Malgré ladoption du décret de 1998, la corruption samplifie. A loccasion de la journée détude sur la mise en oeuvre de la Convention des Nations-Unies pour la lutte contre la corruption, Transparency Maroc affirme que cette dernière passe nécessairement par des programmes gouvernementaux efficaces. La corruption continue de constituer un grave fléau pour léconomie marocaine. Les efforts déployés à cet égard nont pu réduire de façon conséquente cette véritable anomalie du système. Conscients de laggravation de ce fléau quest la corruption et des ravages quelle occasionne au pays en facilitant la violation des droits des citoyens, en compromettant linvestissement et en altérant le fonctionnement des actions politiques, économiques, culturelles et sociales, les membres de Transparency Maroc se sont réunis au cours du mois de juillet afin de débattre des mesures mises en place par les Nations-Unies pour la lutte contre la corruption. Trancparency Maroc a pris en considération limportance des obstacles auxquels se heurte la lutte contre la corruption, notamment la résistance des sphères de pouvoirs attachés à léconomie de rente, au clientélisme et au blocage de tout processus de participation citoyenne. Pour une justice efficace et indépendante Les différents membres ont constaté à lunanimité que la mise en uvre des engagements internationaux du Maroc en matière de lutte contre la corruption et la concrétisation des promesses politiques réitérées par les programmes gouvernementaux successifs, requiert, pour être efficace et crédible, un certain nombre de mesures. Conformément à la Convention des Nations-Unies, lutilité et lefficience des instances de prévention et déducation en matière de lutte contre la corruption se mesurent au degré de leur indépendance, aux moyens humains et matériels dont elles sont dotées. Lexpérience récente de création dorganes et de comités, soumis exclusivement à lautorité politique à laquelle ils rendent compte de manière exclusive, démontre que de telles pratiques ne peuvent être quinefficientes et ôtent toute crédibilité à la volonté politique de lEtat déradiquer la pauvreté et de moraliser la gestion de la chose publique. Seule une instance réellement indépendante, aux attributions claires et ouverte sur les acteurs réellement impliqués dans la modernisation de la société et de lÉtat, peut marquer une nouvelle étape dans la constitution dun cadre institutionnel efficace pour la lutte contre la corruption. En matière de justice, il est à signaler que lorsque lappareil judiciaire ne prend pas effectivement en charge le déclenchement de laction publique et la sanction des coupables, la banalisation de la corruption prend de plus en plus forme. De lavis des membres de Transparency, tant que limpunité est garantie par linefficacité de la règle de droit, aucune politique sérieuse de lutte contre la corruption ne peut être effective. Il savère ainsi indispensable de donner rapidement suite aux affaires portées sur la place publique, mettre en place des mécanismes de veille et dinstruction et rendre compte à lopinion publique de lapplication du droit en la matière par une justice qui en est le garant. Un autre point a été abordé : il sagit de légalité et du droit à linformation. A ce sujet, force est de constater que le potentiel technique du e-gouvernement est ambitieux. Toutefois, il est exigeant sur le plan du financement parce que la première phase nécessiterait un budget minimum de 1,5 milliard de DH. A cet effet, il est à noter la nécessité daxer dans un premier temps les efforts sur les projets prioritaires et structurants. Parce quil serait stratégiquement erroné de se contenter dune approche technocratique et techniciste en matière de e-gouvernement. En plus de la prise en compte des besoins de la population, il est essentiel de considérer le niveau élevé de lanalphabétisme, la fracture numérique et le développement très limité des structures et des équipements informatiques du pays. Étant une bataille de longue durée, la lutte contre la corruption se joue aussi sur le terrain des valeurs, de léthique et de léducation dune manière générale. Il devient aussi primordial de promouvoir les valeurs dintégrité et de transparence pour mobiliser les jeunes et les moins jeunes contre les risques de la corruption. Une politique éducative qui répond à tous ces besoins devrait inclure le développement des outils et des matériaux didactiques pour servir dans lanimation dactivités anticorruption. Les mass média sont appelés à jouer un rôle essentiel dans la sensibilisation à la lutte contre la corruption. Ce qui peut se faire concrètement par lorganisation de débats sur la question, démissions spécialisées qui traitent des cas de corruption et présentent des informations et les résultats des investigations des agences de contrôle et daudit. En outre, la lutte contre la corruption a besoin de diagnostics et détudes actualisés. Les ressources publiques et privées doivent être mises à contribution pour pouvoir réaliser de manière régulière les enquêtes, les sondages et les études susceptibles de produire la connaissance et linformation indispensables pour bien orienter laction en matière de lutte contre la corruption. Une chose est sûre : le Maroc a encore du chemin à parcourir. Certes, il dispose de plusieurs institutions de contrôle et daudit, mais leur contribution à la lutte contre la corruption demeure limitée et inorganisée. Leur renforcement passe indéniablement par la clarification de leurs attributions, la consolidation de leur autonomie et le relèvement de leurs capacités.