour autant tirer profit du cumul diagonal», souligne Latifa El Bouabdellaoui, directrice des relations commerciales internationales au ministère délégué chargé du Commerce extérieur. Cet état de fait résulte quelque part du manque de volonté politique et de l'absence d'intégration économique. La logique de concurrence prend toujours le pas «Les quatre pays signataires se sont lancés dans une concurrence effrénée au détriment d'une logique gagnante de complémentarité», s'insurge Hassan Sentissi, président de l'Asmex. Et d'ajouter : «Cette compétition peu bénéfique, voire malsaine se traduit par l'impossibilité pour l'usine Renault Tanger d'exporter ses véhicules low-cost vers l'Egypte, pourtant pays signataire de l'Accord». La rencontre était l'occasion pour les intervenants de pointer du doigt les obstacles non-tarifaires de nature à freiner les échanges entre les pays arabes. D'ailleurs, Latifa El Bouabdellaoui a exhorté les exportateurs marocains de transmettre au ministère de tutelle leurs dossiers portant sur les obstacles tarifaires qui freinent leurs exportations vers les Etats membres de l'Accord. A ce jour, seul le constructeur français Renault a effectué cette démarche. Au-delà des difficultés évoquées, force est de constater que l'Accord d'Agadir doit être relifté afin de réaliser les objectifs fixés visiblement loin d'être atteints. Rectifier le tir L'Asmex, par le truchement de son président, a formulé une série de recommandations allant dans le sens de fluidifier les échanges entre les pays liés par l'Accord arabo-méditerranéen de libre-échange. En effet, outre la suppression des mesures non-tarifaires, les exportateurs marocains sont favorables à l'élargissement des études d'impact de l'Accord aux exportations vers l'UE et la mise en place de la disposition de veille économique et commerciale à l'échelle régionale. De plus, une comparaison de la structure des pays à l'échelle sous-régionale permettrait de dépasser les problèmes liés à la compétitivité. Ce qui est de nature à permettre aux pays du Sud et l'Est de la Méditerranée de tirer pleinement profit de cet accord, dont la mise en œuvre demeure toujours difficile. Par M. Diao Appel à la mobilisation du secteur privé Latifa El Bouabdellaoui déplore la prédominance des échanges commerciaux bilatéraux au détriment des opportunités offertes par l'Accord d'Agadir. Afin de remédier aux multiples dysfonctionnements de cet instrument de libre-échange, censé donner un coup de fouet aux exportations des pays partenaires, des études d'impact étalées sur une durée de six mois seront prochainement lancées. Au-delà de cette initiative, la représentante du Département du commerce extérieur a rappelé l'impératif de la mobilisation des opérateurs privés de part et d'autre pour l'atteinte des objectifs majeurs fixés dans le cadre de l'Accord de libre-échange. D'ailleurs, la convention de création du Conseil des hommes d'affaires des pays membres de l'Accord arabo-méditerranéen de libre-échange a été signée en janvier 2016 à Casablanca.