Les contrôles fiscaux des grands groupes cotés se multiplient. Pour 2016, les bénéfices de Saham Assurance, Lydec et BMCI en seront impactés. On ne badine pas avec le Fisc. Pas moins de 3 sociétés cotées ont subi, durant l'année 2016, la main lourde de l'Administration fiscale. Des redressements non sans conséquences sur la masse bénéficiaire. La dernière «victime» en date est Saham Assurance, qui vient de se fendre d'un communiqué de presse aux faux airs de profit warning. La compagnie y annonce le règlement de la coquette somme de 130 millions de DH au profit de l'Administration fiscale, suite à un contrôle au titre de l'IR, l'IS, la TVA et les droits d'enregistrement et de timbre, portant sur les années 2012, 2013, 2014 et 2015. Une somme qui viendra grever les bénéfices de Saham Assurance au titre de l'exercice 2016. Si la compagnie, propriété de Moulay Hafid Elalamy, assure que cette charge exceptionnelle ne remet aucunement en cause sa dynamique de croissance, entrevue au premier semestre 2016, toujours est-il qu'elle représente tout de même près d'un trimestre de bénéfices. Pour rappel, en 2015, Saham Assurance réalisait un bénéfice net de 340 millions de DH. Lors du premier semestre 2016, le résultat net de la compagnie s'est établi à 238 millions de DH. Lydec a également eu droit à la visite des agents du Fisc. Le délégataire des services d'eau et d'électricité de Casablanca a annoncé fin décembre avoir réglé au Fisc un montant de 120 millions de DH, suite à un contrôle fiscal équivalent à celui subi par Saham Assurance. Lydec a, dans la foulée, publié un profit warning (alerte sur résultat) en bonne et due forme. En 2015, Lydec réalisait un résultat net de 277 millions de DH. Ce différend avec le Fisc lui coûte donc plus de 40% de ses bénéfices annuels. BMCI est également dans le collimateur de l'Administration fiscale. Dans une note récente, les analystes de la société de Bourse Upline Securities attirent l'attention des investisseurs sur un risque fiscal qui guette la filiale marocaine de BNP Paribas. BMCI a reçu, en mai 2016, un avis de vérification fiscale portant sur les exercices 2012 à 2015, couvrant l'IS, la TVA et l'IR. Ainsi, la tendance annuelle 2016 pourrait être impactée par ce contrôle fiscal. Les commissaires aux comptes le rappellent d'ailleurs dans leur attestation qui date du 25 novembre 2016. Même le géant OCP n'a pas échappé au redressement. En juin 2016, le groupe a fait l'objet d'un contrôle fiscal au titre des exercices 2012 à 2015. Au final, la facture est salée : un protocole d'accord a été signé le 28 novembre 2016 pour régler le litige équivalent à la somme de 950 millions de DH. Acharnement ? S'il est admis que le contrôle fiscal fait partie des «désagréments» habituels qui jalonnent la vie des entreprises, les professionnels constatent néanmoins depuis plusieurs mois une intensification des contrôles. Omar Farraj, à la tête de la Direction générale des impôts (DGI) depuis février 2015, avait promis, à maintes reprises, cette intensification des contrôles. Le patronat le déplore. Certains dirigeants d'entreprises parlent même d'acharnement. Commentaire désabusé d'un professionnel de la place, qui en dit long : «Si cela continue ainsi, ils vont finir par pénaliser la Bourse».