L'essor fulgurant des nouvelles technologies a incontestablement contribué à l'évolution des modes de consommation au Maroc. Le développement croissant du e-banking et de la e- assurance en témoigne clairement. Depuis quelque temps, on observe que le e-commerce est aussi adopté de plus en plus, ce qui atteste probablement d'une mutation des habitudes au quotidien. On a observé ces dernières années l'apparition des supermarchés en ligne. Ces enseignes disposent d'une panoplie de gammes très diversifiées (alimentation, mobiles, matériels informatiques, etc). Pour la plupart des professionnels du métier, les attitudes du consommateur marocain évoluent au gré du rythme croissant de connectivité du Royaume qui caracole en tête des pays du continent les plus connectés à Internet. D'où la relative facilité pour les millions d'internautes marocains de naviguer aisément sur les différents sites grâce à la généralisation du haut débit. Un marché en plein essor S'il est assez aisé de constater que le e-commerce a aujourd'hui le vent en poupe à l'instar du e-banking ou de la e-assurance, admettons aussi que c'est un marché qui cherche à se positionner afin de se faire sa place. Pour certains, les supermarchés en ligne sont moins chers de 10% qu'une épicerie de quartier et plus chers de 4 à 5% qu'un supermarché classique. Toutefois, par le biais du benchmark, et excusez du peu empirique (test réellement effectué), notre journal a procédé à des achats en ligne sur le site d'une épicerie très réputée de la place afin d'évaluer la pertinence de ces achats par rapport aux modes classiques. Il ressort de notre test que les procédures à suivre pour un internaute aguerri sont relativement simples. Le problème se posera peut-être pour des personnes maîtrisant moins l'outil informatique (personnes âgées ou peu instruites, par exemple). D'où la question de la cible de ces épiceries en ligne qui reste posée. Les icônes du site, l'achalandage des produits et les prix restent clairement identifiables. Il en est de même en ce qui concerne les familles des articles disponibles qui sont parfaitement catégorisées (articles d'entretien, hygiène, alimentation, etc.). Le délai de livraison des articles reste correct et le service clientèle est très réactif par rapport aux questions en ligne que l'acheteur peut poser. Nous avons cependant quelques bémols à signaler. Les prix des articles sont un peu plus chers par rapport à ceux des marchés classiques. A cela, s'ajoutent des frais de transport relativement élevés qui sont de plus soumis à la TVA et que le client doit supporter au paiement (pour 205 DH d'achat, nous avons payé 35 DH). Ce test nous a aussi confortés dans l'idée selon laquelle la cible de ces e-épiceries est la classe moyenne ou la classe supérieure. En effet, les prix d'achats globaux de ces enseignes (prix d'achats des produits, frais de transport, TVA) restent pratiquement hors de portée pour la classe populaire. Par ailleurs, rappelons que le marché local compte désormais entre six et dix supermarchés du genre, ce qui montre le caractère relativement récent de ce business qui a pour principaux clients réguliers des étrangers, des professionnels de la restauration et certains particuliers. Certaines épiceries virtuelles peuvent afficher un panier virtuel moyen de 1.300 à 2.000 DH et un chiffre d'affaires mensuel entre 800.000 et 1 million de DH. Un défi reste cependant à relever. Il s'agit de la couverture territoriale, du fait que seules quelques grandes localités (Casablanca, Rabat, Mohammédia, Marrakech) peuvent être desservies par ces commerces en ligne. Un créneau prometteur Un argument de taille milite en faveur de l'essor des épiceries de la Toile, à savoir que la plupart des foyers marocains consacrent moins de temps qu'auparavant pour aller faire leurs courses. Cela s'explique par l'intensité de l'activité professionnelle qui occupe désormais beaucoup de place dans la vie des particuliers, d'où l'avantage de recourir à ces supermarchés pour optimiser le gain de temps. Un autre élément, et non des moindres, penche en faveur du consommateur marocain. Il s'agit de la concurrence effrénée que se livrent les e-épiceries (augmentation de la durée et de la fréquence des promotions) et qui est de nature à tirer les prix des produits vers le bas, ce qui permettrait de soulager davantage le porte-monnaie des consommateurs. Domaine de prédilection de la publicité et du buzz, le Web est aussi un terreau favorable qui permet aux différentes épiceries du Net de mieux se faire connaître auprès des clients qui sont aujourd'hui hyper-connectés. Les commandes sur certains sites ne sont certes pas mirobolantes, mais elles sont en évolution (entre 17 et 30 par jour) et une dynamique croissante est créée pour certains responsables de ces commerces. Et toujours selon eux, pour tout projet innovant et jeune, il faut d'abord miser sur la satisfaction du client, la patience et, in fine, la rentabilité sera au rendez-vous. Enfin, l'autre aspect qui démontre la grande capacité d'approvisionnement de ces sites est que certains d'entre eux peuvent disposer d'environ 6;000 références, ce qui témoigne du dynamisme de ce secteur.