Les entreprises ont une vision positive de lintérêt et de lurgence de la responsabilité sociale, tout en ayant de fortes attentes vis-à-vis du gouvernement et des pouvoirs publics. Elles sont, par ailleurs, conscientes des avantages managériaux et des opportunités qui incitent à sy engager. LAgence indépendante de notation et dévaluation de la responsabilité sociale des entreprises, Vigeo, a réalisé la première étude de la perception de la responsabilité sociale par les entreprises marocaines. Létude a été réalisée en préparation des 3èmes Intégrales de linvestissement qui se tiennent autour de ce même thème. Les résultats de létude, présentés par Fouad Benseddik de Vigeo, permettent dévaluer comment lenvironnement réagit vis-à-vis de cette notion et son aptitude à sy inscrire. Plus de 70 % des entreprises ayant répondu à cette étude estiment que la responsabilité sociale est un thème sérieux davenir pour les entreprises marocaines. 20 % estiment que cest un thème sérieux, mais hors sujet pour lentreprise marocaine et les pays émergents. Et rares sont ceux qui estiment que cest un thème à la mode et plutôt artificiel. Les entreprises marocaines ont une perception positive de la responsabilité sociale, puisque les 4/5 des entreprises questionnées estiment que cest un thème jugé sérieux et davenir. Et cest en grande partie au gouvernement et aux acteurs politiques que relève cette priorité. Puisque plus de 25 % pensent que la responsabilité sociale concerne en priorité le gouvernement, suivi des partis politiques. Les investisseurs et les top managers viennent largement derrière. Il en découle que les entreprises visualisent bien le rôle des investisseurs et des opérateurs financiers et minorent le rôle des top managers. Dailleurs, 45 % des entreprises estiment que cest au gouvernement dimpulser lISR au Maroc, contre près de 25 % pour la coopération internationale, près de 14 % pour les caisses de retraite et 10 % pour les collectivités locales. Autre conclusion à tirer de cette étude : les entreprises marocaines hiérarchisent plus clairement leurs propres contraintes de marché que leurs responsabilités sociales. Cest ainsi quelles placent la bonne gouvernance en tête des fondements dun bon investissement socialement responsable. 15 % pensent en effet que la responsabilité sociale repose sur une bonne gouvernance, 14 % estiment quelle passe par léradication de la corruption, 13 % répondent quelle porte en priorité sur le respect de la législation sociale. Sensuivent lamélioration de la gestion des ressources humaines, le paiement des impôts et des cotisations sociales, la protection de lenvironnement et enfin laide aux catégories vulnérables. Les entreprises accordent peu dimportance au reporting et à la communication, en raison manifestement des faibles pressions de leurs partis politiques prenants, et interpellent volontiers les politiques publiques, notamment la pertinence du cadre législatif et réglementaire quelles voudraient plus souple à langlo-saxone. Les entreprises ont de fortes attentes vis-à-vis des pouvoirs publics. Des avantages managériaux certains Sur un autre volet, létude réalisée par Vigeo sest attardée sur les retombées pour un opérateur de sengager dans des objectifs de responsabilité sociale. Près de 25 % des entreprises questionnées pensent que cet engagement peut renforcer son image de marque, 20 % estiment que cela peut renforcer la sécurité dapprovisionnement et les relations avec les clients. Seules 14 % pensent que cela renforce la cohésion sociale et moins de 13 % estiment que lengagement des entreprises renforce la sécurité juridique, idem pour la transparence et lefficience. Et plus de 80 % des entreprises estiment quun investissement socialement responsable est rentable à long terme aux actionnaires et à la communauté, contre 10 % qui pensent quil est dabord rentable aux actionnaires puis au reste de la communauté. Létude en conclut que les entreprises identifient les avantages managériaux et les opportunités de marché de lengagement sur des objectifs de responsabilité sociale. Elles ont dailleurs une vision instrumentale de la responsabilité sociale et croient peu à lapproche éthique. Puisquune majorité écrasante définit la responsabilité sociale comme un ensemble dengagements concrets sur des objectifs précis permettant de conjuguer performance économique et prévention des risques sociaux, sociétaux de gouvernance. Le reste la définit comme lensemble des comportements moraux relevant librement de léthique des opérateurs. Par ailleurs, plus de 45 % des entreprises ayant répondu aux questions de ce sondage affirment que la responsabilité sociale les concernera dès lannée prochaine, moins de 45 % pensent que cela se fera dans les 5 ans à venir, alors que 10 % estiment que cela ne se fera pas avant 15 ou 20 ans.