* Malgré l'expansion mondiale, les déséquilibres monétaires et financiers menacent les PVD. * Le contexte international est propice à une relance des stratégies de développement. Lexpansion économique mondiale est vulnérable. Elle est menacée par les déséquilibres monétaires et financiers internationaux. Les risques de crise sont réels. Tel est le constat d'un rapport sur le commerce et le développement 2006 que la CNUCED vient de publier. Les analystes de cette organisation de l'ONU préconisent une intervention urgente pour faire face aux différents déséquilibres qui menacent la croissance mondiale. Ils justifient leurs prévisions par la volatilité croissante des marchés d'actions, de produits de base et de monnaies dans les pays en développement et les économies émergentes. Les perturbations, ont-ils expliqué, se sont circonscrites à quelques économies périphériques présentant des déficits assez élevés de leurs comptes courants. Rien n'indique qu'on est à la veille d'une crise financière majeure comparable à celles qui ont touché l'Asie et l'Amérique latine il y a une dizaine d'années. Le rapport indique que « la souplesse et le pragmatisme avec lesquels les Etats-Unis administrent leur politique macroéconomique ne sont pas éternels, même s'ils ont jusqu'à présent empêché les vices du système commercial mondial d'induire des phénomènes de déflation et de récession et ont «limité» les dégâts à d'énormes déficits commerciaux ». A cet égard, la CNUCED préconise un traitement multilatéral de l'aggravation des déséquilibres commerciaux, « notamment par l'expansion de la demande intérieure dans d'autres pays industrialisés comme par exemple les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, qui ont actuellement des excédents considérables, pour que les répercussions des chocs ne se propagent pas dans tout le monde en développement ». Après les crises asiatiques et latino-américaines, les pays en développement ont été de plus en plus nombreux à s'engager dans la même voie : stabilisation unilatérale des taux de change à des niveaux plutôt faibles, dégagement d'excédents substantiels des comptes courants, accumulation d'énormes réserves en dollars par intervention sur le marché des devises. Tous les pays touchés par des crises financières ont opté pour la stratégie «sous-évaluation plus intervention». Cette stratégie est considérée comme un pis-aller pour des pays qui veulent élargir leur économie. Selon la CNUCED, « ces pays ont appris qu'il valait mieux ne pas s'en remettre aux rapports de capital étrangers. Pour ce faire, ils ont adopté une autre solution qui fait des excédents commerciaux le moteur de l'investissement et de la croissance. Cela les oblige à défendre leur compétitivité en intervenant sur le marché des devises, mais signifie aussi qu'il doit exister au moins un pays (actuellement les Etats-Unis) acceptant inversement que sa balance commerciale et ses comptes courants soient en déficit ». Les économistes de la CNUCED craignent que «les Etats-Unis ne trouvent trop lourd leur rôle de consommateur ultime et de locomotive de la croissance mondiale». Il est à signaler dans ce sens que «Washington a pu pendant longtemps ignorer son énorme déficit commercial, qui grossit encore, car cela ne l'empêchait pas de pratiquer le plein emploi et la stabilité des prix». Le rapport indique par ailleurs que «le manque d'appétit des Etats-Unis pour les produits importés pourrait se répercuter dans le monde entier, aussi bien que l'a fait leur appétit de ces dernières années. Ce phénomène pourrait freiner et même inverser le processus de développement et de réduction de la pauvreté dans les pays en développement, alors qu'ils n'y sont pour rien». La CNUCED a toutefois noté que « le rôle de la Chine devient de plus en plus influent dans l'évolution de la croissance des PVD. Sa demande intérieure a fortement augmenté depuis 1990 remplaçant en cela les demandes intérieures de l'Allemagne et du Japon qui sont en quasi-stagnation». Les analystes de la CNUCED affirment que «pour corriger les déséquilibres mondiaux, un effort multilatéral s'impose absolument et non des pressions exercées sur telle ou telle région en développement».