On prend les ciseaux et on taille dans le Budget. C'est la dernière mesure-phare du gouvernement de Benkirane qui a décidé, par décret, de surseoir à l'exécution de 15 Mds de DH de dépenses d'investissement au titre de l'exercice 2013. Raccourci préjudiciable pour l'économie nationale ou choix judicieux ? En tout cas, cette décision reste diversement appréciée. D'autant qu'elle reste encore sujette à certaines interrogations : Quels seront les projets concernés ? Sur quels critères va-t-on se baser pour geler tel ou tel investissement ? S'agira-t-il de projets en cours ou non encore entamés... ? En attendant que le gouvernement éclaire l'opinion publique, il faut savoir que la coupe budgétaire décidée tend, de prime abord, à rééquilibrer un tant soit peu des finances publiques fortement chahutées. L'objectif étant d'«économiser» d'un coup 15 Mds de DH à travers un meilleur ciblage des projets prioritaires. Rien que ça ? Les partisans de cette mesure la trouveront certainement justifiée, surtout qu'au cours de ces dernières années le taux moyen de réalisation des investissements a tourné autour de 65%. Mais, tailler dans le budget des investissements publics ne résoudra pas le déficit structurel des finances publiques. Car cela est plutôt assimilé par certains à une fuite en avant du gouvernement, incapable de trouver les bonnes réponses à la problématique que pose un poste qui grève sérieusement les finances publiques : les dépenses de compensation. Surtout, donne-t-on un bon signal au privé ? Visiblement non. Le privé ne fera guère preuve de prodigalité à un moment où l'Etat reste près de ses sous. L'investissement et, par ricochet, la création d'emplois prendront forcément un sacré coup. Ce qui va enfoncer davantage le clou de la suspicion qui entoure l'économie nationale. Pour beaucoup d'observateurs, devant l'urgence, le levier prioritaire auquel devait plutôt s'attaquer le gouvernement est la réduction des dépenses de fonctionnement, couplée à la stimulation de la demande via une offre étatique et privée. En définitive, il semble utile de rappeler à Benkirane que privilégier l'austérité au détriment de la croissance a fait chuter bien des gouvernements à travers l'Europe. Que ce soit en Italie, en Espagne ou encore en Grèce.