◆ Des entreprises en phase de démarrage ont pu accéder au financement et lever jusqu'à 200.000 DH en pleine crise. ◆ Elles sont issues de plusieurs secteurs, dont le bien-être, l'éducation ou encore la santé.
Par B. Chaou
L'heure est au «dur labeur» et plusieurs jeunes entrepreneurs l'ont rapidement compris au début de cette crise. Si cette dernière a causé la faillite de certaines entreprises, d'autres ont pu, malgré les conditions difficiles, poursuivre leurs efforts afin d'assurer soit le démarrage, soit la poursuite de leurs activités. Sur la base de l'expérience du Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE), incubateur de start-up, plusieurs jeunes entrepreneurs ont pu lever des capitaux en dépit des difficultés actuelles. Selon les données fournies, 16 start-up, dont 3 toujours en phase d'amorçage, ont bénéficié d'accompagnements financiers en pleine crise sanitaire. «Certaines d'entre elles étaient impactées par la situation actuelle, mais pour autant nous sommes restés flexibles pour leur permettre de réadapter leurs plans de financement afin qu'elles puissent dépasser les difficultés et saisir de nouvelles opportunités», explique Adnane Addioui, fondateur de Wuluj, portail marocain dédié à l'accompagnement du financement de start-up. Notons que ces start-up ont pu lever, via le programme Fikra 1000, un montant de 20.000 DH ainsi qu'un prêt d'honneur allant jusqu'à 200.000 DH. «Durant la période de crise sanitaire, nous avons élargi notre action aux associations et coopératives. Nous avons lancé 36 campagnes qui ont permis à 7 des 16 start-up de lever des fonds via Wuluj. com», nous précise-t-on. Parmi ces entreprises, il y a You Wood, une marque marocaine de création de boucles d'oreilles destinées aux femmes, ou encore Idyr, jeune start-up spécialisée en maroquinerie. Plusieurs secteurs concernés Le financement est une étape très importante; pas moins de 8 start-up sur 10 font faillite à cause de problèmes de fonds, selon les professionnels. Le plus gros challenge pour une entreprise en phase de démarrage, et surtout dans un contexte de crise, est de se financer rapidement et efficacement, et peu importe l'activité. D'ailleurs, selon les données de MCISE, les start-up qui ont accédé aux capitaux émanent de plusieurs secteurs différents : l'éducation, l'artisanat, l'écologie, le textile, la santé et le bien-être. Mais pourquoi donc ces domaines-là particulièrement ? «Parce qu'ils sont les plus touchés par la crise. Notre objectif derrière ces levées de fonds était de soutenir ces startup pour qu'elles puissent continuer leurs activités. Je rappelle que depuis le début de cette initiative, nous avons accompagné plus de 289 projets d'entrepreneuriat social partout au Maroc», répond Adnane Addioui. Rares sont les secteurs qui arrivent à faire preuve d'agilité et de capacité à évoluer dans un contexte difficile. Il est évidemment plus judicieux d'épauler ceux qui sont le plus affaiblis, mais il faudrait également penser à soutenir les secteurs résilients, qui pourraient contribuer à la reprise, et avoir des retombées directes ou indirectes sur d'autres activités. Cela nécessite bien évidemment une diversité de l'offre de financement, en utilisant des moyens innovants comme le crowdfunding. Si aujourd'hui un effort est fait de la part des incubateurs, il demeure insuffisant. Un élargissement de l'offre de financement s'avère donc, dans ce contexte particulier, nécessaire pour renforcer le tissu entrepreneurial marocain. Ce qui est sûr, c'est que certaines start-up dans les secteurs de la santé ou la technologie peuvent tirer durablement profit des opportunités offertes par la crise. Pour les autres, elles devront modifier leur manière d'aborder le marché et réadapter leurs offres et leurs process, voire même réorienter temporairement leur business.