Retour à la case départ. En à peine 48 heures, le ballon s'est dégonflé telle une baudruche. La déclaration, vendredi, du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, selon laquelle «la prochaine majorité sera composée du Parti de la Justice et du Développement (PJD), du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS)», n'aura pas résisté à l'usure du temps. Car, alors que l'opinion publique s'attendait donc à une formation imminente du gouvernement, sur la base notamment de la coalition qui dirigeait le pays avant les législatives, c'est un nouveau coup de tonnerre qui a eu lieu le dimanche. Deux communiqués laconiques, l'un venant du chef de gouvernement, et l'autre signé par le RNI, l'UC, le MP et l'USFP ont suffi pour montrer la profondeur des divergences entre ceux qui veulent gouverner le Royaume. L'UC et l'USFP, Benkirane n'en veut pas dans son gouvernement et a donc décidé de clore les discussions autant avec Aziz Akhannouch, SG du RNI, qu'avec Mohand Laenser, SG du MP. Quant aux quatre partis, qui semblent mettre le chef de gouvernement devant ses responsabilités, ils militent pour une majorité confortable pour pouvoir gouverner convenablement. Entre les arguties des uns et des autres, l'on se retrouve, de nouveau, dans une impasse politique dans laquelle l'économie marocaine est prise en otage. Jusqu'à quand ? Ce qui est sûr, cette guéguerre où l'arithmétique politicienne prend de plus en plus le pas sur les intérêts supérieurs de la nation commence à bien faire. Et irrite le Souverain qui, en homme avisé, avait déjà dépêché deux conseillers auprès de Benkirane pour lui signifier la nécessité de former «dans les plus brefs délais» un nouveau gouvernement. Aujourd'hui, avouons-le, ce nouveau blocage signe l'échec du chef de gouvernement à former une coalition homogène et cohérente. Ce qui n'est point étonnant. Car une idylle qui a pour unique socle le partage du butin électoral ne saurait survivre aux enjeux de la realpolitik. Aussi, face à ce qui se joue actuellement sur la scène politique, et avec le recul, de plus en plus de voix s'élèvent pour se demander si, in fine, ce n'est pas plutôt l'homme Benkirane qui pose problème et non la formation d'une majorité en tant que tel. Auquel cas, faudrait-il que Benkirane, en homme d'Etat soucieux de préserver les intérêts supérieurs de la Nation, se retire de son propre chef ? Ça, c'est un autre débat. En tout cas, ce statu quo ne peut continuer à l'indéfini. Et il n'est donc pas exclu que le Roi, garant du bon fonctionnement des institutions, tranche en fin de compte.