* En 2008, les compagnies dassurance se sont développées normalement avec une croissance moyenne de 11,8%. Zurich sest développée plus que le marché, soit 19,2%. * La morosité du contexte na pas empêché Zurich de voir évoluer ses parts de marché, surtout en non-Vie. * La prédominance du réseau bancaire dans la distribution des produits Vie est une particularité du marché marocain. * En matière de fiscalité, revenir à un abattement allant jusquà 50% sur les plus-values latentes ne peut qualler dans le sens des intérêts des assurés... et faire revenir les investisseurs institutionnels en force à la Bourse de Casablanca. w Finances News Hebdo : Comment appréciez-vous lévolution du secteur des assurances au Maroc en matière de réglementation au cours des dernières années ? Quels ont été les faits les plus marquants au cours de lannée 2008 ? w Berto Fisler : Je dirais que le marché de lassurance au Maroc sest beaucoup développé au cours des dernières années. Il est devenu un marché plus mûr et plus mâture. Un marché en voie datteindre, un jour, les niveaux des pays dits développés. On a vu ces dernières années la configuration du secteur changer complètement. Je pense que, par un meilleur contrôle, les autorités ont amené le marché à davantage de régulation. Les compagnies se sont retrouvées obligées daméliorer leurs résultats techniques. En ce sens que le risque ayant un prix, celui-ci ne peut pas sévaluer de manière hasardeuse, mais bien sur la base dun examen technique. Par exemple, pour les grands risques dentreprise les tarifs sont fixés selon la nature des risques, chaque entreprise ayant des besoins spécifiques en assurance. Dans ce cas, loffre de lassureur est adaptée à la nature du risque. Ceci étant, il ne faut pas oublier que même en automobile, le tarif est évalué techniquement Tout cela a donc contribué, dune manière ou dune autre, à lamélioration et à lassainissement du secteur des assurances au Maroc. Concernant le segment des Particuliers, les compagnies ont cherché à élargir leurs réseaux de vente en recrutant des agents, en les formant et en les installant. Durant les dernières années, la FMSAR et la DAPS ont organisé des examens. Lannée passée ont eu lieu les derniers examens. Zurich a ainsi gagné 46 nouveaux agents. La plupart sont déjà installés, les derniers sont en cours dinstallation. Le marché est sûrement en train de poursuivre cette évolution et de se donner les outils quil faut pour pouvoir encore développer un secteur qui dispose de beaucoup de potentialités. Cest ainsi que la publication des arrêtés dapplication dun nouveau Code des Assurances, à partir de 2005, a permis au secteur de se doter dune réglementation plus rationnelle. Notons au passage que ce code est inspiré du code français avec, bien entendu, les déclinaisons et les adaptations nécessaires aux spécificités locales. En ce qui concerne les faits marquants de lannée 2008, on peut citer notamment la nouvelle réglementation en matière de contrôle interne qui vise à améliorer la gouvernance au sein des entreprises dassurance. Autrement, on peut considérer que le secteur a connu une croissance moyenne de 11,8%. La branche Vie ayant nettement ralenti sa progression avec seulement 12,3% par rapport à lannée précédente où la croissance de cette branche avait connu un pic à 41,8%. w F.N.H. : Comment appréciez-vous le code des assurances en tant que président dune compagnie étrangère ? w B. F. : Je trouve que cest un bon code dans la mesure où il a clarifié plusieurs points auparavant moins clairs. Cest un code qui est naturellement plus moderne et qui sadapte, bien entendu, aux évolutions de son environnement. Lindustrie de lassurance est en train de se développer et le code doit suivre aussi. Parallèlement, et cela na rien à voir avec le Code, le ministère des Finances, la DAPS et la FMSAR sont actuellement en train de discuter la mise en place dun contrat-programme pour la promotion du secteur. La Fédération participe activement aux travaux parce que cest lavenir du secteur qui est en jeu. Ce contrat-programme sétalera sur une période de cinq ans et a pour objet de mettre en place une stratégie à même daugmenter le taux de pénétration