Le Symposium international de haut niveau tenu il y a dix jours à Alger sur l'Agenda post-2015 pour le développement humain, a mis en relief les avancées du Maroc. L'Initiative nationale de développement humain (INDH) a retenu l'attention des participants à cette rencontre ouverte le lundi 10 juin et à laquelle le Maroc a apporté sa contribution. C'est une initiative convergente, en termes de méthode et d'objectifs, que la délégation du Maroc a présentée et défendue devant les participants venus de tous les horizons et du monde entier. Les représentants de l'INDH, du CESE et de l'ONDH (Observatoire national des Droits de l'Homme) ont conjugué leurs efforts pour exposer les réalisations accomplies en matière de développement humain, mettant en exergue - sans langue de bois - les acquis mais aussi les limites de cette expérience. De toute évidence, le modèle de l'INDH a retenu l'attention des «congressistes», suscitant un vif débat, un échange contradictoire et soutenu sur cette expérience qui, pour avoir commencé en mai 2005, n'a jamais connu d'usure et ne s'est pas engloutie dans la routine ou la bureaucratie. L'INDH célèbre dans quelques mois son Xème anniversaire et les réalisations, quoiqu'en disent quelques mauvaises langues, parlent pour elle. Cependant, au-delà, c'est sa dimension sociale, sociétale, économique voire politique qui lui confère la spécificité qu'on lui doit. Les responsables de l'INDH s'accordent à dire qu'elle constitue «un projet de société novateur». Et Soulaiman El Hajjam, Coordinateur national adjoint qui a représenté le Maroc aux travaux du Symposium d'Alger, a réaffirmé que l'INDH est «un projet démocratique et inclusif destiné à lutter contre la pauvreté, l'exclusion sociale et la précarité» ! Dans son discours fondateur, prononcé le 18 mai 2005 pour lancer l'INDH, Sa Majesté le Roi a tenu à tracer la feuille de route d'un projet participatif qui prenait une dimension révolutionnaire, tant il secouait les dogmes sur le développement social, et prenait de court les experts en la matière, qui venant de l'ONU, qui de la Banque mondiale ou d'autres organismes internationaux en vogue. L'INDH procédait d'une volonté politique, celle du Souverain notamment, et s'est adaptée aux exigences de rupture – avec les philosophies de développement traditionnelles - et aux attentes des populations. «Lutter contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale», tel était le mot-clé du discours royal du 18 mai 2005. Une ambition collective qui a connu, par la suite, une évolution ascendante en termes de financement, de projets, d'intervention et d'élargissement du périmètre d'action. Au coeur de cette ambition qui mobilise les composantes du Maroc, il y a l'Homme comme ressource, la valorisation de son statut et sa dignité, la volonté de le hisser au rang de citoyen qui jouit de ses pleins droits, notamment économiques. D'où la nécessité d'organiser autour de lui et pour lui une nouvelle gouvernance et de mobiliser les moyens nécessaires à son épanouissement. Depuis sa création il y a neuf ans, l'INDH s'est déclinée en deux phases et une enveloppe budgétaire de près de 18 milliards de dirhams. Le montage financier se traduit comme suit : 9,4 milliards de dirhams en provenance de l'Etat ; 5,6 milliards de dirhams alloués par les Collectivités locales, ensuite 1 milliard de dirhams par les établissements publics et enfin 1 milliard recueilli au titre de la coopération internationale. Le rural prioritaire Au départ, dans le cadre de la première phase de lancement entre 2005 et 2011, ce sont grosso modo quelque 403 communes rurales qui ont été ciblées et 530 quartiers urbains et péri-urbains, obéissant au critère d'agglomérations émergentes de 20.000 habitants et de grandes agglomérations de 100.000 habitants. C'est dans la petite commune rurale de Jerada, dans l'Oriental, que SM le Roi a procédé le 4 juin 2011 au lancement de la 2ème phase du programme de l'INDH. Le choix du lieu n'est pas fortuit, il corroborait le souci du Souverain d'enraciner davantage l'INDH en milieu rural et, désenclavement oblige, de favoriser une région marginalisée des années durant. Outre l'enveloppe budgétaire dépassant aujourd'hui les 24,2 milliards de DH, on a assisté au renforcement du programme d'action ayant ciblé 702 communes rurales et 532 quartiers urbains. Or, la nouveauté est la mise en oeuvre d'un nouveau programme de l'INDH : le programme de mise à niveau territoriale (PMAT), doté d'un budget spécifique dont le montant était fixé dès le départ à 5 milliards de dirhams, déployés au bénéfice de 1 million de citoyens vivant dans 3.300 douars à travers 22 provinces difficiles d'accès, enclavées et dépourvues d'infrastructures et de services de base. Il convient de souligner que depuis son lancement, l'INDH profite à quelque 8 millions de citoyens, de manière directe et indirecte. Son élargissement géographique et humain, sa méthodologie renouvelée, notamment pour le ciblage des populations, la diversification de ses programmes participent d'une irréductible volonté d'en faire l'outil de développement parallèle de l'économie réelle. On enregistre de nos jours pas moins de 35.000 projets mis en oeuvre, auxquels - et c'est l'un des traits majeurs de l'INDH - les populations prennent part et dans lesquels ils s'impliquent par le biais des associations de la société civile ou directement. Les projets, leur financement, leur réalisation sont soumis à l'impératif contrôle et aux audits réguliers, internationaux notamment, du ministère de tutelle, l'Intérieur et l'Inspection générale des finances. Dans son intervention au Symposium d'Alger, le Coordinateur national adjoint s'est fait fort d'affirmer que l'INDH est «un vecteur de transformation sociale, appréciée à travers des réalisations et de changement de comportement, de mentalités et d'attitudes ayant permis aux populations bénéficiaires et à l'ensemble des acteurs territoriaux de participer à l'oeuvre de développement». Des faits et des chiffres Les cinq programmes de l'INDH sont présentés comme suit : Lutte contre la pauvreté en milieu rural ; lutte contre l'exclusion sociale en milieu urbain, lutte contre la précarité, programme d'accompagnement transversal , mise à niveau territoriale. 8 millions de citoyens bénéficiaires, 6.400 activités génératrices de revenus (AGR) pour un investissement de 24,2 milliards de dirhams et le recul de la pauvreté à hauteur de 14% au niveau des communes rurales sont autant d'actions programmées.