Dans le courant du deuxième semestre 2013, plusieurs mémorandums d'entente et accords de partenariat (pouvant atteindre 100 millions de dollars) ont vu le jour entre certaines banques marocaines et leurs homologues étrangères. Que dénotent ces nouvelles alliances ? L'année 2013 marquera bon nombre d'esprits du point de vue de la multiplicité de partenariats et de mémorandums d'entente signés entre les principales banques nationales (Attijariwafa bank, BMCE Bank) et certaines de leurs homologues étrangères de tailles beaucoup plus grandes. A l'évidence, ces partenariats se veulent stratégiques, vu le développement croissant à l'international des trois banques nationales leaders. Référence est faite ici à AWB, à la BMCE, et à la BCP. Parmi les partenariats noués, notons le dernier mémorandum signé dans le sillage de la dernière visite royale à Washington, entre Attijariwafa bank et deux enseignes américaines (Overseas Private Investment Corporation et Citibank). Ce partenariat a pour but d'encourager l'octroi de crédits aux PME dans le pays et dans ceux d'Afrique subsaharienne où ils sont implantés. In fine, la ligne de crédit devra atteindre la bagatelle de 100 millions de dollars. Il convient de rappeler que quatre mois plus tôt (juin 2013), AWB scellait un important mémorandum avec Qatar National Bank et Bank of China. Dans un contexte où le continent africain est à la mode, la Chine ne cesse de mettre en bandoulière son ambition, celle de développer sa présence économique sur le continent. L'objectif de ce partenariat, tel qu'affiché entre AWB et Bank of China, est de promouvoir le développement des échanges commerciaux et les investissements entre les pays où Attijariwafa bank est présente en Afrique, et la Chine. Dans la même veine, en octobre de cette année, Japan Bank for International Cooperation octroyait 100 millions de dollars à BMCE Bank. La convention vise, entre autres, la mise en place d'une ligne de crédit dédiée au financement des importations de produits et services japonais en Afrique. Au regard de ces alliances, toute la question est de savoir ce que sous-tend ce foisonnement de partenariats ? Fort ancrage africain De l'avis de certains experts, ces différents accords mentionnés plus haut sonnent comme la consécration du dynamisme et de l'essor du secteur bancaire national qui n'a cessé de consolider ses performances lors de ces dernières années. D'autres y voient aussi une confirmation de l'implantation fulgurante et plutôt réussie des principaux leaders du secteur en Afrique subsaharienne. A ce stade, notons qu'en l'espace de quelques années, la banque dirigée par Othman Benjelloun s'est érigée en actionnaire majoritaire dans le capital de Bank of Africa (BOA) qui compte pas moins de 16 pays africains abritant ses implantations. Cela dit, l'alliance de BMCE Bank avec Japan Bank for International Cooperation (pour un montant de 100 millions de dollars) et le mémorandum d'entente signé entre AWB et Bank of China ou encore avec le groupe américain Import- Export Bank, corroborent parfaitement l'idée selon laquelle, le dispositif bancaire développé par ces deux banques marocaines au sud du Sahara, serait devenu une plateforme privilégiée pour le développement des investissements asiatiques et américains en terre africaine. Cela conforte aussi la grande expertise engrangée par ces établissements marocains sur le continent. A ce titre, le partenariat d'AWB avec la banque chinoise est édifiant, puisqu'il porte entre autres, sur l'assistance aux clients des deux banques en matière de commerce international, l'accompagnement et le financement des projets d'investissement. A cela s'ajoutent l'organisation de missions B-to-B et l'accompagnement des expatriés chinois en Afrique et des Africains en Chine. Ce faisant, pour la banque dirigée par Mohamed El Kettani, il s'agit de permettre aux opérateurs chinois d'être mieux épaulés dans leur prospection dans les marchés d'Afrique du Nord, de l'UEMOA et de la CEMAC où la présence de la banque est bien visible dans 11 pays. Si ces mémorandums signés par les banques nationales témoignent d'une certaine reconnaissance de leur savoir-faire dans ces bastions précités, certains d'entre eux constituent des revenus d'appoint non négligeables pour ces entités. De réels ballons d'oxygène Dans un contexte marqué par une concurrence effrénée que se livrent les différentes banques à l'échelle nationale et exacerbé par le manque de liquidités qui s'est transmué en une donne structurelle, il est clair que ces récents partenariats noués par AWB et BMCE avec leurs homologues étrangères contribueront un tant soit peu à alléger les pressions croissantes qui s'exercent sur leurs capacités financières. Pour l'heure, d'aucuns estiment, d'ores et déjà, que ces coups de pouce financiers peuvent s'avérer structurants pour l'essor de ces entités à l'international. Cela est d'autant plus plausible si l'on sait que le paysage bancaire marocain doit amorcer avec sérénité le virage le conduisant à se conformer aux règles plus contraignantes dans le sillage de Bâle III. Il s'agit entre autres, de consolider leurs capitaux propres. Ainsi, la hausse du niveau minimum du Tier One se fixe désormais à 9% et celui du ratio de solvabilité à 12%. A ces nouvelles contraintes s'ajoutent celles liées à leur développement à l'international. Un déploiement sur d'autres contrées suppose des fonds propres consistants eu égard à la nécessité de l'augmentation de capital lors de certaines acquisitions. A vrai dire, tout l'enjeu réside dans la capacité de ces banques, à portée internationale, de nouer davantage de partenariats à même de booster leur expansion dans leurs nouvelles zones de prédilection, notamment dans les espaces UEMOA et CEMAC qui demeurent porteurs pour les enseignes marocaines.