de lassurance dans le tissu économique et dencourager lépargne. Nous sommes en pleins travaux et nous tenons souvent des réunions avec lAdministration. Je pense que tout cela montre la volonté des autorités de développer le marché national de lassurance pour lamener, dans un proche avenir, à des niveaux que lon retrouverait en Europe continentale. w F.N.H. : Comment sest décliné votre chiffre daffaires en 2008 ? w B. F. : Globalement, nous avons enregistré une belle progression de notre chiffre daffaires de 19,2% contre 23,4% lannée précédente, dépassant encore une fois nettement la progression globale du secteur. Opérant surtout dans le secteur non Vie qui représente 97% de notre activité, notre part de marché dans ledit secteur a été de 5,47% contre 5,11% lors de lexercice précédent. w F.N.H. : On remarque que lessentiel du chiffre daffaires de Zurich se fait sur la branche non-Vie. Est-il dans vos ambitions de développer davantage la branche Vie ? Comment ? w B. F. : Ici au Maroc, cest en effet la non-Vie qui lemporte en ce qui nous concerne. Vous savez, si vous navez pas un accord avec une banque, cest très difficile de distribuer les produits Vie. En effet, au Maroc, la bancassurance est le seul canal de distribution qui ait montré à ce jour un fort dynamisme dans le développement de lassurance Vie. Vous pouvez dailleurs constater que les compagnies qui ont réalisé un chiffre daffaires significatif en Vie sont celles qui sont adossées à des banques. En ce qui nous concerne, nous sommes ouverts si une opportunité se présente, mais pour linstant nous croyons dabord à notre croissance organique, cest-à-dire à celle que nous créons nous-mêmes. Pour y parvenir, nous développons notre réseau dagents. Nous travaillons également avec de nombreux courtiers dont «Athena Courtage» qui distribue nos produits à la clientèle bancaire. Et si un jour lopportunité se présente, on pourrait développer davantage la branche Vie. Mais aujourdhui, je peux vous dire que la croissance sest faite surtout à partir de nos propres moyens. w F.N.H. : Les banques arabes ne seraient-elles pas une niche importante pour ce type de projet ? w B. F. : Le succès des banques pour la distribution de produits dassurance dépend de la densité de leur réseau de distribution, cest-à-dire du nombre de leurs agences. Les banques arabes présentes ici ne sont que des petites filiales et ne disposent pas de réseaux importants. Vous savez, ce sont les banques marocaines qui jouent actuellement un rôle important dans le développement économique. Il y a encore des banques marocaines qui cherchent des providers en assurance telles que la BCP ou le Crédit du Maroc, Mais encore faut-il que les deux partenaires se mettent daccord. Parce que, comme une banque a ses idées, une compagnie a les siennes aussi. w F.N.H. : Concernant vos résultats, comment Zurich a pu avoir un taux de croissance supérieur à celui du marché dans un contexte aussi morose ? w B. F. : Nous avons eu un taux de croissance supérieur à celui du marché parce que nous avons beaucoup progressé dans le secteur des Particuliers. Nous avons lintention de continuer à travailler sur ce segment, et cest dans ce cadre que sinscrit notre décision daugmenter le nombre de nos agents. Si le marché se développe, si lon construit par exemple des hôtels, des infrastructures dans le tourisme, etc , on crée de lemploi et les gens auront nécessairement besoin de souscrire des contrats dassurance en automobile, habitation ou professionnelle par exemple. Traditionnellement, nous sommes spécialisés en risques industriels, cest ainsi que 65% du portefeuille de Zurich Maroc est constitué dentreprises. Nous accompagnons donc le développement de ce secteur. De même, nous sommes spécialisés dans lassurance des risques techniques. Par exemple, presque toutes les autoroutes du Maroc ont été assurées par Zurich. Dailleurs, nous assurons actuellement la construction du tunnel des Oudayas qui va de Rabat à Salé. Il sagit dun grand marché que nous avons pu assurer seuls grâce à notre capacité en tant que filiale adossée à un grand groupe ainsi quau savoir-faire qui en découle. w F. N. H. : Peut-on savoir comment sannonce