* Le Maroc reste à la traîne en matière dutilisation de matériaux de construction écologiques ou dénergies renouvelables. * Malgré larsenal juridique existant ou envisagé en matière écologique , une étape préliminaire simpose avant lapplication des lois. * La Charte de lenvironnement en préparation fait appel à tous les intervenants dans le domaine de limmobilier pour donner leurs points de vue et formuler leurs propositions. La préservation de lenvironnement devient une priorité nationale. Le projet dune charte devant en décliner les grandes lignes est en gestation. Il sera présenté au mois davril prochain dans le cadre de la Journée de la terre. Pour ce faire, le Maroc devra se doter dun ensemble de lois et règlements et dautres mesures daccompagnement pour assurer son développement durable. Plusieurs secteurs-cibles sont identifiés. Il sagit de lindustrie, de lagriculture, du tourisme et, bien sûr, de lhabitat. Dans ce dernier créneau, les différentes études ont montré que le Maroc est encore à la traîne par rapport à dautres pays, notamment en matière dutilisation de matériaux de construction écologiques, dénergies renouvelables ou de plans durbanisation modernes. Il faut dire que le secteur de limmobilier connaît un fort taux de croissance ces dernières années sous leffet de la poussée démographique, de lurbanisation à outrance et de la hausse du niveau de vie. La course à la réduction du déficit en logements a, certes, permis des avancées en la matière, mais elle a créé par ailleurs dautres problèmes, notamment dordre écologique. La Charte de lenvironnement en préparation fait appel à tous les intervenants pour donner leurs points de vue et formuler leurs propositions. Les promoteurs immobiliers et autres professionnels du métier de la construction en bâtiment sont sollicités pour dégager une vision devant décliner certains axes du projet. «Lefficacité énergétique figure en bonne et due forme. A linstar de ce qui se passe dans le monde, nous avons proposé de classer les immeubles par leur niveau de déperdition. Il faut définir des seuils de consommation», a expliqué Rachid Khayatey Houssaini. Le président de lAssociation marocaine de la construction durable (Amcod) et vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), a souligné qu«il faut diagnostiquer les bâtiments. Dans le logement économique, le coût ne dépasse pas les 5% et le retour sur investissement est assuré après deux ans seulement, dautant que les consommateurs sont très regardants sur leur facture délectricité». Lamélioration de lefficacité énergétique passe par la conception des bâtiments, le fonctionnement des équipements (climatisation, chauffage...) et la gestion énergétique dans les bâtiments. En effet, lefficacité énergétique est une grande orientation de lEtat du fait que le pays importe pratiquement la quasi-totalité de ses besoins de létranger. Il sagit de ne pas consommer moins, mais de consommer mieux. «Le Maroc sest doté dun arsenal juridique en matière écologique. Le programme devrait se poursuivre avec dautres lois. Mais il est préférable de passer progressivement dune étape à lautre. Il est aisé de promulguer des lois, mais vu le contexte socio-économique, il arrive parfois quon ne puisse pas les appliquer. Au niveau de la construction durable, lidée est de passer par lapproche de la labellisation ou de la certification avant dimposer la loi. LEtat doit encourager cette orientation car on constate une prise de conscience chez le public de la dimension écologique», a affirmé Khayatey. Outre le volet construction, la priorité environnementale sinvite également au niveau de lurbanisme. Les différents appels doffres lancés dernièrement par lEtat insistent sur le sujet. Le ministère de lHabitat et de lUrbanisme a imposé pour chaque nouveau logement construit, dans le cadre du contrat-programme avec lEtat, un arbre implanté en vue de renforcer la surface des espaces verts. La superficie au mètre carré par habitant ne cesse de dégringoler. A Casablanca par exemple, la superficie urbanisée a été multipliée par vingt depuis lindépendance. Durant la même période, les espaces verts nont pas doublé. Cest un grand retard quil faut combler, en privilégiant la verticalité au profit de ces espaces verts. Pour léclairage public, les nouveaux équipements doivent être très économes en énergie et moins nocifs pour lenvironnement. Il faut souligner que le bâtiment est un domaine-clé de pollution du fait de son niveau de consommation dénergie et démission de CO2. Dans ce contexte, le Maroc doit sinspirer des expériences des pays développés. LUnion européenne plaide déjà pour une réglementation thermique afin de réduire les dépenses d'énergie. Sur une base de 100 watts en 2000, la consommation en énergie des logements atteignait presque 300 avant 1974, elle était de 75 en 2005 et doit passer à 25 en 2050, Applicable aux permis de construire déposés depuis 2006, la réglementation thermique prévoit 20% d'économie d'énergie de mieux qu'en 2000 sur la facture finale. Lutilisation des matériaux de construction écologiques, pour réussir, doit être accompagnée de campagnes de sensibilisation aussi bien auprès des promoteurs que des acquéreurs.