Un fin gourmet des arts plastiques et l'une des figures les plus marquantes de l'école abstraite marocaine, mais sans toutefois s'y laisser enfermer. Par R. Houdaifa
Interpréter un chef-d'œuvre absolu, extravagant de dynamisme et de dissonance, aussi juste que simple, que celui de Fouad Bellamine relève d'une gageure insurmontable. Le ranger parmi un quelconque courant artistique, reviendrait à commettre un contresens. Viscéralement, il rejette toute obédience à une école ou un courant, car ouvert et attentif à toutes les nouvelles tendances. Autant de manières de peindre qui, quelque fois, s'entremêlent, se confondent, et se fondent dans une harmonie exaltante. Connu pour ses «arcs, arches, voûtes où la gestuelle du corps est consubstantielle avec l'acte de peindre et le "faire espace"», l'artiste livre de grandes peintures où la quête de lumière est fondatrice de l'espace pictural. Tant de couches de peinture et de glacis, pour aboutir à cette abstraction architecturale. Fouad s'évertue à combiner un élément de son vocabulaire pictural antérieur, issu de sa mémoire génétique, libre gestuelle, non dépourvu d'allusions figuratives, et les principes d'une géométrie bien plus stricte. Fouad laisse flotter un mausolée dans un espace aérien aux nuances de bleu et de blanc dignes d'une lumière jaillissante. Contempler cette toile, c'est comme mettre un pied dans un mausolée pour en recueillir la baraka.