Baisse des valorisations, effets d'arbitrages favorables, reprises des résultats d'exploitation ou exposition à des marchés en croissance sont autant d'éléments qui peuvent être évoqués pour parier sur une hausse du marché en 2014. L'analyse technique est, pour sa part, encore prudente sur un avenir propice du marché actions. Certains éléments doivent encore être validés dans ce sens. Commençons par les niveaux de valorisations. Les petites et moyennes capitalisations sont en tendances baissières depuis cinq ans. Parallèlement, certaines arrivent à stabiliser leurs capacités bénéficiaires, voire même à maintenir une distribution de dividendes plus ou moins stables, mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Conséquence : les valorisations deviennent raisonnables, voire attractives. Prenons quelques exemples : Sonasid affiche un P/E de 8 contre plus de 35 il y a quelques années, alors que son rendement dividendes au cours de fin 2013 s'est établi à 8,9% selon les estimations des analystes. Auto Hall a un P/E de 13 pour un rendement de 6,3% soit un couple optimal de valorisation par rapport à l'historique de l'action. SMI, filiale rentable de Managem, a un P/E d'à peine 4,8 pour un rendement de 4,6%, avec en bonus une quasi-certitude du maintien d'un taux de distribution de dividendes élevé, car le management ne peut pas prendre le risque de le réduire drastiquement sous peine de perdre un actionnariat des plus fidèles de la cote. Enfin, rappelons que le titre le plus liquide de la place, Maroc Telecom, affiche un P/E de 12 après la baisse de 2012 et 2013 pour un rendement dividendes de 8%. Alliant liquidité et rendement, ce titre devient l'un des plus attractifs de la Bourse de Casablanca. Une attractivité qui devient proportionnelle à la montée en puissance des filiales africaines dans la composition des bénéfices. Effets d'arbitrages favorables Ces valorisations rendent la Bourse de Casablanca plus attractive que beaucoup d'autres places financières de la région Mena. Pour les rares gérants internationaux qui sont agressifs sur les thématiques «émergents» ou «Afrique», le Maroc devient une place de choix car le marché a été sanctionné de quelque 2.500 points en 2011 à l'occasion du printemps arabe pour un risque politique qui ne s'est pas réalisé. Les étrangers avaient donc sur-pricé le risque politique à l'époque, et depuis, le Maroc n'a cessé d'envoyer des signaux de stabilité à l'international. Sur le marché obligataire, ce Pricing a été corrigé au vu des prix des sorties obligataires du Royaume. Mais sur le marché actions, ce n'est pas encore le cas. Il faut dire que le déclassement du marché du MSCI emerging market ne facilitera pas les choses, mais de l'avis des analystes, les fonds relatifs au MSCI frontier market devraient être implémentés progressivement l'an prochain. Mais ce n'est pas tout, même les gérants de fonds nationaux sont sous-investis en actions et ne disposent plus de marge de manœuvre pour réduire encore la taille de leurs positions. A ce sujet, Farid Mezouar, observateur et co-fondateur du site financier Flm.ma, déclare, concernant le marché actions, qu'«une reprise durable est possible vu la situation potentielle d'allocation en actions de la majorité des gérants d'actifs. Ceux-ci sont en effet probablement plus proches de la fourchette basse de leur allocation en actions, ce qui donne un potentiel relativement important aux mouvements d'achats». Des résultats 2013 attendus en hausse Les marchés anticipent, ils ne réagissent que rarement. Pour l'instant, les investisseurs savent que la masse bénéficiaire s'est légèrement redressée lors du premier semestre par rapport à la même période de 2012. Sachant que des secteurs importants à la Bourse comme l'immobilier, le BTP ou le ciment ainsi que les banques réalisent statistiquement de meilleures performances lors des deuxièmes semestres, il y a lieu de penser que les investisseurs anticiperont une remontée des bénéfices en 2013 par rapport à 2012. Si c'est le cas, d'ici le mois de mars, un mouvement d'accumulation devrait être observé. Malin sera donc celui qui arrive à prédire quel type d'entreprises arrivera à créer de belles surprises. Sur ce volet, ce sont les firmes qui ont provisionné le plus pendant ces trois dernières années qui seront particulièrement surveillées. Les reprises partielles ou totales de ces provisions devront booster les bénéfices. Maroc Telecom (pour cause de restructuration comptable il y a 2 ans) ou BMCE qui a clairement affiché son choix de stopper son provisionnement de risques qui avait atteint 3,7 Mds de dirhams depuis 2010, font partie de cette catégorie