Procéder à une analyse d'un sujet qui remplit affreusement l'actualité internationale est un véritable exercice douloureux pour l'esprit qui s'hypnotise devant tant d'horreur. Désemparé, cet esprit ne sait plus à quelles sciences du savoir théologique, sociologique ou géostratégique se vouer, ni à quels saints de l'arène internationale faire appel pour comprendre le pourquoi et le comment d'une pensée ou d'un enjeu politico-économique ou d'une recherche de leadership religieux ou d'une quelconque manipulation qui frôlent les limites du complot et qui guident des hommes à la fois conscients de leurs affolements et inconscients de la bêtise humaine qu'ils sont en train de perpétrer en égorgeant d'autres hommes pour la simple raison que ces derniers n'adoptent pas leurs préceptes et leur manière d'interpréter une religion qui est totalement innocente de leur folie meurtrière. Certes, l'émanation de l'Etat islamique en Irak et au Sham (EIIL ou ISIS) n'est pas le fruit du hasard. Elle n'est pas non plus une conséquence fortuite d'un printemps arabe déchu. Mais, elle demeure toutefois le résultat d'une multitude d'enjeux imbriqués et complexes qui s'inscrivent sur plusieurs volets enchevêtrés les uns aux autres. Notamment, les conflits régionaux qui se nourrissent du religieux, de l'identitaire, de l'ethnique, du sectaire ainsi que de l'économique, et qui s'abattent sur le Proche-Orient telle une foudre depuis plusieurs siècles déjà. En outre, de ce marasme continu dans le temps, cette région reste une plateforme assez appétissante pour la concupiscence d'un Occident avide de ses richesses souterraines. Nonobstant les raisons humanitaires, humanistes, «civilisationelles» ou d'instauration de la paix ... avancées par l'Occident «le sauveur» pour justifier ses interventions, ses alliances et mésalliances depuis plus d'un siècle dans cette zone turbulente, ce dernier a son propre agenda qui répond à ses véritables soucis. Ainsi, sous l'emprise britannique ou française hier, ou américaine aujourd'hui, il a ouvert la boite de Pandore et entériné le bal des convoitises d'où il tire les ficelles tel un marionnettiste habile. Il joue à la fois le rôle de l'ami et du protecteur ou de l'ennemi, des uns et des autres, selon ses propres intérêts politico-économiques, géostratégiques et surtout de gardien du temple fragile de sa filleule implantée sans droit, Israël. Un détour entre les pages de l'histoire récente et fratricide de cette région démontre l'ampleur de la portée du jeu machiavélique avec lequel le faiseur des statuettes confronte les uns aux autres et les fracassent mutuellement. La première guerre du Proche-Orient a opposé durant huit longues années, l'Irak sunnite de Saddam Hussein conquis à la cause de l'Occident à l'Iran chiite de Khomeiny, ennemi de ce dernier, alors que ce pays était son protégé sous le régime du Shah. Les deuxième et troisième guerres du Proche-Orient ont été dirigées cette fois ci contre l'ami d'hier, à savoir Saddam le sunnite. Les conséquences désastreuses de ces interventions doivent être comptabilisées sur le compte des crimes contre l'humanité. Car, d'une part elles ont provoqué implicitement et explicitement la dislocation totale de l'Irak, croissant fertile de l'humanité, en favorisant cette fois-ci l'arrivée des chiites aux rênes du pouvoir, et en incitant et aidant les séparatistes kurdes dans leur déchainement contre l'Etat central. D'autre part, quelle aubaine offerte sur un plateau désertique assoiffé de sang aux terroristes et extrémistes pour se reconstituer sur les doctrines des Kharijites et autres sectes fondamentalistes abhorrées par la raison et par le docte musulman tolérant pour s'épanouir dans une zone dévastée par le chaos. La résurrection de la maudite «Fitna» qui appelle la haine, la vengeance, l'intolérance et l'interprétation frauduleuse de la religion pour imposer la terreur par des ignares et régner en maîtres sur une région qui aspire à se reconstruire sur les bases solides de la démocratie, de la justice sociale et d'une réelle jouissance des richesses matérielles de son sous-sol et immatérielles à travers son histoire plusieurs fois millénaire et porteuse du berceau de la civilisation humaine dans ses entrailles. Il est vrai que le printemps arabe ne fut qu'une chimère qui a effleuré la région et les esprits de ses enfants rêveurs d'un monde meilleur. Il demeure toutefois dans sa version syrienne un fief pour l'expansion de ce cauchemar que sont ces mouvements terroristes qui ont trouvé un terrain favorable agrémenté de tous les ingrédients internes et externes pour détruire à jamais le monde musulman dont ils se réclament, pour réaliser peut-être un ancien rêve, un autre printemps, pas le leur ! Mais celui des croisés d'il y a mille ans !!