* La croissance au Maroc demeure conditionnée par l'état de la conjoncture interne mais aussi externe. * Les politiques adoptées par les pouvoirs publics prennent-elles en considération des scénarios-catastrophes ? Dans une ère de plus en plus mondialisée, tout événement prend la forme d'une onde qui se propage et dont les effets sont ressentis partout. Ainsi, avec la mondialisation, chaque pays se trouve désormais exposé aux aléas politiques et économiques aussi bien internes qu'externes. Le Maroc en fait partie sachant qu'il a opté pour la libéralisation de ses échanges et pour l'ouverture de ses frontières. Sur une longue période, les données laissent apparaître une croissance annuelle moyenne de l'économie de l'ordre de 3%. Néanmoins, cette moyenne ne doit pas occulter que les taux varient d'une année à lautre. La croissance au Maroc demeure ainsi conditionnée par l'état de la conjoncture interne mais aussi externe. Si on se réfère à la décennie 90, on remarque que les mauvaises performances réalisées par le Maroc sont essentiellement liées à une mauvaise campagne agricole et à son ouverture sur l'extérieur. Cette vulnérabilité est aussi liée à la structure du système productif, à la composition des échanges, au poids de la dette, au système de change... On se demande ainsi si le Royaume présente des signes de flexibilité ou de vulnérabilité ou encore si les politiques adoptées par les pouvoirs publics prennent en considération des scénarios-catastrophes. Le Maroc, pays semi-aride, demeure exposé aux aléas climatiques qui se répercutent rapidement sur le PIB. A l'instar de la production céréalière qui est directement affectée, d'autres branches le sont aussi telles que le cuir, l'agroalimentaire... Depuis de nombreuses années, le Maroc n'arrive pas à développer l'irrigation artificielle comme il se doit et à rompre définitivement avec cette dépendance aux aléas climatiques qui devient plus ou moins récurrente. Autre élément déterminant ayant marqué la conjoncture internationale au cours de ces dernières années : le coût de l'énergie. Cet élément est très révélateur dans la mesure où son impact sur le court terme est l'inflation. Celle-ci entraîne une baisse de la demande qui provient des pertes de compétitivité induites et de la hausse du chômage. Les différentes augmentations du coût de l'énergie mettent en exergue la vulnérabilité de l'économie marocaine. D'après les analystes du Centre Marocain de Conjoncture, «la forte exposition au risque de choc est à l'origine des déviations fréquentes de l'économie par rapport à son potentiel ». D'aucuns estiment que la situation aurait été plus grave si la politique budgétaire adoptée n'avait pas joué un rôle de stabilisation ou de support important. Ils avancent, à ce sujet, le soutien apporté par l'État au monde rural en phase de sécheresse, la subvention de la consommation de certains produits stratégiques, la relance de l'activité en matière de basse conjoncture et les différentes réformes structurelles qui ont affecté le Maroc au fil des ans. Et comme ne cesse de le répéter le ministre des Finances, Fathallah Oualalou, «la croissance économique réalisée, bien que modeste par moments, ne s'est accompagnée ni d'une inflation, ni d'un déficit budgétaire». La maîtrise des agrégats macroéconomiques est toujours un argument de taille pour l'argentier du Royaume. Mais toujours est-il que cette maîtrise ne sert à rien si le pays reste sous-développé. Deux poids, deux mesures ! Les chocs qui ont affecté l'économie marocaine au cours de la dernière décennie sont de deux types : interne et externe. Leurs impacts sont très différenciés. A titre d'exemple, une année de sécheresse occasionne généralement des pertes de production atteignant parfois des proportions importantes : 50% pour le secteur agricole et un peu moins de 2 points en terme de PIB agricole. Les analystes de conjoncture estiment que cet impact est vite compensé lorsque les conditions climatiques deviennent plus clémentes l'année suivante. Le choc externe par contre se ressent d'une manière plus profonde et la durée d'absorption est généralement plus longue. La décélération de la croissance en Europe, essentiellement en France, principal partenaire du Maroc, a eu des effets directs sur la balance commerciale. De même, l'envolée de l'Euro a entraîné une valorisation des importations marocaines. D'où l'intérêt d'une diversification des partenaires, stratégie vers laquelle le Maroc s'est orienté en prospectant de nouveaux marchés. Rappelons aussi que la guerre du Golfe a eu des effets négatifs sur l 'économie marocaine. L'activité touristique a été frappée de plein fouet pendant de longues années et a pris du temps pour se redresser. Récemment, la Coupe du Monde 2006 a eu un impact négatif sur les recettes touristiques au cours du mois de juin. Un tel fait a été contrecarré par la guerre au Liban qui a orienté les voyages vers la destination Maroc au lieu d'autres habituellement plus courtisées telles que l'Égypte, la Turquie, le Liban. Ces chocs externes, qui prennent le Maroc au dépourvu, expliquent pourquoi il peine à trouver les sentiers de croissance, et ce en dépit des réformes instituées. Les réformes institutionnelles, les politiques d'incitation et les tentatives de mise à niveau n'ont pas été suffisantes pour permettre à notre économie de corriger les déséquilibres engendrés par les chocs successifs auxquels elle a été confrontée. Le Maroc devrait être plus flexible pour pouvoir atteindre facilement son niveau potentiel.