* Le secteur du textile-habillement vit ses grands moments avec le programme Emergence. * Les mécanismes sont là désormais, les partenaires sont aussi présents, mais la balle reste dans le camp des entreprises. Cétait vendredi dernier la dernière ligne droite du road-show textile-habillement organisé conjointement par l'Amith et l'ANPME. La dernière étape était la capitale économique où sont localisés plus de 80% des entreprises de confection. Le caractère de ce road-show s'avère impérieux dans le contexte actuel caractérisé par des menaces, mais aussi des opportunités. Inutile de rappeler que le secteur du textile se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Comme l'a annoncé Mohamed Tazi, président de l'Amith, après la crise qu'a connue le secteur du textile-habillement au moment de l'abolition des quotas, la profession a exprimé un soulagement suite à un accord d'auto-limitation imposé par l'Union européenne à la Chine et, aujourd'hui, le secteur vit ses grands moments avec le programme Emergence. D'après Latifa Chihabi, Directeur Général de l'ANPME, « Le but de ce road-show est de donner une nouvelle impulsion à un secteur névralgique pour l'économie marocaine, essentiellement dans un contexte marqué par de grands bouleversements. Quelle configuration du contexte international ? Aujourd'hui, l'engagement aussi bien des pouvoirs publics que des institutions est clair. Ceci pour dire que les mécanismes sont là, les partenaires sont aussi présents, mais la balle reste dans le camp des entreprises. A rappeler que sur les entités qui se sont engagées dans la mise à niveau, 70% se sont arrêtées à une seule action, mais la mise à niveau ne se limite pas à une seule initiative. Selon Latifa Chihabi, un tiers du portefeuille de l'agence nationale des PME est constitué d'entreprises du textile, soit 20%. Casablanca vient en termes relatifs en troisième position, après Rabat et Marrakech. Suite à l'abolition des quotas en janvier 2005, le panorama concurrentiel du secteur du textile-habillement a subi de profondes mutations. La répartition des investissements textiles mondiaux en 2004 a connu des changements en faveur de la Chine. Les investissements de la Chine en filature ont atteint 55% et 76% en tissage. La part de marché de la Chine s'est imposée au cours des dernières années dans un environnement caractérisé par l'abolition des quotas. La Chine a vu sa part de marché augmenter de 9 points. Les pays qui ont été les plus touchés par cette prédominance sont essentiellement ceux qui sont voisins de l'Asie. Aujourd'hui, aucune restriction quantitative n'existe, sauf pour les pays non adhérents à l'OMC (Russie, Biélorussie, Vietnam ). Les exportations de la Chine vers l'UE ont augmenté en valeur de 48%. Pour ce qui est du Maroc, celui-ci occupe le 7ème rang. En vue de réduire cette prédominance chinoise, le Commissaire européen Peter Mandelson et le ministre du Commerce chinois se sont concertés sur le rétablissement des quotas pour une catégorie de produits. Il s'agit dans un premier temps de la mise en place de l'accord de Shanghaï du 10 juin 2005 et celui de Pékin du 5 septembre 2005. Le Parlement européen s'est inquiété outre-mesure de la situation du secteur du textile-habillement. Les députés revendiquent une concurrence à armes égales entre les pays de l'UE et la Chine. A cet égard, ils ont insisté sur un combat sérieux contre toute forme de contrefaçon et que la Chine applique les normes internationales sur l'environnement et le travail. Par ailleurs, le Parlement européen a estimé nécessaire d'aider les régions européennes touchées par la perte de leur industrie par le biais de fonds structurels en maintenant, après 2006, le niveau des aides actuelles. Il a jugé aussi nécessaire d'encourager la recherche et l'innovation, en particulier des PME. Les Européens ont jugé indispensable de protéger leur savoir-faire. Pour cela, il faut défendre les droits de la propriété intellectuelle et mettre fin à la contrefaçon et au piratage. Ils estiment qu'il y va de l'avenir du textile européen de créer, avec les voisins du Sud, un espace euro-méditérranéen de production pour le textile-habillement. Cette catégorisation des quotas a freiné les importations en provenance de Chine. Celles-ci ont atteint 2,6 Mds d'euros pour les catégories sous quotas. Pour le Maroc, le premier semestre 2005 a été très difficile, affichant une baisse de 12%. De l'avis des responsables, le Maroc a vu sa part se fragiliser mais, loin s'en faut, des effondrements. Un fait qui reste à prouver, sachant que l'année 2005 a eu son lot d'incidents dans le secteur. Des faillites se sont succédé et des délocalisations ont eu lieu vers des pays à plus forte valeur ajoutée. En matière de perspectives, les intervenants laissent présager une hausse de la co-traitance principalement liée à la part croissante de l 'Asie, le maintien d'un double sourcing (sous-traitance et co-traitance) dans beaucoup d'enseignes, une légère hausse des produits finis après une décennie de baisse. En termes de rythmes d'approvisionnements, il est à prévoir une pression généralisée sur un raccourcissement des délais et une pression concurrentielle au niveau de l'offre.