S'appuyant (quelque peu) sur des éléments exceptionnels pour améliorer son bénéfice net semestriel, la Banque du cheval a (surtout) profité d'une bonne tenue de ses indicateurs commerciaux pour assainir son portefeuille. Résultat : un provisionnement élevé, un portefeuille visiblement bien assaini, mais des agrégats financiers qui évoluent favorablement. La progression des indicateurs commerciaux d'une banque (total des actifs, PNB ou encore RNPG) est souvent proportionnelle à sa taille : plus l'établissement est grand, moins les progressions rapides sont évidentes. Si ce constat est souvent vrai, il l'est de moins en moins pour la BCP qui change de profil à vue d'oeil. En effet, l'activité à l'international a donné un coup de jeune à la profitabilité du groupe. Mais il n'y a pas que cela. On l'imagine plus créative, plus ouverte (ou diversifiée), plus «fraîche» et plus ambitieuse à la lecture de ses comptes. Prenons les activités de marché par exemple : une progression semestrielle de 70% sur ce segment où les marges sont souvent très élevées. Traduisons dès lors tout cela en chiffres. Le PNB consolidé enregistre un bond de 15% à 7,5 Mds de dirhams lors du premier semestre. Dans le détail, le résultat des activités de marché a progressé de 70% comme signalé plus haut, alors que la marge sur commissions de 12% et la marge d'intérêts de 6%. Pour la banque, «cette performance est portée particulièrement par une croissance vigoureuse de la valeur ajoutée des activités de banque d'investissement et de retail banking d'une part, et une contribution soutenue du Groupe Banque Atlantique, d'autre part». A noter que les activités à l'international ont vu leurs revenus progresser de 25% par rapport au premier semestre de 2013. En comptes sociaux, le PNB de la BCP s'est inscrit en hausse de 31% à 2,9 Mds de dirhams. Encore une fois, tiré par la bonne performance des activités de Trading. Le coût du risque grimpe de 84% En face, les charges d'exploitation ont été bien maîtrisées, en attestent des charges générales (dont amortissements) en progression de 7,25% seulement contre une progression de 15% du PNB et un coefficient d'exploitation qui s'apprécie naturellement de 324 points de base à 44,6%. Ainsi, le résultat brut d'exploitation s'est bonifié de 22% à 4,1 Mds de dirhams, une progression digne des années fastes du marché. Tout va pour le mieux dans le compte de résultat de la BCP... jusqu'au poste «coût du risque» où l'on remarque que la banque fait payer à l'actionnaire, pour les différents risques liés à l'activité, plus de 1,8 Md de dirhams contre 976 MDH seulement au premier semestre de 2013. La BCP explique également que «conformément à sa politique volontariste de couverture des risques retenue au cours des exercices antérieurs, elle a affecté une provision additionnelle pour risques généraux de 315 MDH, portant son encours à 2,1 Mds de dirhams pour le Groupe». On imagine un bilan plus sain à l'issue de cette manoeuvre. Au final, le coût du risque a eu un impact certain sur le résultat d'exploitation qui a atteint 2,3 Mds de dirhams lors de ce premier semestre contre 2,4 Mds de dirhams à la même période de l'an dernier. Soit une baisse de 4,16%. Une contre-performance qui, au final, n'a pas eu d'incidence sur le résultat du groupe. Car, la quote-part du résultat net des entreprises filiales mises en équivalence ainsi que certains éléments exceptionnels, ou du moins provenant «des gains sur autres actifs», sont bien meilleurs qu'à la même période en 2013. Ainsi, le résultat net part du Groupe de la BCP a enregistré une progression de 12,7% à 1,1 Md de dirhams, suite donc à l'évolution favorable du PNB et à l'amélioration de l'efficacité opérationnelle. Quant au résultat net consolidé, il s'est établi à 1,7 Md de dirhams, en progression de 2% seulement, «en dépit d'un effort soutenu de couverture des risques», commente la banque. Sur une base sociale, le résultat net de la BCP affiche un accroissement de 7,4% à près d'un milliard de DH. La tentation est grande, à la lecture des comptes de résultat de la banque, de conclure que profitant d'une performance opérationnelle digne d'une entreprise en pleine croissance, la banque a saisi l'occasion pour faire un nettoyage de printemps dans ses comptes et afficher une croissance raisonnable du bénéfice net malgré, ne l'oublions pas, un RNPG en progression à deux chiffres. Ce même printemps où l'activité des filiales, aussi bien au Maroc qu'à l'international, a fait carton plein et a facilité «le pilotage» du résultat dans le bon sens. La démarche inverse, celle de sous-estimer les risques pour produire de la profitabilité, aurait été néfaste pour la crédibilité de ce groupe réputé conservateur. Des parts de marché qui se renforcent considérablement Les dépôts de la clientèle ont enregistré une hausse de 5,4% à 221,4 Mds de dirhams. Sur le marché domestique, le Groupe explique «avoir renforcé son statut de premier collecteur de dépôts, avec une part de marché de 26,7% et un portefeuille qui atteint 4,7 millions de clients, suite au recrutement de 416.000 nouvelles relations». Par ailleurs, la BCP préserve son avantage concurrentiel en termes de structure des ressources, avec 64,3% de ressources non rémunérées, en amélioration de 176 points de base, contre 52,6% pour les autres banques. En face, les créances sur la clientèle ont atteint 206,3 Mds de dirhams, en hausse de 3,2%. La distribution additionnelle des crédits à l'économie sur le marché national s'est élevée au premier semestre 2014 à 6,9 Mds de dirhams contre 4,2 Mds de dirhams pour les autres banques de la place. La BCP revendique un gain de parts de marché de 55 points de base à 24,9% sur ce segment.