La Banque Centrale Populaire et l'italienne Banca Nuova ont organisé une mission commerciale rassemblant des hommes d'affaires des deux pays dans le but de développer leur coopération. Le Maroc cherche à se positionner comme plateforme incontournable pour toute tentative de pénétrer le très prometteur marché africain. Trente hommes d'affaires italiens de divers secteurs d'activités, 150 entreprises marocaines, plus de 300 rendez-vous B2B, la présence du Centre régional d'investissement (CRI) du Grand Casablanca, de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) et de la mairie de Palerme : la BCP a fait les choses en grand pour accueillir récemment une mission commerciale en partenariat avec l'italienne Banca Nuova. Les deux banques concrétisent par cette mission leur volonté de fournir aux entrepreneurs des deux pays des opportunités de coopération et d'investissement. L'Afrique fait saliver Le jeu en vaut-il la chandelle ? Pour les entreprises italiennes, assurément, tant il est vrai qu'elles ont été durement touchées par les effets de la crise financière. Aujourd'hui, le développement de leurs activités passe inéluctablement par une ouverture à l'international, à la recherche de nouvelles opportunités afin d'assurer pérennité et croissance. Et quel meilleur moyen pour ces entreprises que de se tourner vers le Maroc, véritable porte d'entrée vers le très alléchant marché africain. En effet, le potentiel de croissance du continent africain est présent dans toutes les têtes, et est sous-jacent à toutes les interventions qui ont jalonné cette mission. Pour les entreprises marocaines clientes de la BCP, c'est également une aubaine puisqu'il s'agit pour elles de grandir, de conquérir de nouveaux marchés dans le Sud de l'Italie, et de bénéficier du transfert de savoir-faire. Dans ce contexte, la BCP met en avant son principal atout, à savoir sa stratégie d'expansion dans une dizaine de pays africains par le biais de la holding Atlantic Bank International, qui contrôle 9 banques d'Afrique de l'Ouest. À ce propos, le PDG de Banca Nuova, Marino Briganze, souligne que «la stratégie de croissance de la BCP en Afrique est grandement appréciée par Banca Nuova», et va permettre aux entreprises siciliennes de se lancer avec assurance dans l'aventure africaine. Il ajoute que le Maroc est un «pays clé de la Méditerranée», puisqu'il constitue une plateforme assise sur deux continents (et le Moyen-Orient), couvrant un «marché de plus d'un milliard de personnes». Selon lui, le potentiel économique du Royaume n'est plus à démontrer. Il en veut pour preuve que 8,3% des investissements directs à l'étranger adressés au continent africain se font au Maroc, ce qui le classe à la deuxième position. Mais il insiste surtout sur la stabilité politique du Maroc qui a su négocier sagement les perturbations causées par le «Printemps arabe». Le directeur général de la BCP, Rachid Agoumi, a abondé dans ce sens, parlant d'une «stabilité dans la sérénité, pour le moyen et le long terme». Il présente le Maroc comme «une terre de développement», capable d'apporter une véritable valeur ajoutée à de potentiels investisseurs étrangers. Les débats ont ensuite consisté à dresser un inventaire exhaustif des avantages de la destination Maroc en général, et du Grand Casablanca en particulier. Le Maroc séduit Une opération séduction à laquelle s'est plié Hamid Belafdil, Directeur général du CRI de la région. Loin des clichés qui veulent que le Maroc soit un pays exclusivement tourné vers l'agriculture ou le textile, H. Belafdil a mis en avant la «mutation de l'économie marocaine au niveau de ses moteurs de croissance», étayant son propos par la progression remarquée des nouveaux secteurs porteurs au niveau de la balance commerciale (aéronautique, nouvelles technologies). Un autre atout, selon lui, est l'absence «de discrimination, ni positive, ni négative, à l'égard des investisseurs étrangers». Les entreprises étrangères et nationales sont sur un même pied d'égalité. Il poursuit son exercice de charme par les atouts fonctionnels dont dispose la capitale économique. Citons, parmi les plus importants, des infrastructures aux normes internationales, avec en figure de proue le Hub aérien de Casablanca (24 vols directs vers les grandes métropoles africaines). Sans oublier le tissu industriel dense, consolidé depuis plus de 50 ans, qui fait de Casablanca aujourd'hui une métropole économique régionale de premier plan, avec pour ambition de devenir un passage incontournable pour les entreprises qui convoitent, avec appétit, le gisement de croissance africain. Le représentant de l'AMDI insiste à son tour sur le positionnement géostratégique du Maroc, «carrefour entre les différents continents». Au classement de l'indice de connectivité maritime, le Maroc est passé, entre 2004 et 2011, de la 77ème place à la 18ème . L'AMDI vante également les facteurs de production avantageux et les coûts compétitifs, notamment ceux à l'export et le salaire moyen à 350 $ (faut-il s'en réjouir ?). Enfin, il termine sa démonstration en évoquant le package incitatif (fiscalité, zones franches), les accords de libre-échange, et l'amélioration du climat des affaires. Les Italiens ont-ils été convaincus ? Les quelque 300 rencontres B2B prévues apporteront les premières réponses, si elles débouchent sur des accords.