La Fédération nationale du tourisme a célébré son 10ème anniversaire mardi 13 septembre courant. A cette occasion, son président Jalil Benabbès Taârji, a dressé un bilan plutôt alarmiste de létat davancement des chantiers de la vision 2010. Il craint un essoufflement concernant notamment la réalisation du contrat-programme. Le gouvernement marocain aurait dautres priorités qui lempêchent de maintenir le même rythme dexécution des chantiers de la Vision 2010. Cest ce qua clairement déclaré Jalil Benabbès Taârji, Président de la Fédération nationale du tourisme qui regroupe lensemble des professions touristiques, lors dune conférence de presse tenue le 13 septembre à Casablanca à loccasion du 10ème anniversaire de ladite fédération. Certes, le gouvernement sattelle en cette rentrée à lINDH et à la question de lemploi. Mais, comme le souligne Taârji, le développement du tourisme nest pas antinomique à ces questions. Bien au contraire. Comme le stipule le contrat-programme, 600.000 nouveaux emplois directs et indirects devront être créés, 480 milliards de DH en devises réalisés en plus dune contribution du secteur au PIB de lordre de 20 %. Taârji a dressé un bilan mitigé de létat davancement des différents chantiers. Un avis partagé par le président de la Fédération nationale des agences de voyages marocaines, Mohamed Zemrani Fouzi, et par le président de lObservatoire du tourisme, Fouad Chraïbi, tous deux ayant pris part à cette rencontre avec la presse. Les inquiétudes de ces professionnels découlent du retard que prennent certains chantiers qui entrent dans le cadre du contrat-programme qui vise à accueillir 10 millions de touristes à lhorizon 2010. Lors des 5èmes Assises du tourisme, tenues en octobre dernier, plusieurs promesses ont été émises par lautorité de tutelle. Mais à ce jour certains chantiers stagnent encore, notamment la réforme juridique qui permettra aux assurances davoir des prises de participation dans des projets touristiques. Et pourtant, lors des dernières Assises, il a été clairement dit que cette réforme devrait se faire en octobre 2005 pour que les assurances apportent des fonds propres afin de financer les futures unités hôtelières. A ce propos, Jalil Taâjri na noté aucun avancement. Comme une chose en entraîne une autre, Fouad Chraïbi a insisté sur le fait que loffre touristique ne suit pas la demande. Daprès lui, la capacité daccueil ne suit pas laugmentation des arrivées. Les conférenciers ont également relevé un retard dans lexécution des stations balnéaire, fer de lance de la vision 2010. La formation en question «Si on continue à ce rythme, on va droit au mur», conclut-t-il. Autre « objet dinquiétude voire de mécontentement » des professionnels : la question concernant la taxe de promotion touristique (TPT). Cette taxe devrait renflouer le budget de l'Etat et permettre à l'ONMT de recueillir progressivement de 180 à 450 MDH de 2006 à 2010. Il a souligné que si aucun avancement nest enregistré sur la question dici le 31 décembre, cela entraînera une stagnation du budget de loffice. Il a néanmoins indiqué avoir obtenu un accord de principe « implicite » lors de la dernière réunion du Comité stratégique du tourisme (CST), selon lequel le gouvernement prendrait toutes ses responsabilités en la matière. Autre volet abordé lors de cette rencontre, la formation aux métiers touristiques. Zemrani a soulevé un manque criant de personnel qualifié. «Le seul institut qui forme à ces métiers, lISIT à Tanger, est arrivé à saturation. Alors pourquoi ne pas ouvrir dautres centres de formation pour répondre à la demande croissante ? », sinterroge-t-il. Il révèle que même les agences de voyages sont en manque de personnel qualifié. Idem pour les restaurateurs. A lheure où le Maroc vise des marchés importants comme la Chine et la Russie, Zemrani déplore le manque de compétences à même daborder ces marchés. Il a profité de loccasion pour évoquer le différend qui oppose les agences de voyages marocaines à Royal Air Maroc. En effet, la compagnie nationale avait décidé de réduire la commission de la billetterie, suscitant le tollé de ces opérateurs. Il a souhaité que la RAM sera plus réceptive à leurs doléances. Les débats lors des prochaines Assises nationales du tourisme, qui se tiendront les 3 et 4 décembre à Essaouira, risquent dêtre chauds. La Fédération compte revenir sur la question de la TPT. Selon Taârji, «si la Loi de Finances pour 2006 napporte aucun changement à ce propos, 2006 risque dêtre une année blanche pour les professionnels comme ce fut le cas en 2005. Jespère que ce ne sera pas le cas !». Autres thèmes qui seront à lordre du jour de ces assises, la fiscalité locale. «Nous espérons que le département de tutelle reviendra sur la question. Nous proposons à cet égard la fusion dun certain nombre de taxes en une seule taxe», explique Taârji. La création de guichets uniques dans les stations touristiques pour les aménageurs afin de faciliter la commercialisation de ces stations, sera également traitée à Essaouira. «Nous essayerons davancer sur le projet de loi qui tarde à venir concernant limmobilier locatif à usage touristique, mais également sur la loi sur les assurances». Taârji a précisé que la Vision 2010 nest pas une loi, mais un contrat. A ce titre, le gouvernement doit maintenir le cap pour exécuter le contrat-programme dans les délais.