◆ L'ONSSA ne peut examiner tous les champs et les marchés ne relèvent pas de ses compétences. ◆ Il faut renforcer la coopération avec les autres autorités concernées.
Par : Charaf Jaidani
Le thé à la menthe est la boisson nationale par excellence. Le premier ingrédient, le thé, est importé, tandis que le second, la menthe, est produit localement, avec une connotation régionale pour certaines variétés très réputées comme Abdi, Ziani, L'brouj ou Tamaris. Vu sa forte consommation et ses potentialités à l'export, la filière menthe présente des perspectives de développement très prometteuses. En termes d'exploitations, ces atouts sont indéniables, vu qu'elle ne nécessite pas d'investissements importants avec la possibilité d'opérer 4 à 5 coupes ou récoltes sur l'année. Toutefois, l'avidité de certains exploitants a donné lieu à des pratiques prohibées comme l'utilisation d'intrants non homologués ou de contrebande. La menthe bour présente de bonnes qualités sanitaires, mais elle ne peut être disponible que lors d'une courte période de l'année, généralement à partir de février. Ce produit est cher et très peu demandé. De nombreux exploitants travaillent par conséquent dans l'irrigué et utilisent des intrants fortifiants qui accélèrent la poussée des plantes et lui donnent une teinte attrayante. La faiblesse des contrôles les a incités à produire en toute impunité, jusqu'au jour où l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a relevé des teneurs dangereuses en produits chimiques dans des échantillons prélevés dans la région du Souss. L'office a ordonné la destruction immédiate des champs concernés à cause de l'utilisation de produits non autorisés par les exploitants. «C'est une situation inquiétante qui crée de la méfiance chez les consommateurs. La demande a reculé ces derniers temps. L'ONSSA ne peut contrôler tous les champs. Au niveau du commerce et de la distribution, les marchés ne relèvent pas de son champ d'action. Ils sont sous le contrôle du ministère de l'Intérieur», relève Driss Farhat, négociant au marché de gros de Casablanca. Un produit de grande consommation comme la menthe nécessite plus de vigilance et une coopération accrue entre les autorités concernées. Il est donc essentiel de trouver de nouveaux mécanismes pour contrer les agriculteurs de mauvaise foi. De même qu'il faut lancer de vastes campagnes pour sensibiliser au danger que présente l'utilisation de produits interdits.
D'énormes potentialités à l'export La production nationale culmine à plus de 70.000 tonnes par an dont 8% seulement sont destinés à l'export essentiellement vers l'Europe. A fin 2018, la superficie dédiée a atteint plus de 4.000 hectares et représente 1% seulement des cultures maraîchères. Les projections du département de tutelle visent à étendre la superficie à 5.000 hectares et augmenter la production à plus de 100.000 tonnes dont 20.000 pour l'export. Les exploitants veulent diversifier les débouchés en lorgnant de nouveaux marchés en Asie, dans le monde arabe, en Amérique et même en Afrique.