Après presque un semestre de hausse, rapide par moment, le marché boursier s'est arrêté net, sans toutefois baisser. Les investisseurs ont découvert le pot-aux-roses : les résultats annuels ne répondent pas aux attentes. La masse bénéficiaire a baissé de 6%, le chiffre d'affaires global est resté stable et l'exploitation ne génère que peu de valeur ajoutée. Un seul élément de consolation : les rendements sont intéressants et meilleurs que l'an dernier. De quoi éviter une chute brutale avant l'été. Paradoxalement, les analystes de tous horizons maintiennent une opinion positive sur la suite des évènements. Il y a en Bourse de ces moments fluides où le marché est serein et convaincu. A la hausse ou à la baisse, les mouvements y sont rapides car soutenus par des convictions partagées. Mais il existe aussi ces moments que les investisseurs redoutent, où les analystes s'expriment peu et où la presse oublie la Bourse. Plusieurs éléments portent à croire que nous entrons dans cette phase, car les opérateurs viennent de prendre une petite douche froide. Petite, mais froide tout de même. Il faut dire qu'on s'attendait à ce que 2013, année de transition certes, soit une bien meilleure année que 2012 ou 2011, où les résultats des entreprises étaient bien bas par rapport à leur historique. C'était le consensus fin 2013. Le marché avait une structure plutôt acheteuse et les vendeurs étaient peu présents, ou du moins discrets. De plus, élément toujours d'actualité, les fondamentaux de l'économie semblaient se redresser fin 2013, montrant que l'année en cours réserverait de bons chiffres économiques aux opérateurs. C'est toujours le cas pour plusieurs secteurs et de l'avis des professionnels du marché, cette donne risque de prendre le dessus sur les résultats des entreprises. Ainsi, le marché devrait continuer à être soutenu par les perspectives économiques du pays. Mais revenons un instant sur les résultats des entreprises. Ces dernières ont affiché un chiffre d'affaires global en hausse de 1,2%, selon les calculs de Crédit du Maroc Capital (CDMC). C'est principalement Maroc Telecom, dont le chiffre d'affaires a baissé de 4,3% et Samir (-10,6%), qui ont pesé sur le chiffre global. Par ailleurs, les secteurs liés à l'industrie, les banques, l'agroalimentaire et l'immobilier ont tiré les revenus de l'ensemble vers le haut. Dérapage sur les coûts d'exploitation Si les revenus se sont globalement stabilisés, les coûts d'exploitation ont explosé, tirés principalement par les provisions d'exploitation des sociétés financières (jusqu'à +40%). Certaines banques ont même enregistré des baisses à deux chiffres de leurs résultats d'exploitation. La même volatilité s'observe sur les sociétés de financement. Paradoxalement, les sociétés industrielles ont vu leurs charges flamber, ce qui a laminé leurs efforts de vente. Baisse de la masse bénéficiaire de 6,3% Toujours selon les calculs des analystes de CDMC, la masse bénéficiaire a baissé de 6,3% cette année. Maroc Telecom y est le principal contributeur, suivie de près par Attijariwafa bank et le groupe Addoha. Samir aussi a bien creusé ses pertes avec un déficit net supérieur à 300 MDH contre une perte légèrement au-dessus de 100 MDH l'an dernier. Mais, au final, les managers des sociétés ont décidé d'être plus généreux avec leurs actionnaires pour limiter la casse et compenser l'attente qui n'a que trop durer. Les rendements dividendes ont ainsi augmenté de presque 10,5% cette année. Ce chiffre englobe les rendements des entreprises qui distribuent historiquement des dividendes, celles qui ont décidé de faire de l'exceptionnel et celles encore qui envoient clairement des signaux de redressement au marché, comme ce fut le cas de Sonasid qui distribue des dividendes cette année. Le marché sanctionnera-t-il ces réalisations ? Nous avons posé la question à un analyste fondamental, Farid Mezouar, un observateur averti du marché boursier. Pour lui, le marché ne devrait pas trop réagir à ces annonces et les fondamentaux économiques l'emporteront sur ces contreperformances. Pour lui, il n'y a même pas lieu de parler de contre-performance. Pour sa part, Aziz Zejli, gérant du cabinet d'analyse technique Day By Day Mena, pense également que le marché est en phase de retournement. La psychologique sous-jacente au marché serait plutôt haussière. Ainsi, l'arrêt qui s'est emparé du marché après la publication des résultats ne serait donc que de courte durée avant que la hausse entamée en début d'année ne reprenne ses droits. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.