Inutile de répéter ce qui abonde sur la toile depuis vendredi dernier, date tristement célèbre de l'effondrement de trois immeubles au quartier Bourgogne, faisant 24 morts et une cinquantaine de blessés à l'heure où nous mettions sous presse. Une chose est néanmoins importante à souligner : c'est trop ! Les Marocains se sentent blessés dans leur amour-propre, celui de citoyens à part entière en droit de jouir de la protection de l'Etat. Celui-là même qui est demeuré impuissant face à la détresse de ses concitoyens. Il s'agit, rappelons-le encore, de l'effondrement de trois immeubles, ce n'est ni une catastrophe naturelle, ni des actes de violence perpétrés par des hommes. Toute émotion gardée, ce drame qui a eu lieu au quartier Bourgogne et dont les tristes acteurs sont des citoyens marocains comme vous et moi, a mis à nu la faiblesse des moyens de l'Etat, du moins en matière de secours et de protection civile. La notion même de l'Etat en tant que force publique a pris un sérieux coup ! Il suffit de lire les réactions des Marocains sur les réseaux sociaux pour se rendre compte qu'ils en ont marre de ce type de bavures et ils ne se privent pas de hurler leur ras-le-bol sur le net... face à une classe politique toute aussi inerte que les appareils de l'Etat. Et il y a de quoi ! Quel est cet Etat qui n'a pas les moyens techniques et logistiques pour extirper vivantes les victimes blessées de l'effondrement de trois immeubles ? Ne sommes-nous pas cette nation des chantiers pharaoniques ? Quel est cet Etat qui permet à un immeuble R+1 de devenir un R+5 sans renforcer les fondations et quel est cet Etat qui encourage l'anarchie ? Si la corruption est l'oeuvre du citoyen, c'est bien l'Etat qui l'a proliférée et qui en tire largement profit. Puisque quand bien même il y aurait eu entre nous des citoyens véreux, ils n'auraient pu sévir face à un Etat fort et de droit, et face à des fonctionnaires intègres qui privilégient l'intérêt général à leurs intérêts mesquins et morbides. Et tant que cela ne s'arrêtera pas, préparez vos larmes car d'autres victimes de cette crise de valeurs que nous vivons au Maroc seront encore et toujours à déplorer. Il est temps de tuer l'hydre que nous avons engendré, avant qu'il ne nous dévore !