Le Maroc est classé au 92ème rang à l'échelle de l'Indice Global d'Innovation 2013 établi par la Cornell University, l'INSEAD et l'OMPI. Les partenaires européens ont compris, depuis longtemps, l'utilité de l'innovation pour la croissance. L'un des plus grands salons mondiaux en la matière, «Leweb», mettra à l'honneur le monde arabe pour sa 10ème édition. Dans une économie mondiale orchestrée par des changements constants s'opérant à grande vitesse, l'innovation technologique se positionne au cœur de la stratégie des entreprises, des structures de marché et des politiques économiques des Etats. Elle est déterminante à différents degrés pour un pays, influençant la croissance et la répartition du revenu, la création de l'emploi ou encore la compétitivité des structures de marché. Aux Etats-Unis, terre bénie des startups, ces dernières ont créé 2,7 millions de nouveaux emplois pour l'année 2012, selon The Economist. En France, ce sont 1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires qu'elles ont engendrés pour l'exercice de 2012, marquant une progression de 40% par rapport à 2011 et permettant ainsi l'augmentation de leurs effectifs de 25% entre 2011 et 2012. Il serait certes maladroit si ce n'est inapproprié de se risquer à faire une comparaison avec ces puissances économiques, mais le constat est là: au Maroc, ces véritables machines à croissance peinent à s'imposer et à gagner des parts de marché, en particulier faute d'accompagnement et de monitoring. Car de façon globale, le système d'innovation marocain accuse une multitude de faiblesses. La diffusion de l'innovation est handicapée par un manque de financement et un système non-optimal de création de la connaissance. C'est ce qu'a d'ailleurs illustré le classement du Maroc au 92ème rang à l'échelle de l'Indice Global d'Innovation 2013 établi par la Cornell University, l'INSEAD et l'OMPI, et qui démontre que le Royaume ne dispose pas d'un environnement propice à l'innovation. La recherche et le développement expérimental (R&D) représentent la source principale de toute innovation. Or, étant donné le faible investissement en R&D au Maroc, il serait bénéfique pour notre système d'innovation de tirer profit du stock de connaissances mondiales et des nouveaux usages comme ceux qui seront dévoilés lors de la conférence LeWeb'13 organisée à partir du 10 décembre à Paris et où beaucoup de Marocains porteurs de projets ont été présents. Une conférence qui est devenue, au fil des ans, la référence mondiale en matière d'innovation et d'exposition d'idées révolutionnaires. Qu'en est-il alors de la stratégie du gouvernement pour remédier à cette situation et stimuler l'innovation ? A ce jour, l'on peut dénombrer deux principales initiatives gouvernementales venant en aide aux entrepreneurs. La première est le Centre marocain de l'innovation (CMI) avec son programme Intilak qui soutient à hauteur d'un million de dirhams le démarrage de startups, 36 en auront bénéficié cette année. La deuxième initiative est le Maroc numeric funds (MNF), un fonds institutionnel de 100 millions de dirhams qui entre dans le cadre du plan Maroc Numeric 2013 mis en place par le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies en 2009. Le fonds, présidé par la société gestionnaire de Technopark, MITC, est dédié principalement aux startups du secteur des nouvelles technologies. Il en a soutenu 8 parmi les 169 projets qui lui ont été soumis (livremoi.ma, epicerie.ma, mydeal.ma entre autres). Néanmoins, il est indispensable d'accompagner cette stratégie gouvernementale par des partenariats public-privé pour créer un écosystème favorable pour les startups, d'autant plus que les business angels manquent cruellement. Le monde arabe à l'honneur de Leweb cette année Les entrepreneurs espèrent un changement des mentalités quant à la valeur ajoutée qu'apportent les projets innovants à la courbe de croissance du pays. Un changement qui pourra peut-être encourager les investisseurs privés à les accompagner dans leur aventure entrepreneuriale et installer une véritable culture de l'innovation et de l'entrepreneuriat au niveau national. «The Next ten years», «Les dix prochaines années», est la thématique audacieuse choisie pour la 10ème édition de la conférence internationale LeWeb'13 aux Docks de Paris, qui s'est tenue du 10 au 12 décembre. Cette édition 2013 compte pour la première fois l'organisation d'un panel régional consacré au monde arabe. La manifestation représente le plus grand événement européen dédié à l'industrie du web et aux dernières tendances en innovation technologique. LeWeb réunit plus de 35.000 participants, issus de 75 pays des quatre coins du monde, parmi lesquels figurent entrepreneurs, professionnels, investisseurs, chercheurs et passionnés. Le thème central de cette édition 2013 est d'être une projection visionnaire pour cerner le visage du web et des objets connectés dans un avenir proche. "Pour marquer ce 10ème anniversaire, nous avons décidé de nous projeter dans le futur et d'imaginer ce qu'internet nous réserve pour la prochaine décennie», déclare Loïc Le Meur, cofondateur de LeWeb et gourou du digital. Il ajoute, entre autres, que «L'évènement représente le principal rendez-vous des startups, entrepreneurs et précurseurs opérant dans le secteur internet, mais également des investisseurs en capital-risque et business angels qui permettent aux startups de mettre leurs idées sur le marché. Aujourd'hui, nous nous sommes lancés le défi d'imaginer les évolutions technologiques des 10 prochaines années». De quoi souffrent les jeunes Marocains qui ne souhaitent pas lancer leurs boîtes au Maroc ? Quelle vision ont-ils du climat des affaires dans le Royaume ? Quels sont leurs critères pour accepter de se lancer dans des aventures managériales dans leur pays d'origine ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans notre prochaine édition. A suivre...