Le Maroc pourrait capter 2 à 4% du marché mondial de l'hydrogène, estimé à plusieurs milliers de TWh. Les dérivés, notamment l'ammoniac vert et le méthanol, pourraient être rentables à court et moyen termes.
Par M.D
La production de l'hydrogène et de ses dérivés sans CO2 est de plus en plus favorisée par la baisse des coûts des énergies renouvelables et l'abondance de sites marocains alliant un fort taux d'ensoleillement et des vitesses de vent élevées. Conscients de la nécessité de saisir cette opportunité au niveau national, l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) à travers le Green Energy Park et ses partenaires, notamment l'OCP, l'Université Mohammed VI Polytechnique et l'entité allemande Fraunhofer et ses instituts ont décidé d'accentuer leur partenariat. Concrètement, avec l'implication du ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement, les partenaires précités procéderont à la réalisation de la plateforme dédiée à la recherche sur l'hydrogène et l'ammoniac vert dès janvier 2020. «Le projet commencera par la mise en place d'un premier site pilote afin de tester plusieurs technologies de production d'hydrogène et de ses dérivés à base d'énergies renouvelables. Il constituera un vecteur d'énergie pour la génération, le transport et le stockage de l'énergie mais aussi en tant que matière première», assure Badr Ikken, Directeur général de l'Iresen. Et de préciser : «Ceci est en adéquation avec les résultats des deux premières études menées en 2018 par trois instituts de Fraunhofer, l'un des plus grands Centres de recherche appliquée au monde». La technologie utilisée est complémentaire aux énergies renouvelables et permettra de décarboner différents secteurs d'activité au Maroc, tout en créant une forte opportunité de développement économique et social à travers l'export. Le caractère difficilement transportable de l'hydrogène permettra également le développement d'infrastructures industrielles locales de transformation.
Un avenir prometteur Les études effectuées ont démontré d'une part, que le Maroc pourrait capter 2 à 4% du marché mondial de l'hydrogène, estimé à plusieurs milliers de TWh, et d'autre part, que ses dérivés que sont l'ammoniac vert et le méthanol pourraient être rentables à court et moyen termes. Le partenariat du Maroc noué avec l'Allemagne pour ce projet ambitieux est d'autant plus justifié que l'Etat fédéral, première économie de l'UE, va arrêter progressivement toutes ses centrales à charbon à partir de 2022 et jusqu'en 2038. En conséquence, l'Allemagne devra importer des combustibles propres notamment des molécules vertes, à savoir l'hydrogène et des dérivés verts. Une priorité pour l'Allemagne Le projet a fait l'objet de la publication conjointe d'un manifeste par les ministères fédéraux allemands de l'Economie et de l'Energie, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, du Transport et des Infrastructures digitales et de la Coopération et du Développement. Le document met en exergue le fait que les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique soient des maillons centraux de la transition énergétique. «Des avancées monumentales ont été effectuées dans ces domaines, mais aujourd'hui, des éléments complémentaires, notamment des vecteurs énergétiques sous forme de gaz, et plus précisément l'hydrogène produit sans CO2, deviennent nécessaires pour décarboner la société allemande et atteindre ses objectifs par rapport à la protection du climat», précise le manifeste. Notons qu'une Commission nationale de l'hydrogène vert et du Power-to-X a été mise en place au Maroc. Une 3ème étude de préparation de la feuille de route du pays dans ce domaine est également en cours d'élaboration afin de saisir toutes les opportunités de création d'emplois et de richesse que cette technologie pourrait induire. ◆