- Les relations entre la Confédération générale des entreprises du Maroc et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ne sont pas au beau fixe. - Salaheddine Kadmiri, médiateur de la CGEM et membre de l'Observatoire des délais de paiement, suggère de ne pas alimenter la fausse polémique.
Propos recueillis par : Momar Diao
Finances News Hebdo : En tant que chef d'entreprise, comment vivez-vous cette période marquée par le confinement et le ralenti de l'économie nationale ? Salaheddine Kadmiri : Nous traversons une période extrêmement difficile, source d'inquiétude pour les entreprises. Cette situation d'incertitude sur la durée que génère la crise actuelle est une donne anxiogène pour tout chef d'entreprise qui a besoin de visibilité. Il y a eu plusieurs réactions de part et d'autre, notamment au niveau étatique. Les mesures prises par les pouvoirs publics sur le plan sanitaire ont été rapides et efficaces. Les entreprises ont également essayé de s'organiser en interne pour faire face aux conséquences de la pandémie sur leur activité. Toujours est-il que la chose primordiale pour un patron d'entreprise, c'est évidemment la santé de ses employés. L'organisation des sociétés dans cette période trouble dépend généralement de leur branche d'activité (industrie, service, etc.) et du profil de leurs clients ou donneurs d'ordre (Etat, entreprises, importateurs étrangers, etc.). Une chose est sûre, la pandémie touchera de plein fouet tous les secteurs. Aucune activité ne sera épargnée. Tout l'enjeu pour les entreprises est donc de limiter la casse, car cette crise dont la durée est incertaine finira par être derrière nous. F.N.H : En tant que médiateur du patronat marocain, quel regard portez-vous sur la crispation des relations entre la CGEM et le GPBM, traduite par les échanges de missives ? S.K : Comment indiqué plus haut, cette période difficile que traverse le pays génère beaucoup d'inquiétude. La CGEM a fait remonter des éléments qui ont fait réagir le GPBM. Il s'agit d'une fausse polémique qu'il ne faut surtout pas alimenter. La CGEM et le GPBM sont intimement liés. A mon sens, l'Etat, qui est le régulateur, doit statuer sur bon nombre de points afin de permettre au pays de transcender la crise actuelle. F.N.H : Quel est votre avis sur les projections allant dans le sens de l'allongement conséquent des délais de paiement du secteur privé, induit par la pandémie ? S.K : Il y a un risque majeur de l'allongement des délais de paiement du secteur privé, qui étaient déjà assez importants avant la pandémie. L'implication du système financier qui doit offrir un ballon d'oxygène aux entreprises peut permettre de limiter les dégâts en la matière. Il faut savoir que dans une période de crise, le premier réflexe d'un chef d'entreprise est de mettre le paquet sur le volet recouvrement des créances, tout en limitant au strict minimum les dépenses. Tout le monde doit jouer sa partition dans cette période difficile mais ponctuelle. D'ailleurs, la récente circulaire du ministère de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration détaillant les mesures d'accompagnement au profit des établissements et entreprises publics (EEP) prouve le caractère exceptionnel de la période que nous traversons. Il faut des mesures exceptionnelles à la hauteur des enjeux du moment.