L'Accord méditerranéen pour le libre-échange (ou Accord d'Agadir) a fait l'objet d'un séminaire portant sur son bilan et ses perspectives, ce mercredi à Casablanca. Signé par le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie en 2004, il a permis de porter les échanges entre les pays signataires à 2,2 milliards de dollars. Des échanges encore faibles, notamment à cause de beaucoup d'obstacles. Entré en vigueur le 27 mars 2007, l'Accord d'Agadir a créé une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, mais également avec l'Union européenne. Cet accord a ainsi permis aux quatre pays signataires d'augmenter leurs échanges commerciaux. Ces derniers atteignent actuellement 2,2 milliards de dollars, mais restent néanmoins faibles. El Aïd Mahsoussi, président de l'Unité technique d'Agadir, qui pilote l'accord, résume ainsi son bilan: «Aujourd'hui, les échanges entre les quatre pays sont évalués à 2,2 milliards de dollars. Jusqu'aux années 2008-2009, les échanges ont augmenté. La situation politique de la région, cumulée à la crise économique et financière en Europe, a fait par la suite qu'il y a eu un fléchissement». Augmentation des exportations marocaines Mahsoussi fait toutefois observer qu'entre 2011 et 2013, c'est l'Egypte qui a le plus profité de l'accord. «L'Egypte a accaparé, à elle seule, 65% des exportations globales entre les pays membres», explique-t-il. Le Maroc a également bénéficié de l'accord. «Ses exportations sont passées de 6% à 20% entre 2011 et 2013, au moment où la situation des exportations était négative pour la Tunisie et la Jordanie», poursuit El Aïd Mahsoussi. Pour le responsable de l'Unité technique d'Agadir, il faudrait ajouter à ces échanges entre Etats membres les échanges avec l'Union européenne. Et d'expliquer que «l'Accord d'Agadir a un lien avec l'Union européenne, puisqu'il a été signé dans le cadre de l'intégration euro-méditerranéenne. Nous ne pouvons pas parler de nos échanges sans y inclure ceux avec l'UE car il y a ce cumul d'origine qui, en principe, devrait pousser à l'intégration dans cette zone». Ainsi, en 2013, les pays signataires de l'Accord d'Agadir ont exporté «environ 34 milliards de dollars» vers l'UE, mais ils ont en contrepartie importé pratiquement le double de cette valeur, soit 64 milliards de dollars. En résumé, précise El Aïd Mahsoussi, 45% des importations des pays de l'Accord d'Agadir proviennent de l'UE, tandis que, collectivement, les exportations de la Tunisie, du Maroc, de l'Egypte et de la Jordanie ne représentent que 0,07% de l'ensemble des importations de l'Europe. Revenant sur les réalisations de l'accord, El Aïd Mahsoussi a notamment mis en relief les études effectuées dans les secteurs de l'automobile, du textile et du transport maritime. Ces études ont permis de donner plus de visibilité aux opérateurs, selon lui. La concurrence au détriment de la complémentarité Toutefois, du côté des opérateurs, ces études sont jugées insuffisantes, comme l'a fait savoir Hassan Sentissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). Il a aussi dénoncé le fait que les pays de l'Accord d'Agadir soient dans «une course à la concurrence» plutôt que dans une logique de complémentarité. Hassan Sentissi a également pointé du doigt les complications liées à la coexistence entre l'Accord d'Agadir et les accords bilatéraux. Le président de l'ASMEX a ainsi recommandé «d'éviter la superposition des régimes», «de créer une cellule de veille» et «de supprimer les barrières tarifaires». Les grands chantiers qui attendent les pays membres de l'Accord d'Agadir sont, selon El Aïd Mahsoussi, les suivants: «négocier la libéralisation du commerce des services», «rapprocher les réglementations entre pays membres», «réviser les règles d'origine», «gérer le règlement des différends» et «sensibiliser le secteur privé sur les opportunités de l'accord». Des défis qu'entend relever le président de l'Unité technique d'Agadir, sous la présidence marocaine, qui s'étalera sur les trois années à venir.