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Echanges commerciaux : Le spectre d'Ebola
Publié dans Finances news le 02 - 10 - 2014

Aussi bien l'Asmex que la Smaex assurent que le virus de l'Ebola n'impacte pas les échanges commerciaux du Maroc avec les pays touchés. Cet optimisme va à l'encontre des prévisions de la Banque mondiale (BM) qui estime que l'impact économique de l'Ebola pourrait être catastrophique dans les trois pays épicentre de l'épidémie. A l'évidence, le virus peut être une réelle opportunité pour les entreprises marocaines notamment dans les secteurs de la santé, du BTP, de l'assainissement de l'eau ainsi que de l'électrification rurale.
Alors que l'Afrique s'apprêtait à entrer de plein pied dans l'éco-nomie mondiale, un virus destructeur vient freiner son élan. Il y a à peine quelques mois, tous les projecteurs étaient rivés sur ce continent devenu l'une des réponses à la crise financière et économique qui secoue le XXIème siècle. Les économistes, trop opti-mistes peut-être, prévoyaient que l'Afrique de l'Ouest allait être la région la plus dynamique du continent en 2014 avec une croissance entre 6 et 7%. Or, depuis 9 mois, la propagation de l'épidémie causée par le virus Ebola en a voulu autre-ment. L'enthousiasme, tant affiché, a rapidement laissé place à l'inquiétude et à l'angoisse. En effet, le virus ne menace pas uniquement la santé et la sécu-rité internationale, comme il a été signalé récemment par le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mais aussi l'éco-nomie des pays touchés. Dans son discours à l'ONU, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a souligné que ce virus risque non seu-lement de tuer des centaines de milliers de personnes mais également de déstabiliser des économies. Alors une question s'impose : quel sera l'impact sur le commerce international ? La réponse émane de la Banque mondiale (BM) qui a estimé que l'impact économique de l'Ebola pourrait être catastrophique dans les trois pays épicentre de l'épidémie à savoir la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Il est logique aussi de s'inter-roger sur les retombées de ce marasme sur l'économie maro-caine et sur les échanges com-merciaux avec les pays touchés par le virus. Rappelons que depuis quelques années, le Maroc oeuvre inlas-sablement à renforcer sa coo-pération économique avec l'Afrique de l'Ouest, et ce afin d'augmenter le volume de ses exportations, et de redresser le déficit de sa balance com-merciale notamment dans un contexte marqué par une conjoncture économique et financière morose de ses prin-cipaux partenaires. Un volume des échanges qui reste très modeste soit seulement 6,4% du volume global des échanges commerciaux du Royaume.
L'Ebola, menace sanitaire et écono-mique
Interrogée par nos soins sur les conséquences du virus sur nos échanges, l'Association maro-caine des exportateurs (ASMEX) assure qu'il n'y a aucun impact du virus sur les exportations du Maroc vers les pays touchés ou sur l'activité des exportateurs en général. «Au contraire, le Maroc a continué à desser-vir ces marchés à la même cadence, d'autant plus que les transporteurs n'ont pas sus-pendu leur service. Mieux, pour le cas de la RAM par exemple, le fret vers les marchés afri-cains a été renforcé par quatre nouvelles destinations», précise Hassan Sentissi, président de l'Asmex. Même optimisme affiché par la Société marocaine d'assu-rance à l'exportation (SMAEX) qui n'envisage aucun change-ment dans sa politique d'éva-luation des risques et d'octroi de garantie sur les acheteurs relevant des pays où se pro-page le virus en question (voir entretien). Difficile néanmoins de partager cet optimisme au moment où la communauté internationale tire la sonnette d'alarme sur les retombées du virus. Un impact chiffré par la Banque mondiale à 800 millions de dollars en 2015 pourrait mener deux éco-nomies des pays touchés en récession. Hicham El Aadnani, Consultant en intelligence d'affaires et stratégie d'influence, Directeur associé Accentis Group, estime que l'impact sur les échanges commerciaux du Maroc est évident. «Effectivement, le virus de l'Ebola aura certai-nement des répercussions sur les échanges commerciaux du Maroc notamment avec la Guinée qui est un de nos principaux partenaires écono-miques en Afrique de l'Ouest. Mais il est encore trop tôt pour pouvoir mesurer l'impact sur nos échanges commerciaux car tout dépendra du résul-tat des mesures prises par la Communauté internationale», précise-t-il. En effet, il faudra patienter encore pour pouvoir mesurer les répercussions du virus sur nos échanges com-merciaux et donc sur la balance commerciale.
Peut-on toujours par-ler d'opportunité ?
Pour les fondements améri-cains, crise rime avec opportu-nité. Est-ce le cas face au virus Ebola qui menace de terrasser les effets de cette région du continent ? Du point de vue de Hicham El Aadnani, oui. Le virus peut également être une opportu-nité même s'il constitue une menace pour nos exportations et qu'à court terme, le volume de nos échanges commerciaux avec l'Afrique de l'Ouest risque-raient de fluctuer légèrement. En effet, l'impraticabilité des routes et le faible taux d'électri-fication qui favorisent la propa-gation du virus sont de réelles opportunités pour les entre-prises marocaines notamment dans les secteurs de la santé, de la fourniture de matériel, du BTP, de l'assainissement de l'eau ainsi que de l'électrifica-tion rurale. «Le Maroc a dans ce dernier secteur développé une vraie expertise dépassant les entre-prises européennes. Aux entre-prises marocaines donc, de travailler en consortium et de ne pas partir à «la bataille» en ordre dispersé. Qu'elles se fassent conseiller pour mesurer les risques encourus, tels sont, entre autres, les ingrédients d'une réussite programmée», souligne Hicham El Aadnani. Et d'ajouter que les bailleurs de fonds internationaux à l'ins-tar de la BAD et la Banque mondiale, se sont engagés à débloquer des fonds importants aux opérations de secours mais surtout à la mise en place de projets à moyen et long terme. A titre d'exemple, la Banque mondiale va doubler son aide aux pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus, pour atteindre 400 millions de dol-lars.


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