Les bureaux syndicaux affiliés aux trois centrales syndicales (UMT, CDT et FDT) sont montés au créneau pour dénoncer des pratiques illégales et antidéontologiques du Centre régional de transfusion sanguine de Rabat. Le directeur du Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTS) rejette en bloc ces accusations graves.  Les polémiques liées à la santé publique continuent à faire les choux gras de la presse nationale. La dernière en date est celle des pratiques illégales et antidéontologiques dont est accusé le Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Rabat. L'affaire a éclaté lorsque des employés dudit Centre, affiliés aux trois centrales syndicales (UMT, CDT et FDT) ont dénoncé les dysfonctionnements opérés par leur organisme. Des accusations graves qui remettent en cause le processus de transfusion sanguine sur lequel reposent des millions de vies. Pour faire entendre leur voix et informer l'opinion publique sur ces différents dysfonctionnements, les syndicats ont organisé deux sit-in devant le ministère de la Santé et envoyé des communiqués de presse faisant état de plusieurs dérapages. Pourtant, contacté par nos soins, le directeur du Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTS) Mohamed Benajiba, qui chapeaute la Stratégie nationale de transfusion sanguine, n'a pas hésité à renier toutes les accusations objet du communiqué N° 8 (voir fac-similé).  Les points d'achoppement Le communiqué, dont une copie nous est parvenue, relève des dysfonctionnements très graves que le directeur du CNTS rejette en bloc. Parmi les points relevés figure, entre autres, l'amplification du nombre des donneurs de sang (DDS) par des méthodes pas toujours légales, notamment en obligeant les familles des malades à faire don de sang. Pire, la collecte se ferait auprès des mineurs dans les établissements scolaires, sans l'autorisation de leurs parents, ou auprès des éléments des Forces Auxiliaires stagiaires pour compléter leur dossier de recrutement ou encore en organisant des campagnes de don au niveau des mosquées, en dehors du cadre réglementaire... Mais les statistiques du ministère disent autre chose, puisque le nombre total des DDS en 2014 a atteint seulement 60.009 dons répartis comme suit : 856 dons de compensation (familles des malades), 70 dons de mineurs (avec autorisation parentale), 1.800 dons de la police, 1.150 dons des Forces Auxiliaires, 8.997 dons collectés au niveau des mosquées, mais avec autorisation de la tutelle... Autre infraction, et non des moindres, dénoncée dans le communiqué N°8 : la décongélation de 17.000 unités de plasma frais entre le 18 et le 20 novembre 2013 qui ont été recongelées et transmises le 25 novembre 2013, à un laboratoire français pour extraire l'albumine (protéine la plus représentée dans le sang) pafin de la vendre par la suite aux patients. «Cet incident est dû à une panne du congélateur survenue le 18 novembre 2013 et qui a été réparée dans les 24 heures. Cependant, et après contrôle et analyse des différents échantillons, il s'est avéré que les poches de plasma n'ont pas été endommagées», précise Mohamed Benajiba à ce propos. Ces poches ont été envoyées par la suite au laboratoire français de biotechnologie fractionnelle pour extraire l'albumine. «Je ne pense pas qu'un laboratoire contrôlé par l'Agence nationale française de sécurité du médicament (ANSM) puisse accepter de traiter des poches de plasma endommagées», tient à souligner le directeur du CNTS. Ce dernier a rejeté toutes les accusations, défiant toute personne à prouver le contraire. Pour en savoir plus, nous avons essayé de joindre, à plusieurs reprises, les représentants des syndicats auteurs dudit communiqué, mais en vain. A noter enfin que la Confédération démocratique du travail (CDT), qui était partie prenante des mouvements de protestations depuis le début, a fini par se retirer le 18 février 2015. Dans un communiqué, elle a même rejeté l'ensemble des accusations mentionnées dans le communiqué N°8, qu'elle avait préalablement élaboré en collaboration avec les deux autres syndicats (UMT et FDT). Aujourd'hui, la balle est chez le ministère de la Santé qui devra décider de la suite à donner à ce dossier pour faire toute la lumière sur cette étrange affaire.  Historique des faits Le feuilleton du bras de fer qui oppose les 3 syndicats et le CRTS de Rabat a commencé le 1er octobre 2014 lorsque les bureaux syndicaux ont formulé une demande d'audience pour discuter des indemnités et du cahier revendicatif. Deux décisions ont été prises à l'issue de la première rencontre, tenue le 16 octobre 2014, dont la constitution d'une commission formée par les membres des syndicats, des représentants du CNTS et du CRTS de Rabat dans l'objectif d'analyser la procédure de distribution des indemnités de déplacement pour les fonctionnaires du Centre. Cependant, et malgré la volonté des responsables à maintenir la porte des négociations ouverte, les bureaux syndicaux ont fait marche arrière et ont refusé dés lors toute forme de dialogue.  «Contrairement aux rumeurs, nous n'avons jamais fermé la porte du dialogue. Bien au contraire, nous avons été les premiers à appeler les différentes parties à prendre part aux réunions organisées par le CNTS en date du 1er avril 2014 pour l'institutionnalisation d'un dialogue social entre le ministère de la Santé et les syndicats du personnel du ministère», précise Mohamed Benajiba. Â