Abdelilah Laamarti, Directeur général de Sanad, revient sur l'activité de l'assureur en 2012 et explique l'importance du recentrage des compagnies sur leur activité technique. Il nous livre son analyse concernant le retard pris sur l'exécution du contrat-programme du secteur. Finances News Hebdo : En 2012, Sanad a pu dégager 160 MDH de primes de plus qu'en 2011. Comment s'explique cette performance ? Abdelilah Laamarti : En partenariat avec notre réseau de distribution, nous avons lancé dans le cadre de notre stratégie commerciale, des actions pragmatiques et pertinentes destinées à développer notre chiffre d'affaires, essentiellement sur les branches bénéficiaires, notamment la branche Automobile et la branche Vie. Nous devons donc cette performance aux efforts conjugués de la force de vente de notre réseau de distribution et de nos collaborateurs dans le déploiement de ces actions depuis leur mise en œuvre jusqu'à l'aboutissement des résultats escomptés. F. N. H. : Malgré une activité en hausse, vos charges relatives au résultat technique sont restées bien maîtrisées. Peut-on avoir un commentaire à ce sujet ? A. L. : Faire du développement du chiffre d'affaires dans la rentabilité est l'une de nos orientations stratégiques. Nous avons donc élaboré notre plan d'action 2012 dans le sens du développement de notre portefeuille clients sur les branches bénéficiaires, notamment l'Automobile, l'Incendie, les Risques Techniques et la Vie, qui ont enregistré de nettes croissances de chiffre d'affaires. Quant au chiffre d'affaires des branches déficitaires, notamment l'Accident de Travail et la Maladie, il a connu une régression en 2012 suite aux actions d'assainissement du portefeuille. Nous avons dû majorer ou résilier certaines polices qui présentaient un déficit important. Par ailleurs, nous avons fait preuve de beaucoup de vigilance en matière de souscription à travers une meilleure sélection de risques. La baisse du chiffre d'affaires des branches déficitaires, conjuguée à la hausse du chiffre d'affaires des branches bénéficiaires, explique la maîtrise des charges relatives au résultat technique. F. N. H. : Sur le secteur dans sa globalité, le contrat-programme a pris beaucoup de retard, selon les observateurs. Croyez-vous qu'il soit possible de rectifier le tir d'ici 2015, et d'atteindre notamment l'objectif de doublement du chiffre d'affaires du secteur ? Si oui, comment ? A. L. : Le contrat-programme vise à asseoir les fondements nécessaires pour permettre à notre secteur de continuer sa mutation et d'accompagner le développement économique et social de notre pays. Seulement, le processus de mise en œuvre des mesures préconisées par le contrat-programme a changé avec l'arrivée du nouveau gouvernement qui devait s'atteler à des programmes plus prioritaires. L'avancement de ce projet ainsi que l'aboutissement des ambitions, demeure subordonné à la nouvelle feuille de route qui est en train d'être renégociée avec l'actuel gouvernement. Il faut noter toutefois des avancées importantes déjà réalisées ou en train de l'être dans le déploiement du contrat-programme telles que : la Convention d'Indemnisation Corporelle Automobile, l'obligation d'assurance de la responsabilité civile des notaires, l'assurance tous risques chantiers et la responsabilité civile décennale. Tout ceci contribuera d'abord à une meilleure protection des citoyens et, ensuite, au développement du chiffre d'affaires du secteur. L'objectif de doublement du chiffre d'affaires du secteur à l'horizon 2015 reposait, entre autres, sur le développement de l'assurance maladie des indépendants (commerçants, professions libérales, artisans, etc) qui, malheureusement, ne s'est pas concrétisé pour l'instant. F. N. H. : A votre avis, quelles sont les perspectives d'évolution du secteur dans un contexte où les marchés financiers sont en berne ? Doit-on s'attendre à un réel recentrage des assureurs sur leurs activités de base ? A. L. : La tendance baissière des performances de la Bourse depuis plus de quatre ans a engendré le fléchissement des résultats financiers des assureurs. Le recentrage de ceux-ci sur les résultats techniques devient alors inéluctable. Pour cela, les assureurs vont de plus en plus faire preuve de rigueur pour maîtriser le résultat technique, à travers une tarification adéquate des risques et une remise à niveau des affaires déficitaires par des actions de sensibilisation et de prévention. Par ailleurs, la concurrence acharnée sur le marché de l'entreprise induit une constante sous-tarification des risques et un écart important par rapport aux fondamentaux. Cela conduira inévitablement à la détérioration du résultat technique des compagnies d'assurance. Celles-ci vont devoir instaurer des règles de souscription appropriées et veiller au respect des statistiques de sinistralité sur le segment de l'entreprise qui, d'ailleurs, représente des enjeux importants en matière d'engagements des assureurs. Les dirigeants des entreprises doivent comprendre que le coût de l'assurance n'est qu'une composante du «risk management» et qu'ils doivent s'inquiéter d'abord du niveau et de la qualité des garanties souscrites et, ensuite, de la pérennité de la relation avec leur assureur. La compagnie d'assurance ne peut continuellement garder une affaire déficitaire. Sa pérennité passe nécessairement par des résultats techniques équilibrés.