Les chefs de la diplomatie des deux pays affirment que la page de la crise est bel et bien tournée. La nouvelle dynamique de coopération donne lieu à un calendrier bien chargé pour rattraper le retard cumulé. La reprise sera couronnée par la 12ème rencontre de haut niveau maroco-française prévue fin mai ou début juin à Paris.   On le savait déjà ! L'entretien qui s'est tenu le 9 février à l'Elysée entre SM le Roi Mohammed VI et le Président français, François Hollande, annonçait la fin d'une des crises les plus longues entre les deux pays. La visite de travail effectuée les 9 et 10 mars par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, dans le Royaume, vient sceller cette reprise des relations bilatérales. Après avoir été reçu par SM le Roi puis s'être entretenu avec son homologue marocain, Salaheddine Mezouar, il était temps pour L. Fabius de faire le point sur la situation... devant les médias. La conférence organisée au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a été l'occasion pour les deux chefs de la diplomatie de revenir sur les points abordés et qui seront d'ailleurs à l'ordre du jour de la rencontre de haut niveau entre les deux pays prévue fin mai ou début juin à Paris. Commentant l'issue de la crise, Salaheddine Mezouar a évoqué une solution trouvée la plus judicieuse et la plus juste pour les deux parties. Pour L. Fabius, trois mots clés sont à retenir : relance, renforcement et renouvellement. La relance après la crise qui sera marquée par la visite au Maroc de Manuel Valls le 10 avril et Michel Sapin le 12 avril, respectivement Premier ministre et ministre des Finances. Des visites qui seront rehaussées par la tenue de la rencontre de haut niveau. Le renfoncement des liens étroits, notamment pour faire face aux défis qui se posent aux deux pays, et le volet sécuritaire et de lutte contre le terrorisme semblent occuper une place de choix dans ce sens, bien que les deux parties semblent vouloir explorer de nouvelles pistes de coopération, notamment sur des sujets comme la jeunesse ou l'entrepreneuriat ou encore sur le plan culturel et éducatif. Enfin, le renouvellement, pour marquer de nouveaux domaines de coopération à examiner, notamment triangulaire vers l'Afrique ou encore le climat. Dans ce sens, Fabius a annoncé qu'après le Pérou en 2014, Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, ce sera autour du Maroc d'accueillir en 2016 la COP22 (Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Il a même proposé à la partie marocaine de préparer ensemble cet événement de taille. À l'issue d'une conférence de presse qui n'aura duré que quelques minutes seulement, les deux ministres sont repartis bras dessus bras dessous, comme au bon vieux temps ! Il faut souligner que cette visite a donné lieu à une déclaration conjointe qui réitère notamment le soutien français aux efforts déployés dans le cadre des Nations unies pour parvenir à un règlement politique de la question du Sahara. De même que la France a réitéré son engagement en faveur d'une mise en oeuvre optimale du Statut avancé du Maroc auprès de l'Union européenne. Les deux ministres ont également plaidé pour une nouvelle Politique européenne de voisinage (PEV) dont les principes, la portée et les instruments doivent être renforcés dans le cadre d'une vision stratégique ambitieuse.   Trois questions à Jawad Kerdoudi, président de l'Institut marocain des relations internationales Les liens historiques et les intérêts entre les deux pays finissent toujours par prendre le dessus  Finances News Hebdo : Après l'entretien à Paris entre les Chefs d'Etat marocain et français, la rencontre entre les deux ministres marocain et français de l'Intérieur et la récente visite de travail au Maroc du ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, peut-on dire que la page de la crise est bien tournée ? Jawad Kerdoudi :  La page est complètement tournée, puisque comme vous l'avez dit, il y a eu une rencontre le 9 février à Paris entre les deux chefs d'Etat, SM le Roi Mohammed VI et François Hollande, puis la visite de Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur français à son homologue marocain, et enfin la visite de travail effectuée par Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, les 9 et 10 mars au Maroc. Je pense effectivement que l'incident est clos et que les relations entre le Maroc et la France vont redevenir comme elles l'étaient auparavant et peut-être même s'améliorer. Puisqu'après chaque malentendu, chaque partie essaye de faire de son mieux. Donc, je pense que aussi bien le Maroc que la France vont essayer de coopérer dans tous les domaines économique, social et surtout sécuritaire. La France attend en effet du Royaume une coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme aussi bien dans le Sahel qu'en Europe. Aussi, la coopération reprendra à tous les niveaux de façon intense.  F.N.H. : A votre avis, quels sont les principaux enseignements à tirer de cette longue crise ? J. K. : A mon sens, il faut garder à l'esprit qu'il y a toujours des malentendus qui peuvent surgir entre amis, et même au sein d'une même famille. Personnellement, je crois que le caractère historique des relations bilatérales maroco-françaises, conjugué aux intérêts très forts des deux côtés, notamment la présence de près de mille entreprises françaises sur le sol marocain avec tous les investissements inhérents, et celle d'une importante communauté marocaine sur le sol français pourvoyeuse d'une grande partie des transferts MRE aussi, font que rien ne peut entamer la qualité de ces relations. Et même quand il y a des changements politiques, les intérêts d'Etat à Etat restent très forts et prennent le dessus.  F.N.H. : Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, vient d'annoncer la tenue de la rencontre de haut niveau entre le Maroc et la France fin mai ou début juin. Quelles sont les priorités qui devraient figurer à l'ordre du jour de cette rencontre ?  I. D. : Je pense que tous les points que j'ai cités seront discutés avec une priorité au sécuritaire. En effet, pendant un an, il n'y avait plus de coopération dans ce domaine, ce qui a causé un grand retard à rattraper. A mon avis, c'est le premier volet à discuter, mais les autres volets de la coopération sont tout aussi importants.   Page réalisée par S. E. & I. B. Â