Le projet de Loi de Finances 2015 semble soumis au dogme de la réduction de la dette publique. Pour y parvenir, des mesures seront parachevées et d'autres seront enclenchées. Mais les chiffres, tels qu'ils se présentent au premier semestre 2014, augurent d'un renchérissement des charges de l'endettement public. Depuis l'éclatement de la crise financière de 2007 et qui s'est traduite au fil des ans par une montée en croissance des niveaux des dettes publiques chez un bon nombre de pays, la vigilance et la rigueur sont de mise. Des politiques d'austérité ont été mises en oeuvre de part et d'autre et des mesures impopulaires ont été appliquées. Les chefs de gouvernement s'arc-boutent contre la hausse des dépenses publiques, parfois même au détriment de la croissance pour stopper l'hémorragie. Au Maroc, chaque fois que l'occasion se présente, les propos rassurants du Chef de gouvernement laissent entrevoir une maîtrise de la dette publique. Mais à la lecture des chiffres projetés dans le projet de Loi de Finances 2015, la situation connaîtrait une forte croissance. A en croire les analystes de l'observatoire de conjoncture, le stock de la dette publique, toutes composantes confondues, aura pratiquement doublé en l'espace de six ans et demi (2008-2014(S1)). Aussi, l'analyse de l'encours lui-même sur une période couvrant seize années (1998-2014 (S1)), permet-elle de relever que le stock global de la dette totale est passé de quelque 310 Mds DH (81% du PIB) en 1998, à un peu plus de 659 Mds de DH. Pour mieux placer les faits dans leur contexte, deux sous périodes sont à distinguer : la première décennie (1998-2007) a été marquée par un trend baissier de l'endettement public (63% du PIB en 2007, contre 81% en 1998). Cette baisse résulte, entre autres, de la conversion de la dette extérieure en investissements. La période (2008-2014) a coïncidé avec le déclenchement de la crise mondiale et «le printemps arabe». Durant cette période, l'Etat a été contraint de mettre en place des politiques à même de soutenir la consommation et l'investissement pour limiter la dégringolade du déficit budgétaire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la dette publique du Trésor a augmenté pour représenter en 2013 environ 64% du PIB, contre 47,3% en 2007 et 66,8% en 1998, dépassant ainsi largement le seuil de référence de 60% du PIB. «A noter par ailleurs que les dépenses au titre des charges de la dette publique ont augmenté de 46% en 2014 et de 19% en 2015 pour atteindre 68 Mds de DH. En 2015, la structure moyenne de ces dépenses échoit pour 39% aux «intérêts et commissions» et pour 61% au remboursement du principal. La dette intérieure accapare 88% des dépenses de remboursement contre seulement 12% pour la dette extérieure» estiment les analystes du CMC. La biennale 2014-2015 se caractérise par un renchérissement notable de l'endettement public et la question de la soutenabilité de la dette publique semble à l'ordre du jour.