Depuis 2010, Exochems a installé sa principale filiale au Maroc dans l'objectif de servir le marché africain. Spécialisée dans le secteur du traitement et d'élimination des déchets dangereux, Exochems utilise principalement des bactéries dans ses solutions pour le traitement des déchets de façon neutre et inoffensive aussi bien pour l'homme, la flore que la faune. Pour Sylvia Pariente, PDG du groupe Exochems, la mise en place d'un cadre fiscal mettrait un peu de pression sur les acteurs privés qui tardent à matérialiser leur bonne volonté affichée depuis des mois. Finances News Hebdo : Vous avez démarré vos activités en France avant de vous décider de vous lancer au Maroc et en Afrique. Que proposez-vous dans le Royaume ? Quelles sont vos activités dans le reste du continent ? Sylvia Pariente : Nous avons effectivement démarré nos activités en France en 2000, avec nos premières solutions proposées par Exochems pour l'industrie pétrolière. Notre premier client a été EDF avec lequel nous travaillons jusqu'à ce jour. Début 2010, nous avons amorcé une évolution stratégique de nos offres et activités en appliquant les biotechnologies aux traitements biologiques des eaux usées (i) et de l'environnement sanitaire (ii). Nous avons installé notre principale filiale au sein du Royaume pour servir le marché africain avec ces nouvelles offres spécialement conçues pour le continent qui fait face à des challenges cruciaux (pression hydrique, péril fécal, etc.) F.N.H. : Quels avantages vos partenaires et clients tirent-ils de vos produits ? Comment faites-vous pour chiffrer ces «économies» ? S. P. : Nos solutions viennent s'ajouter aux infrastructures existantes, avec une réelle facilité de déploiement. Elles ont des effets rapides et tangibles et font part d'une démarche à long terme de réflexion sur la mise en place de nouvelles infrastructures. Nous apportons à nos clients un double avantage : Un impact financier non négligeable que nous pouvons quantifier aisément (ex : bassins de lixiviats et évaporation naturelle forcée pour repousser la construction de nouveaux bassins et «l'empilement» des m3 au sein des décharges). Le 2ème avantage porte sur la qualité de vie des employés, des riverains ou encore des utilisateurs finaux de nos produits et solutions, (ex. Biolatrines et conditions de vie largement améliorées pour les utilisateurs finaux du produit). F.N.H. : Votre solution est constituée de bactéries. Cela a-t-il un impact sur la santé des populations, la faune et la flore environnante ? S. P. : Premièrement, il existe de bonnes et de mauvaises bactéries qui ont toute une utilité... La nature offre des ressources incroyables au monde, et c'est uniquement les bonnes bactéries naturellement présentes dans la nature que nous utilisons quand nous mettons au point nos produits. Nous sélectionnons des bactéries de classe 1 dans la souchothèque de l'Institut Pasteur, totalement inoffensives pour l'homme. Après tout, l'activité humaine (propre à son développement) laisse souvent des traces sur l'environnement et nous devons faire en sorte de traiter efficacement ces «traces» avec des produits neutres et inoffensifs pour l'homme, la flore et la faune. Sinon, quel intérêt de traiter un problème pour en créer un autre ? Pour aller encore plus loin, toutes nos solutions doivent respecter l'ADN de la société : Biologique (comme ci-dessus) ; In-situ : les traitements ont lieu sur place pour éviter les risques de transport et réduire l'empreinte carbonne; Sur-mesure : nos solutions sont parfaitement adaptées aux besoins du client pour éviter les surtraitements et des résultats en ligne avec les attentes. F.N.H. : Le développement durable est présenté comme l'une des thématiques principales autour desquelles s'articule la nouvelle vision du Maroc. D'un point de vue opérationnel, ressentez-vous une réelle prise de conscience des décideurs et opérateurs économiques ? S. P. : Le Maroc est à l'avant-garde dans ce domaine sur le continent africain. La prise de conscience est réelle, la tenue de la COP22 à Marrakech et l'effervescence qui a suivi le prouvent bien. Les décideurs et opérateurs marocains ont une vraie volonté en prenant conscience de ce défi de la durabilité. C'est la première étape. La seconde est de rendre tout cela opérationnel et c'est une véritable mutation qui prendra du temps. F.N.H. : Le Maroc ne dispose pas encore d'un cadre fiscal adapté aux entreprises comme la vôtre. Est-ce un frein pour votre développement ? S. P. : L'incitation fiscale dans le cadre de notre développement est un point important mais secondaire néanmoins. Il doit permettre de convaincre les derniers «frileux» à rejoindre nos démarches. Je ne parle pas uniquement des démarches d'Exochems mais celles de tout le monde, celle de l'environnement. La mise en place d'un cadre fiscal serait évidemment la bienvenue, car il marquerait à nouveau la priorité donnée à ces enjeux par le gouvernement et mettrait un peu de pression sur les acteurs privés qui tardent à matérialiser leur bonne volonté affichée depuis des mois. F.N.H. : Comment voyez-vous l'avenir du développement durable au Maroc ? S. P. : La tendance se confirmant, je pense ne pas me tromper en affirmant que l'avenir du développement durable est assuré au Maroc. Il y a à mon sens un évènement qui acte cela de façon claire et irréversible : c'est le discours d'ouverture de la COP22 de SM le Roi Mohammed VI. Pour ne reprendre qu'un point que je qualifierai de «révolutionnaire» - l'engagement du Maroc à l'horizon 2030 d'assurer 52% de sa capacité électrique nationale à partir d'énergie propre - Qui dit mieux ? F.N.H. : Enfin, vous étiez particulièrement active lors de la COP22. En quoi ont consisté vos interventions et quel bilan tirez-vous de cette COP ? S. P. : En tant que société franco-marocaine, nous nous devions d'être très actifs durant cette COP pour représenter au mieux le Maroc, présenter notre société Exochems et ses nombreuses initiatives au Maroc ou en République Centrafricaine (pour ne citer que ces deux pays). Il faut aussi prouver au monde que les initiatives sud/sud (des pays du Sud pour d'autres pays du Sud) est un modèle qui marche. Nous nous devions aussi faire en sorte qu'Exochems soit présente pour aller à la rencontre de ses futurs clients : gouvernement et sociétés ou grands groupes privés. Nos interventions en tant que conférencier ont porté d'ailleurs leurs fruits. Elles ont renforcé notre crédibilité, accru notre exposition aux acteurs-clés de l'environnement dans le monde et en Afrique particulièrement. Le bilan est excellent ! Nous avons plus d'une douzaine de prospects avec lesquels nous discutons activement pour mettre en place des partenariats pérennes de long terme sur nos thématiques de prédilection (eaux usées et assainissement).