* La dégradation de lécosystème coûte 13 milliards de DH par an au Maroc, soit 3,7% de son PIB. Alors que le budget public destiné à la protection de lenvironnement et la préservation des ressources ne dépasse pas les 0,7% du PIB. * Lagriculture, le tourisme, lindustrie et limmobilier sont autant de secteurs qui ont besoin dun cadre écologique adéquat. * Les entreprises, les collectivités locales, les instances publiques sont appelées à la rescousse. Lun des grands dossiers sur lesquels le gouvernement devrait se pencher lors de cette rentrée est la question de lenvironnement. Le Roi, dans son discours du Trône, a appelé lExécutif à élaborer une charte de lenvironnement. Il est question dassurer un développement durable et harmonieux tout en préservant le cadre écologique du pays et léquilibre de lécosystème. En effet, le Maroc est qualifié de pays émergent. Il aspire à réaliser une croissance soutenue et pérenne. Cet essor ne doit pas se faire au détriment de son environnement. La dégradation de lécosystème coûte 13 milliards de DH par an au pays, soit 3,7% du PIB. Alors que le budget public destiné à la protection de lenvironnement et la préservation des ressources ne dépasse pas les 0,7% du PIB. La politique de développement durable na pas encore pris sa vitesse de croisière et plusieurs secteurs de léconomie nationale, surtout lagriculture et lindustrie, continuent dêtre des pollueurs potentiels. La politique volontariste de développement menée depuis un certain temps a débouché sur le lancement de plusieurs plans ou programmes sectoriels. Cest le cas du Plan Maroc Vert pour lagriculture, Maroc Azur pour le tourisme ou le plan Emergence pour lindustrie. Ces trois secteurs par lesquels le Maroc compte doper sa croissance sont connus pour leur caractère polluant. La Charte de lenvironnement qui devrait sinspirer des normes internationales en la matière, notamment européennes, serait précédée de débats et de discussions entre les différents opérateurs concernés par la question avant son élaboration. «Le sujet de lenvironnement au Maroc en est à ses premiers balbutiements. La prise de conscience des enjeux environnementaux de notre siècle commence doucement, que ce soit au niveau des citoyens, des entreprises ou du gouvernement », a souligné Moundir Zniber, président de lAssociation pour un Maroc Vert. Le pays est doté dun arsenal juridique important en matière décologie mais qui reste peu ou pas appliqué. «Le problème ne se pose pas quant à lexistence des lois sur lenvironnement mais plutôt sur leur application et leur vulgarisation. On peut avoir les meilleures lois du monde mais elles seront inertes en labsence de leur application », explique Moundir. Le budget alloué à lenvironnement reste insignifiant. Le secrétariat dEtat à leau et à lenvironnement reste un petit département. Il est sous la tutelle du ministère de lEnergie et des Mines. Il na de ce fait pas les moyens humains et matériels pour mener à bien sa mission. Des rapports et des enquêtes sont dressés mais seulement à titre indicatif. Les défenseurs de lenvironnement prônent la création dune brigade dédiée qui aura la charge de procéder à des opérations de contrôle, de répression et de dissuasion à linstar de ce qui se fait à létranger. Le principe de pollueur payeur doit prévaloir. Des normes seront élaborées pour contrer lutilisation abusive des pesticides, insecticides et autres produits chimiques. Les projets touristiques, immobiliers ou industriels seront soumis à un cahier des charges incluant des clauses écologiques. Le développement urbanistique est lun des facteurs qui aggravent davantage la pollution. La gestion des déchets solides et liquides continue dévoluer dans des conditions obsolètes. Rares sont les métropoles qui sont dotées de stations de recyclage ou de traitement de déchets. La poussée démographique accentue la pression sur lassiette foncière. Les constructions se font au détriment des espaces verts. Dans les périphéries, les projets convoitent les terres agricoles et la spéculation bat son plein. Des milliers dhectares sont détournés de leur vocation naturelle pour servir de réserves foncières à des promoteurs opportunistes. Si la dépollution de lair et de leau intéresse beaucoup les opérateurs et les autorités, la pollution sonore demeure le maillon faible en matière de préservation de lenvironnement. Les normes sont quasi absentes. Un travail de fonds attend les concepteurs de la Charte de lenvironnement pour établir un cadre adéquat. La Charte de lenvironnement aura également pour tâche de développer des outils de sensibilisation et dinformation sur limportance et les enjeux liés à lécologie ; et cela au niveau des entreprises, des instances gouvernementales et de la société civile.