Les acteurs portuaires africains ont un grand rôle à jouer pour la densification des échanges commerciaux interafricains, l'une des raisons d'être de la Zlecaf. Par M. Diao
Les obstacles à l'émergence de l'Afrique sont connus de tous. Il en est de même pour les solutions permettant au continent de faire du développement une réalité au profit des populations. La consolidation de l'intégration de l'Afrique par le biais du renforcement des investissements intra-africains ainsi que l'augmentation substantielle des échanges commerciaux entre les pays du continent est un puissant vecteur de création de richesse continentale. Pour rappel, la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) découle de l'engagement, en 2014, des chefs d'Etat et de gouvernement africains en faveur du triplement de la valeur du commerce intra-africain de produits et de services agricoles à l'horizon 2025. Pour rappel, les échanges commerciaux dans le cadre de la Zlecaf ont débuté le 1er janvier 2021. L'un des principaux avantages de la Zlecaf a trait au marché unifié de 1,2 milliard de personnes avec un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars. Ce qui constitue un puissant socle pour l'industrialisation du continent qui, d'après les Nations Unies, verra sa population d'ici 2050 passer d'un 1,2 milliard d'habitants à près de 2,4 milliards. Notons que selon les prévisions, la Zlecaf devrait permettre au PIB du continent d'augmenter de 7% ou 400 Mds de dollars d'ici 2035. L'accord de la zone de libre-échange prévoit le retrait de 90% des lignes tarifaires sur une période de cinq ans pour les économies africaines les plus avancées et 10 ans pour les nations en développement. Au-delà de la constitution d'un marché africain commun, l'un des grands objectifs de la Zlecaf est la constitution d'une union douanière, une entité particulièrement favorable aux échanges interafricains en raison de la suppression des droits de douane. Par ailleurs, notons que l'offre tarifaire du Royaume, pays signataire de l'accord de la Zlecaf, est prête. Ceci étant rappelé, il est important de souligner que la logistique est un maillon essentiel à la densification des échanges commerciaux. Le webinaire, organisé récemment par TMSA et l'Association marocaine des exportateurs (Asmex) sous le thème : «Zone de libre-échange continentale africaine : nouvelles ambitions pour les exportations marocaines», a eu le mérite de mettre en exergue plusieurs aspects conditionnant le succès de la Zlecaf, notamment le volet logistique. Tanger Med, une pièce maîtresse «Aujourd'hui, les ports africains constituent les pivots des échanges interafricains et internationaux à l'échelle du continent. Toujours estil que la mise à niveau des infrastructures, l'amélioration continue des performances, le renforcement des capacités et l'utilisation des nouvelles technologies sont autant de défis pour les ports africains. Ces derniers doivent développer des complémentarités et des synergies logistiques», analyse Ahmed Bennis, directeur Développement de Tanger Med. Qui n'a pas manqué d'expliquer comment le complexe portuaire de Tanger Med, une plateforme intégrée sur les plans logistique et industriel, s'est hissé au rang de modèle à l'échelle du continent. Aujourd'hui, le port traite près de la moitié du tonnage portuaire du Royaume. En 2020, malgré le contexte pandémique, le premier complexe portuaire à conteneurs de la Méditerranée et du continent africain pour la quatrième année consécutive a traité un volume global de 81 millions de tonnes. Ce qui représente une hausse de 23% par rapport à 2019. La capacité des 9 millions de tonnes de conteneurs traités par an grâce à la montée en charge de Tanger Med II permettra au complexe portuaire d'intégrer le top 25 mondial des ports à conteneurs. «Le positionnement stratégique sur le détroit de Gibraltar confère à Tanger Med la stature d'une plateforme de transbordement majeure pour les flux intercontinentaux et les flux d'éclatement vers ou en provenance d'Afrique», soutient Ahmed Bennis. Concrètement, 40% des flux conteneurisés vont ou proviennent du continent, via 14 services maritimes hebdomadaires. Ceux-ci connectent l'axe maritime Tanger à 20 ports d'Afrique de l'Ouest. Au final, dans le contexte actuel en proie à l'implémentation de la Zlecaf, Tanger Med s'inscrit dans une démarche collaborative et de partage d'expérience avec les acteurs portuaires africains. Ces derniers ont un grand rôle à jouer pour la densification des échanges commerciaux interafricains, l'une des raisons d'être de la Zlecaf.