Il serait difficile de dénier l'importance de la filière plasturgique dans le paysage industriel national (plus de 11 Mds de DH de chiffre d'affaires générés et 345.000 emplois créés). Du reste, son affirmation sur les marchés internationaux nécessite d'augmenter davantage la valeur ajoutée de la production. L'industrie de la plasturgie constitue un secteur névralgique eu égard à sa transversalité car ses composants demeurent largement utilisés par plusieurs filières pour ne citer que l'industrie automobile et celle de l'aéronautique qui constituent aujourd'hui des têtes de pont des exportations nationales. Globalement, les ventes du secteur à l'étranger restent stables en ce début d'année pour se chiffrer à plus de 23 Mds de DH à janvier 2014. Conscient que le développement du pays et la création de plus de valeur ajoutée passent inéluctablement par un tissu industriel fort, l'Etat a conclu avec les opérateurs de la filière plasturgique un Contrat-programme (2013-2020). Ce dernier se singularise par l'ambition affichée, celle de générer plus de 14.000 emplois directs et 70.000 indirects à l'horizon 2020. Sur le plan économique et financier, le but est de flirter avec le seuil des 28 Mds de DH de chiffre d'affaires d'ici 6 ans. Pour l'heure, la plasturgique nationale occupe une place importante dans la dynamique économique du pays. Chiffres à l'appui, elle génère pas moins de 11 Mds de DH de chiffre d'affaires, tout en étant pourvoyeuse de plus de 45.000 emplois directs et 300.000 indirects. Toutefois, s'imposer sur les marchés internationaux relève d'une autre paire de manche. A présent, l'industrie plasturgique marocaine reste focalisée dans le BTP et plus généralement dans la construction avec la production de tubes. Le secteur du bâtiment représente indéniablement un relai de croissance important pour la filière eu égard au boom des logements sociaux. L'impératif d'accroître la valeur ajoutée La filière est aussi spécialisée dans la fabrication d'objets de textile et d'articles divers (mobilier de jardin, seaux, bassines, etc.) souvent faibles en valeur ajoutée. Toutefois, ce segment demeure fortement concurrentiel vu l'imposante présence chinoise et turque. Par ailleurs, il est important de noter que sur le marché local, l'agriculture avec l'impulsion du Plan Maroc Vert s'arroge une partie non négligeable de la production plasturgique à travers les filets, les bâches et bien d'autres articles. Cela étant rappelé, force est de constater que garantir le succès du Contrat-programme pourra difficilement se réaliser en faisant l'impasse sur le volet des exportations qui peuvent constituer un puissant levier pour l'émergence du secteur. A ce titre, la filière automobile devrait occuper plus de place dans la production plasturgique marocaine. Cela est d'autant plus justifié que l'automobile offre la possibilité d'accroître la valeur ajoutée de la production du secteur. Ce qui augmente indéniablement les opportunités de sous-traitance de la filière, notamment dans les domaines de l'intérieur des voitures, les systèmes de moteurs, etc. De l'avis de certains experts, le boom de l'industrie aéronautique au Maroc constitue aussi une aubaine pour l'industrie plasturgique. Mais à condition de tabler sur des segments à forte valeur ajoutée. Or pour l'heure, les chiffres disponibles font remarquer que la filière automobile, en dépit de toutes les opportunités qu'elle offre, ne représente que 10% du chiffre d'affaires de la plasturgie. De plus, l'offre exportable reste largement dominée par des articles dont la teneur en valeur ajoutée reste limitée (bouchons, emballages en plastiques rudimentaires, vaisselle, etc.). A noter que les emballages de l'agroalimentaire sont plus riches en valeur ajoutée et très prisés à l'international, ce qui devrait induire à déplacer le curseur vers ce segment pour booster l'activité à l'export. A l'instar des autres secteurs, les exportations de l'industrie plasturgique restent largement cloitrées dans le bastion européen, d'où la nécessité d'amplifier l'effort de diversification des marchés, une entreprise déjà entamée sous l'égide de Maroc Export avec les opérateurs de la filière. L'autre facteur pouvant constituer un puissant levier pour l'innovation est la présence au Maroc d'une multitude d'entreprises étrangères pour ne citer que Ferroplast ou Grief. Partant, l'opportunité de nouer des partenariats (sous-traitance, co-investissement) est bien réelle. Ce qui peut être bénéfique pour les exportations. Pour autant, l'industrie plasturgique nationale qui est la deuxième plus grande filière de transformation des industries chimiques après l'OCP, se heurte à des contraintes structurelles liées au niveau de la R&D, le poids de l'informel (représentant plus de 30% du secteur), sans compter le sous-financement qui caractérise la filière. Quelque part, ces dysfonctionnements expliquent aussi la faiblesse des activités à l'export.