d'entreprises. En levant le pied sur le provisionnement des risques pour la deuxième, ou en profitant de l'effet de la restructuration pour la première, toute chose égale par ailleurs, elles afficheront des résultats en hausse notable en 2013. Rappelons qu'à elles seules, ces valeurs représentent plus de 22% de la capitalisation totale du marché. Sans oublier Addoha qui a vu son cours repartir à la hausse dès l'annonce du chiffre d'affaires sécurisé de l'année écoulée. Ce chiffre, par extrapolation, a permis aux professionnels de se projeter dans l'avenir et d'établir une fourchette d'évolution du résultat 2013. Un international porteur Sur les marchés américains qui battent dernièrement record après record (plus de 50 nouveaux plus hauts lors du dernier semestre), ou sur les trois marchés européens les plus développés qui affichent à leur tour des performances record, les entreprises exposées aux marchés émergents sont les plus malmenées. On leur reproche d'augmenter leurs investissements dans les pays des BRICS notamment, en Europe de l'Est et en Turquie, alors que ces pays passent par des conjonctures économiques molles. Les entreprises marocaines exposées à des marchés étrangers sont dans une configuration différente. Certes, certains de ces pays cibles sont exposés aux risques politiques, mais les entreprises marocaines ont choisi quasi majoritairement de considérer ces activités dans des ensembles régionaux. Que ce soit en termes de budgets d'investissements, de choix des pays d'implantations ou de manière d'attaquer ces marchés, les entreprises marocaines ont eu le reflexe de penser global et, surtout, d'être humbles dans la manière de pénétrer ces marchés. Les crises du Nord Mali, pour prendre un exemple récent, n'ont eu quasiment aucun impact sur Attijariwafa bank, pourtant implantée sur place. En d'autres termes, pour que l'instabilité politique perturbe l'activité des entreprises marocaines, il faudra assister à des perturbations simultanées dans plusieurs pays à la fois. Le risque est donc dilué par la diversification des marchés. Parallèlement à ce risque modéré, la croissance potentielle de ces marchés se mesure à deux chiffres, ce qui ouvre aux entreprises internationales des voies de croissance juteuses. Signalons enfin que le discours des managers marocains laisse présager que rares sont les entreprises qui envisagent de faire monter durablement la contribution des filiales à l'international dans leurs résultats. Maroc Telecom, première à s'être lancée dans l'aventure, ne cache pas sa soif de trouver de nouveaux marchés sans pour autant donner des objectifs clairs à atteindre en termes de contribution. Attijariwafa bank, la banque pionnière en la matière, a des filiales qui contribuent à moins de 20% dans le PNB du groupe. Mohamed Kettani, PDG de la Banque, avait déjà déclaré que l'objectif de contribution a été atteint mais que les opportunités ne se refusent pas. La Banque profite de la crise dans ces pays cibles pour acheter des banques à tour de bras tout en restant diversifiée. L'analyse technique partagée Les chartistes, ces utilisateurs de graphiques boursiers, sont partagés pour anticiper les tendances futures. Certains trouvent que le marché a trouvé un plancher solide en 2013, que la baisse est essoufflée et que l'indice se trouve actuellement dans une première vague de hausse à moyen terme qui sera suivie d'une correction au deuxième trimestre avant un nouveau rallye pendant la période estivale, juste après la distribution de dividendes. Un scénario qui fera terminer l'année boursière sur une note positive. Ceux qui défendent ce scenario mettent en avant la tendance haussière très long terme de l'indice en prenant comme référence l'année 2003. D'autres chartistes pensent que l'année 2014 sera une simple année de rebond comme l'a été l'année 2011, car le cycle baissier de la Bourse n'est pas encore achevé. Cette deuxième catégorie pense que le cycle haussier développé entre 2004 et 2008 est complet et que la baisse entamée depuis constitue un nouveau cycle pas encore achevé. Mais ces deux scenarios ont un point en commun : une année 2014 haussière. Les premiers voient la hausse dès le premier trimestre, les autres attendent encore une confirmation par le débordement explosif du seuil psychologique des 9.400 pts. Ces éléments fondamentaux en faveur de la hausse devront être soutenus par des volumes en hausse pendant toute l'année pour crédibiliser la tendance. Or, pour l'instant, les volumes restent tout aussi modérés qu'en 2013 qui, rappelons-le, a enregistré une baisse des transactions par rapport à 2012. Mais l'année n'est qu'à ses débuts.