Le Royaume importe pour l'heure près de 30% de ses besoins en dattes. Toutefois, avec le train de mesures prises dans le cadre d'un contrat-programme depuis 2010, le pays pourrait non seulement atteindre l'autosuffisance, mais aussi intégrer le top mondial des exportateurs de dattes à l'horizon 2025 Vraisemblablement, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime ne lésine pas sur les moyens pour doper la production des différentes filières afin d'atteindre non seulement l'autosuffisance alimentaire mais aussi pour donner un coup de fouet à la dynamique exportatrice du pays, seul moyen efficace pour reconstituer le matelas des réserves de change. En tout état de cause, ce constat est nettement perceptible dans la dernière note du département de l'Agriculture portant sur les directives stratégiques de la filière phoénicicole. Faudrait-il d'emblée rappeler que la production de dattes grâce à l'effet de levier du Plan Maroc Vert, a atteint 108.000 tonnes en 2013, soit une progression de 15% par rapport à l'année 2010, date du début du contrat-programme. L'autre élément non moins important que dévoile la dernière note du département de l'Agriculture sur la filière, est que le Maroc importe près de 30% de ses besoins en dattes et s'approvisionne en vitroplants à l'étranger. Fort de ce constat, l'objectif du contrat-programme à l'horizon 2020 est de renforcer la production locale pour assurer l'autosuffisance surtout lors du mois sacré. Cela dit, à en croire le département de l'Agriculture, l'une des clefs de l'émergence du secteur est le renforcement et l'amélioration de la valorisation dont notamment l'entreposage frigorifique. L'objectif de la feuille de route à l'horizon 2020 est d'atteindre le seuil de 160.000 tonnes. Toutefois, atteindre cet objectif suppose, d'après le ministère de tutelle, non seulement de reconstituer la réhabilitation des palmeraies existantes mais aussi d'élargir la plantation à l'extérieur des palmeraies sur une superficie d'environ 17.000 ha. Pour avoir un ordre de grandeur, il convient de rappeler que les exportations mondiales de dattes sont d'environ 700.000 tonnes. En 2012, l'Irak dominait le top mondial des plus grands exportateurs de dattes que le Royaume compte intégrer à terme. Structure du marché mondial de la datte Le Maroc qui s'emploie par le biais du contrat-programme à redorer le blason de la filière entend prendre sa part dans le juteux marché mondial de dattes, notamment celui de la variété noble du type «Mejhoul», très prisé à l'international. Par ailleurs, il est utile de rappeler que le marché mondial à l'importation du Mejhoul qui pèse 35.000 tonnes, reste dominé par Israël. Toutefois, les prévisions mentionnent que la production marocaine de cette variété de dattes sera marginale en 2020 et que le potentiel exportateur de celle-ci est attendu à l'horizon 2025. Outre le marché du Mejhoul, subsiste au niveau mondial celui de la variété Deglet Nour dominée par la Tunisie et l'Algérie et celui des variétés communes approvisionnées par l'Irak, le Pakistan, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l'Iran. Cela dit, l'étude du ministère de tutelle exhorte le Maroc à se spécialiser dans la variété du Mejhoul, d'autant plus qu'elle suscite une forte demande sur les marchés français et allemand. Cette injonction du ministère de tutelle est légitimée quelque part par le fait que le prix du Mejhoul à l'état conditionné oscille entre 60 et 100 dirhams le kilo sur le marché intérieur. Pour leur part, les USA, grands producteurs de cette variété noble, appliquent un prix encore plus attractif sur les marchés internationaux (100 dirhams le kilo). Sachant que son cours peut flamber pour atteindre 180 dirhams pour la catégorie extra. Des facteurs de vulnérabilité à résorber A l'évidence, s'attaquer aux marchés internationaux de dattes suppose préalablement de pallier les obstacles de taille qui se dressent sur le chemin de l'émergence de la filière au Maroc. En effet, il subsiste pour l'heure une carence de production de vitroplants limitant l'accroissement du nombre de palmiers dattiers. Pour parer à cela, d'après les experts du ministère dirigé par Aziz Akhannouch, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) devra s'atteler à combler le défit en vitroplants sur la période 2017-2019. L'autre lacune à soulever est le mix variétal qui s'avère non adapté aux besoins des investisseurs. Ce qui devrait induire l'INRA à revoir son mix variétal conformément à la demande. A présent, l'inadéquation entre l'offre et la demande sur le profil variétal continue de limiter l'investissement dans le secteur. Ainsi, sur les 509 projets lancés dans le cadre d'extension à l'extérieur des palmeraies, seuls 690 Ha sur 12.000 Ha prévus ont été plantés à temps, soit un taux de réalisation de 6%. Les défis en capacités frigorifiques qui se posent au secteur constituent aussi un handicap de taille pour la commercialisation des dattes. Pour autant, au regard du contrat-programme qui prévoit des subventions, notamment la création d'unités frigorifiques supplémentaires et bien d'autres mesures, il est fort à parier que le Maroc intégrera le peloton des exportateurs de dattes en 2025.