Le dernier Budget du mandat Benkirane ne présente pas de grands changements par rapport aux précédents. Il continue de se présenter comme un savant dosage entre une politique de l'offre ambitieuse et une politique sociale renforcée. Le Budget 2016, qui vient d'être pré-senté par le ministre des Finances Mohamed Boussaïd, devant le Parlement, n'est pas un budget de rupture mais bien un budget de continuité. D'ailleurs, Boussaid a débuté son discours en vantant le bilan réalisé par le gouverne-ment, notamment sur le plan de l'amélioration des indica-teurs macroéconomiques. Pourquoi dès lors changer une formule qui gagne ? Ce budget s'appuie ainsi sur le même socle que les Lois de Finances antérieures, à savoir : la qualification pro-gressive de notre économie pour intégrer le club des pays émergents, la réduction des disparités sociales, et la pour-suite des réformes structu-relles. La difficulté pour les équipes du ministère des Finances consiste à trouver un délicat équilibre entre une politique de l'offre ambitieuse, à travers des mesures de sou-tien à l'investissement et au monde de l'entreprise, et une politique de la demande non moins ambitieuse, destinée à réduire les disparités sociales et spatiales. Le tout, bien sûr, sur fond de préservation des équilibres macroéconomiques du Royaume. Au niveau de la politique de l'offre, le gouvernement compte poursuivre sa straté-gie de diversification du tissu productif national. Un effort sera fait au plan de la dépense d'investissement, puisque l'investissement public doit atteindre 189 milliards de dirhams, dont 61 milliards de DH au titre du Budget général, ce qui représente une hausse de 13,5% par rapport au Budget 2015. Une bonne par-tie de cette enveloppe est consacrée aux différentes stratégies sectorielles, au premier rang desquelles on retrouve le Plan d'accéléra-tion industrielle (PAI) à travers notamment le lancement des écosystèmes offshoring, de 3 nouveaux écosystèmes du textile, et des écosystèmes de l'électronique. Le Plan Maroc Vert n'est pas en reste. Il bénéficiera d'une enveloppe de 11 milliards de DH, soit 1 milliard de plus qu'en 2015. Le gouvernement compte également poursuivre les différents programmes de développement des énergies vertes, notamment à travers le lancement de la seconde phase du complexe solaire de Ouarzazate. Par ailleurs, le Maroc va continuer de soute-nir l'investissement dans les grands projets d'infrastruc-tures structurants, en particu-lier la construction du port de Kénitra (8 milliards de DH) et celui de Nador (9,8 milliards de DH). Pour leur part, les entreprises ont été choyées. Les PME bénéficieront ainsi des programmes Imtiaz et Moussanada, qui mettront à leur disposition une enveloppe de 2 milliards de DH pour leurs projets de modernisation et d'investissement. Par ailleurs, et c'est l'une des grandes nouveautés du PLF 2016, le principe de la progressivité de l'impôt sur les sociétés a été retenu, tout comme la généralisation du rembourse-ment de la TVA, avec dans un premier temps, le rembourse-ment de la TVA sur les biens d'investissements acquis, dès le 1er janvier 2016. Cohésion sociale Le problème est que ces mesures incitatives ont déjà montré leurs limites, voire leur impuissance à tirer l'emploi vers le haut et sortir de la vulnérabilité, de l'isolement et de la pauvreté ce fameux «Maroc inutile». Le Royaume va donc mettre le paquet pour mettre fin à la «croissance sans emplois», et renfor-cer la cohésion sociale. Une enveloppe de 50 milliards de dirhams sera consacrée dans ce sens pour financer près de 21.000 projets sur la période 2016-2022, notamment dans le monde rural. En outre, le Budget 2016 consacre 1,6 milliard de DH au titre de la bourse estudiantine au profit de 330.000 étudiants. Le secteur de l'éducation se verra octroyer une somme de 46 milliards de DH, la santé 14 milliards de DH, tandis que l'habitat recevra une enveloppe de 2,8 mil-liards de DH. Au niveau de l'emploi, le Maroc s'est doté d'une stratégie nationale qui sera opérationnelle en 2016. En attendant, le gouverne-ment s'engage à créer, pour l'année prochaine, près de 26.000 emplois publics, soit une hausse de 15% par rap-port à 2015. Enfin, 2016 sera l'année de la mise en oeuvre des lois organiques de la région, à travers notamment la création du Fonds de la qualification sociale et de celui de la soli-darité interrégionale, ainsi que la mobilisation des ressources fiscales (2% de l'impôt sur les sociétés, 2 % de l'impôt sur le revenu et 20 % de la taxe sur les contrats d'assurance), outre des parts du Budget général estimées à 2 milliards de DH, soit un montant total de plus de 4 milliards DH. Les hypothèses retenues pour le PLF 2016 sont un déficit budgétaire réduit à 3,5%, une inflation maîtrisée à 1,7 %, et un prix du baril de pétrole à 61 dollars, en moyenne, pour un taux de croissance du PIB de 3%.