* Une enquête a porté sur 857 entreprises. * L'amélioration du climat des affaires est nécessaire pour le dynamisme des entreprises. Les obstacles au développement des affaires identifiés par l'enquête sur le climat de l'investissement contribuent certainement au ralentissement des investissements, mais ils ne correspondent pas nécessairement aux contraintes majeures à la croissance. Selon la Banque mondiale, « certains de ces obstacles peuvent néanmoins expliquer l'absence d'investissements privés dans les nouvelles activités ». L'enquête a abordé le cas du secteur manufacturier au Maroc. Les entreprises de ce secteur produisent à peu près 18% du PIB et les visions ne coïncident pas nécessairement avec celles des autres secteurs. L'examen de l'environnement des affaires s'applique aux industries manufacturières. Il est conduit sur la base d'une étude menée conjointement par le ministère de l'Industrie et la Banque mondiale, et qui couvre 857 industries manufacturières disséminées dans tout le pays. Il faut souligner que les deux-tiers de ces entreprises faisaient déjà partie d'un échantillon retenu pour une évaluation entreprise en 2000, ce qui a permis aussi de mesurer les évolutions des conclusions dans le temps. La simple description du tissu industriel suggère dès le départ que le secteur manufacturier connaît une mutation extrêmement lente. Selon l'étude, « les principales caractéristiques du tissu industriel marocain peuvent être résumées comme suit : les entreprises restent très concentrées autour de Casablanca ; les activités manufacturières sont dominées par les industries de l'habillement, du textile et du cuir ; les entreprises sont pour la plupart des PME à structure familiale ; très peu d'entreprises font de la recherche et développement, bien que certaines innovent en matière de produits ; et au cours des dernières années, quelques PME ont fait des efforts significatifs pour se moderniser ; la proportion des PME ayant mis à jour leur parc automatisé est passée de 58% à 65% ». Dans un autre volet, le rythme de transformation structurelle de l'industrie manufacturière paraît, dans une large mesure, être le fait de grandes et anciennes entreprises privées opérant dans des secteurs d'activité en déclin, faisant preuve d'une diversification limitée et ayant peu d'activité nouvelle. « Dans ce contexte, note-t-on dans l'étude de la BM, les contraintes clés affectant le climat de l'investissement peuvent également faire obstacle à une transformation rapide, surtout si elles affectent de manière disproportionnée les jeunes entreprises d'exportation les plus petites et les moins influentes ». Par ailleurs, le niveau de désagrégation des résultats de l'enquête permet de comprendre comment le secteur manufacturier marocain réagit face à sa propre évolution structurelle. La perception du niveau de contrainte par les entreprises est contrastée selon leur taille, le type d'activité (exportateur ou non) et leur dynamisme, mesurée par le taux de croissance de leur chiffre d'affaires. Ce constat illustre plus particulièrement l'attitude des entreprises face à leur propre évolution structurelle. Ainsi, selon l'étude, «les entreprises jeunes et exportatrices se plaignent plus souvent des contraintes freinant leur croissance : accès foncier, accès à une main-d'uvre de qualité, absence de flexibilité vers le marché du travail. En revanche, les entreprises les plus anciennes, tournées sur le marché intérieur, se plaignent surtout de la concurrence déloyale provenant du secteur informel», et d'ajouter que « de même, les PME font état de leurs difficultés croissantes nées de la législation du travail et des carences de formation». Enfin, les entreprises en forte expansion se plaignent «surtout des limitations de l'accès au foncier et du manque de main-d'uvre qualifiée, qui sont des éléments indispensables au soutien de leur croissance, alors que les entreprises sur le déclin se plaignent surtout de la rigidité du code du travail ». Les données de l'enquête suggèrent qu'il existe une nouvelle génération d'entrepreneurs marocains qui pourrait jouer un rôle moteur pour la croissance future. Cependant, les changements structurels (plus particulièrement dans les industries manufacturières) se trouvent ralentis par une génération d'entreprises plus anciennes qui semblent bénéficier d'un climat d'affaires plus favorable et être moins concernées par les impératifs d'expansion. Ceci tend à suggérer que, pour accélérer la croissance des entreprises marocaines les plus dynamiques et les plus prometteuses, il faut améliorer leur environnement pour les placer sur un pied d'égalité avec les entreprises déjà bien établies, notamment en terme d'accès aux financements.