Depuis lindépendance, le Maroc a choisi le tourisme comme secteur clé pour son développement. Malgré les avancées réalisées, le Royaume est resté à la traîne par rapport à ses concurrents immédiats, notamment les pays méditerranéens. Pour ce faire, un ambitieux programme a été décidé pour accueillir en 2010 près de 10 millions de touristes chaque année. Quatre stations balnéaires ont été concédées. Deux autres seront attribuées au plus tard au cours de lannée prochaine. Le tourisme est un secteur stratégique pour le Royaume. Cette importance se manifeste au niveau des emplois assurés et par la valeur ajoutée engendrée, sans compter les effets dentraînement pour dautres secteurs ou activités. Malgré les potentialités dont jouit le pays et la diversification des produits, le tourisme narrive pas à décoller et atteindre une vitesse de croisière soutenue. Les arrivées touristiques à destination du Maroc tournent autour de 6 millions dont une bonne partie est représentée par nos concitoyens résidant à létranger. Le niveau des nuitées qui commence à se développer est aussi très faible et le taux de retour demeure peu encourageant. En dautres termes, on narrive pas à fidéliser nos clients. Le secteur reste vulnérable face à plusieurs handicaps. «La Vision 2010» est venue remédier à cette situation. Cest un programme fort ambitieux qui a été défini en janvier 2001, lors des Premières Assises nationales du tourisme à Marrakech. Ce plan a retenu 10 millions de visiteurs à lhorizon de 2010 et veut faire du Maroc une destination exceptionnelle, remarquable et surtout une puissance touristique majeure. Les atouts du pays sont indéniables, mais restent inexploités ou mal utilisés. En effet, le Royaume bénéficie dune diversité de ses paysages naturels et de létendue de ses 3.500 km de côtes sur la Méditerranée et sur lAtlantique. On note également une richesse du patrimoine civilisationnel et la position géographique du Maroc par rapport aux principaux marchés émetteurs européens. De plus, dautres facteurs tout aussi significatifs viennent renforcer cette position : la tolérance des Marocains, leur ouverture sur le pluralisme culturel et le respect des principaux cultes, sans oublier leur hospitalité légendaire. Capacité accrue à lhorizon 2010 Il y a là un précieux capital et de grandes potentialités quil conviendrait de bien promouvoir et mieux valoriser. Pour cela, le Maroc veut tripler sa capacité hôtelière d'ici cinq ans pour la porter à 230.000 lits. Le «Plan Azur» prévoit l'aménagement de six nouvelles stations balnéaires d'une capacité globale de 100.000 lits et la mise en service de 50.000 lits supplémentaires dans les destinations dites «culturelles ». La destination Maroc sera alors une référence en la matière et naura rien à envier aux autres produits existants et fortement demandés par les marchés émetteurs. De ce fait, elle pourra concurrencer facilement les autres pays. Le «Plan Azur» sest focalisé surtout sur le balnéaire mais vise aussi à renforcer le «culturel». On promet aux investisseurs une rentabilité satisfaisante dans le cadre d'un partenariat public/privé ou de concessions. Le nouveau plan d'aménagement devrait permettre la création de 600.000 emplois au cours des cinq prochaines années. Au-delà des paroles et autres discours redondants, lheure est à la concrétisation des projets. Tout le monde en est conscient, tant du côté des officiels que du côté des opérateurs et des citoyens. Adil Douiri, ministre du Tourisme, de lArtisanat et de lEconomie sociale, a expliqué que le tourisme est une affaire densemble et concerne chaque Marocain et tous les professionnels, de près ou de loin. « Grâce aux efforts de tous, a-t-il dit, notre pays a gagné, en 2004, plus de 750.000 touristes supplémentaires pour porter son total à près de 5,5 millions de touristes». Le ministre devait ajouter que « lanalyse de ces résultats fait apparaître que plus de 450.000 de ces clients additionnels proviennent des marchés sur lesquels nous avons favorisé la densification des lignes aériennes directes et privilégié les accords avec les réseaux de distribution. Sur ces marchés, nous progressons de près de 27% entre 2003 et 2004 ». En effet, au niveau de la création de nouveaux produits touristiques et de lélargissement des capacités dhébergement, le rythme douverture de nouvelles unités est passé de 1.500 lits par an entre 1996 et 2000, à plus de 8.000 lits entre 2003 et 2004, soit entre 25 et 30 unités hôtelières ouvertes chaque année. Le programme de promotion du produit Maroc sest traduit aussi par la prospection de nouveaux marchés, tels ceux de lAmérique du Nord, du Japon, de la Russie et des pays arabes et par le développement de nouveaux créneaux de tourisme qui assurent aux étrangers un dépaysement total (rural, montagne, saharien, balnéaire ). «Les pouvoirs publics ont élaboré une stratégie qui se veut réaliste et réalisable. La Vision 2010 est un défi dont la conjonction de certaines conditions pourrait faciliter la réalisation. Notre tourisme gagne du terrain et sa croissance est sur les rails mais pas à un rythme soutenu. Nos produits devraient être compétitifs pour les touristes nationaux ou étrangers et le rapport qualité/prix adéquat», a déclaré Abderrahim Oumani, président de la Fédération nationale de lindustrie hôtelière (FNIH). Mais, encore fallait-il trouver une plate-forme pour maintenir la vitesse de croisière à un rythme soutenu. Le niveau qui permet au produit Maroc de faire face à la concurrence étrangère et conquérir davantage de parts de marché à léchelle internationale. Le tourisme est une industrie, un art et un savoir-faire mais cest aussi de la bonne volonté. Cest un secteur davenir. Notre pays a tous les atouts ou presque pour être une destination privilégiée. En effet, la détermination affichée est celle de transformer le secteur du tourisme en une véritable industrie. Les retombées en matière de création demplois et de richesses sont considérables. Cest dans cette perspective que le tourisme a été érigé en priorité nationale pour assurer le développement économique du pays.