Ahmed Hajoub, président Directeur général de la Smaex, revient sur la couverture du risque-crédit des pays touchés par le virus de l'Ebola. Finances News Hebdo : La Smaex s'était engagée à prendre davantage de risques pour mieux accompagner les exportateurs marocains dans leur conquête des marchés africains, caractérisés par des risques élevés. La propagation du virus Ebola met aujourd'hui à l'évidence une certaine fragilité de ce marché. Qu'a prévu la Smaex pour couvrir ce risque sanitaire ? Ahmed Hajoub : Tout d'abord, permettez-moi de vous rappeler que la politique d'ouverture sur l'Afrique menée par notre pays ne vise pas seulement le renforcement des échanges commerciaux et la promotion des investissements, mais elle s'exprime également par des gestes de solidarité et de fraternité très forts, comme en témoigne la décision de la RAM de maintenir ses vols vers les pays africains touchés par le virus d'Ebola, alors que de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers ces destinations ; ou encore la décision des autorités marocaines de maintenir le Forum «Cap Guinée» qui s'est déroulé à Casablanca le 9 septembre dernier. Pour revenir à votre question, je ne sais pas si elle peut être formulée en ces termes, mais si vous m'interrogez sur la position de la Smaex en matière de couverture du risque-crédit sur certains pays frères et amis touchés par le virus d'Ebola, je dirais qu'à l'instar des autorités de notre pays, nous n'avons absolument rien changé dans nos méthodes d'appréciation du risque sur ces pays et, par conséquent, nous continuons à accorder nos garanties sur ces destinations dans les mêmes conditions qu'avant l'apparition de l'épidémie et indépendamment de ce que vous appelez le risque sanitaire. En outre, je vous confirme qu'à l'avenir, notre société n'envisage aucun changement dans sa politique d'évaluation des risques et d'octroi de garantie sur les acheteurs relevant des pays où se propage le virus en question. Ainsi, et dès lors que nous ne considérons pas le virus Ebola comme une menace potentielle sur la viabilité financière des entreprises de ces pays, la question du risque sanitaire n'a pas lieu d'être posée, en tout cas pas à la Smaex. A cet égard, rappelez-vous des crises sanitaires que le monde a connues ces dernières décennies, le Sida avec ses 25 millions de morts, la grippe H1N1, la vache folle, plus récemment le coronavirus .... et ce n'est pas pour autant que la Smaex a introduit une dimension sanitaire dans ses modèles d'évaluation des risques et d'octroi de garanties. F.N.H. : Le taux de prime a-t-il augmenté pour les exportations destinées aux pays affectés, notamment la Guinée, le Liberia et la Sierra Lèone ? A. H. : S'agissant de la tarification, pour les raisons que je viens d'évoquer, aucune augmentation des taux de primes n'a été opérée au niveau de la garantie du risque commercial sur l'Afrique en général ; bien au contraire, nous sommes plutôt dans une logique de baisse. Quant à la couverture des risques politique, catastrophique et de non transfert, je vous rappelle que les autorités publiques ont déjà procédé l'année dernière à une réduction des taux de primes de 66% sur l'acheteur privé et de 83 % sur l'acheteur public et actuellement le niveau de ces taux se situe dans une fourchette presque symbolique.