le premier semestre 2009 pour votre compagnie ? w B. F. : Il sannonce plutôt bien. Mais je ne peux pas vous donner de chiffres parce que même le groupe na pas encore communiqué les résultats. Je peux seulement vous dire que nous avons déjà réalisé une croissance à deux chiffres par rapport à la même période de lannée passée. w F. N. H. : En matière dévolution du secteur, la bancassurance sest beaucoup développée au cours des dernières années. Quen pensez-vous ? w B. F. : Effectivement, les réseaux de distribution des produits Vie sont par excellence les guichets bancaires. La plus grande partie des ventes Vie se fait donc via les guichets bancaires et le reste à travers les agents ou en direct à travers quelques courtiers. Le réseau bancaire est le plus dominant parce quil a le maximum de guichets, la clientèle la plus nombreuse et quil connaît les revenus de cette clientèle. w F.N.H. : Toujours est-il que les courtiers pointent du doigt la bancassurance et considèrent que les banques ne disposent pas des qualités requises pour prodiguer des conseils à la clientèle ? w B. F. : Cétait peut-être vrai à une époque, mais les banques qui se sont alliées à des compagnies ont été amenées à former leur réseau de distribution en vue de la commercialisation des produits dassurance. Certaines compagnies de la place ont réalisé de très bons résultats grâce à la bancassurance et je pense que ce nest pas le fruit du hasard, mais surtout parce que la compagnie a aidé en formant le personnel des agences bancaires à mieux conseiller la clientèle. Pourquoi il ny a pas dautres canaux de distribution pour le faire ? Cest effectivement une particularité du marché marocain. w F.N.H. : Quelle est votre part de marché dans la branche automobile ? w B. F. : En automobile, notre part de marché est de 4%. Toutefois, elle représente la branche la plus importante dans le mix de notre portefeuille avec 36%. w F.N.H. : Comment appréciez-vous la baisse de la période dexonération de 10 à 8 ans relative à lassurance Vie contenue dans la Loi de Finances 2009 ? w B. F. : Je trouve que cest une mesure très intéressante aussi bien pour lassuré que pour la compagnie dassurance. Cest aussi une mesure incitative pour développer davantage la branche Vie au Maroc et donc favoriser lépargne à long terme. Cette épargne pouvant être utilisée notamment pour financer linvestissement. w F.N.H. : Le secteur a-t-il des doléances pour la Loi de Finances 2010 ? Quen est-il de la taxation des plus-values ? w B. F. : Comme tout le secteur, nous sommes attentifs à ce qui pourrait se décider en matière de taxation des plus-values latentes. En effet, notre métier se caractérise par des engagements envers nos assurés à moyen et long termes. Il est donc essentiel que la fiscalité encourage les assureurs à jouer la prudence et à garder les plus-values latentes le plus longtemps possible, ce qui ne peut quaméliorer la solvabilité et, par ricochet, assurer encore davantage nos engagements envers nos assurés. Jusquà fin 2007, les assureurs pouvaient bénéficier dun abattement allant jusquà 50% sur les plus-values latentes. Je pense que revenir à cet avantage ou à une formule similaire ne peut qualler dans le sens des intérêts des assurés... et faire revenir les «zinzins»* en force à la Bourse de Casablanca. Cependant, dans la configuration actuelle, nous ne pouvons que nous tourner vers ce que nous avons appris au sein du Groupe Zurich, à savoir quétant dabord des assureurs, il est impératif de dégager des résultats à partir du cur de notre métier qui est lassurance. Il nous faut plus que jamais rester focalisés sur les résultats techniques. w F.N.H. : Sur un plan purement stratégique, quelles seront les actions initiées par Zurich pour 2010 ? w B. F. : La charte de notre Groupe ne nous permet pas de communiquer sur notre stratégie. Mais on peut évoquer les grands axes qui, je crois, sont évidents et communs à tous : satisfaire nos clients, afin dêtre toujours plus proches deux, continuer délargir nos canaux de distribution et, bien sûr, consolider nos résultats techniques pour créer de la valeur et assurer notre croissance. * « les zinzins » : les investisseurs institutionnels