En vertu de l'article 47 de la Constitution, SM le Roi Mohammed VI a reçu et nommé, ce jeudi 10 octobre, les membres du gouvernement Benkirane II. La nouvelle formation, qui repose sur les quatre partis, PJD, RNI, Mouvement populaire et PPS, s'inscrit en principe dans la continuité de l'alternance qui a suivi les élections législatives de novembre 2011 et qui a vu le parti islamique l'emporter avec 107 sièges, suivi de l'Istiqlal. Le nouveau gouvernement n'est pas si nouveau que cela, puisque trois partis sur quatre de la coalition précédente en font toujours partie, l'Istiqlal s'étant retiré en mai dernier. Il s'agit, en revanche, d'un profond remaniement qui a touché à certains pôles structurels, autrement plus significatif qu'un jeu de «chaises musicales» ! On compte 39 portefeuilles, un lourd gouvernement tout de même, à un moment où l'on agite le spectre de la rationnalisation de la dépense publique. Il convient de souligner d'emblée qu'aussi bien au niveau des pourparlers, ensuite des négociations fermes, enfin de la finalisation de la liste, les protagonistes, en l'occurrence Abdelilah Benkirane et Salaheddine Mezouar, n'ont obéi qu'à leur propre conscience et jamais une tierce personne, ou une autre force ne s'est interposée entre eux. Contrairement à ce qui a été avancé, ici et là, le Palais s'est bien gardé d'intercéder, démentant ainsi toutes les rumeurs qui ont accompagné ce douloureux accouchement. Un strict respect des règles de neutralité a été observé à tous les niveaux pour ne pas susciter des réactions démentant les rumeurs malveillantes qui ont fleuri. Le processus de négociations a été long, certes, mais il a buté sur un désaccord fondamental qui a opposé les deux leaders concernant le portefeuille de l'Economie et des Finances que Salaheddine Mezouar a exigé pour lui, sans partage, incluant le département du Budget, devenu du coup la pomme de discorde. S'il est un critère qui aura prévalu tout au long de ce processus, c'est bel et bien celui d'une «professionnalisation des profils» et des spécialités, l'objectif étant d'atteindre une certaine cohérence et portant la cohésion au sein du nouveau gouvernement. Optimiser, rentabiliser, resserrer autant que possible les profils et les méthodes et, ce qui n'est pas le moindre trait de cette nouvelle configuration, traiter les dossiers en suspens. C'est presque une lettre de mission, pour ne pas dire une consigne qui sera désormais remise aux nouveaux ministres : activer ou réactiver le traitement des dossiers en souffrance. Ils sont nombreux et pour certains complexes. Il ressort de cette configuration une polarisation à deux dominantes : l'économie et le social. Ce sont deux grandes options affichées et déclinées, et quand bien même Salaheddine Mezouar se serait replié sur le département des Affaires étrangères, ce n'est pas pour inaugurer des chrysanthèmes ou se livrer à des finauderies diplomatiques. L'ère des discours ronfleurs est révolue, elle cède désormais le pas à la diplomatie économique. La lettre que SM le Roi a adressée à la Conférence des ambassadeurs, réunies à Rabat dernièrement, a mis en exergue la nouvelle mission confiée à la diplomatie marocaine : conquérir les marchés ne sera plus une idée chimérique, mais l'une des chevilles ouvrières à un moment où, mondialisation oblige, le Maroc entend faire de ses expériences et de son expertise un atout de coopération. Mezouar parle plusieurs langues, il sera assisté par une jeune femme d'origine sahraouie qui est au fait des arcanes de la diplomatie. Les nouveautés à relever sont à la fois inattendues au sein de ce gouvernement comme aussi certains retours : Moulay Hafid Elalamy, tout à sa posture de ministre de l'Industrie et du Commerce en est une; Mohamed Hassad, également, qui reprend le département de l'Intérieur dont il maîtrise les règles après son long passage aux deux wilayas de Marrakech et de Tanger. Mohamed Boussaïd, deux fois ministre et wali de Casablanca, issu de la pépinière des Ponts et Chaussées, revêtant aujourd'hui l'habit de l'argentier... Et puis, six femmes au lieu d'une seule ! C'est l'innovation en termes de nombre et de profils, quasiment chaque parti en comptant au moins une... Dans l'ensemble, la répartition des portefeuilles apparaît plus ou moins équilibrée, soit 11 postes au PJD, 8 au RNI qui récupère également la présidence de la Chambre des représentants, 6 au Mouvement populaire et 5 au PPS qui en sort renforcé... H. Alaoui La liste des membres du nouveau gouvernement Abdelilah Benkirane : Chef du gouvernement. Abdellah Baha : ministre d'Etat. Mohamed Hassad : ministre de l'Intérieur. Salaheddine Mezouar : ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Mustapha Ramid : ministre de la Justice. Ahmed Toufiq : ministre des Habous et des Affaires Islamiques. Driss Dahak : secrétaire général du gouvernement. Mohamed Boussaid : ministre de l'Economie et des Finances. Mohand Laensar : ministre de l'Urbanisme et de l'Aménagement du territoire national. Mohamed Nabil Benabdellah : ministre de l'Habitat et de la Politique de la ville. Aziz Akhannouch : ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime. Rachid Belmokhtar : ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle. Lahcen Daoudi : ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres. Aziz Rebbah : ministre de l'Equipement, du Transport et de la Logistique. Moulay Hafid El Alamy : ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique. Mohamed Ouzzine : ministre de la Jeunesse et des Sports. Lahoucine Louardi : ministre de la Santé. Mustapha El Khalfi : ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Abdelkader Amara : ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement. Lahcen Haddad : ministre du Tourisme. Bassima Hakkaoui : ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Ahmed Amine Sbihi : ministre de la Culture. Anis Birou : ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration. El Habib Choubani : ministre chargé des Relations avec le parlement. Fatema Marouane : ministre de l'Artisanat, de l'Economie sociale et solidaire. Abdesslam Seddiki : ministre de l'Emploi et des Affaires sociales. Abdeltif Loudyi : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Administration de la Défense nationale. Cherki Draiss : ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur. Mbarka Bouaida : ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Mohamed El Ouafa : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la Gouvernance. Mohamed Abbou : ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, chargé du Commerce extérieur. Abdeladim Guerrouj : ministre délégué auprès du ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle. Soumiya Benkhaldoun : ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres. Mohamed Najib Boulif : ministre délégué auprès du ministre de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, chargé du Transport. Idriss Azami Idrissi : ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, chargé du Budget. Mohamed Moubdii : ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'administration. Hakima El Hiti : ministre déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'environnement. Charafat Afilal : ministre déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'eau. Mamoun Bouhadhoud : ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, chargé des petites entreprises et de l'intégration du secteur informel.