Des compagnies ont réduit leurs offres à destination du Maroc. Crise économique, hausse des prix du carburant et des taxes aéroportuaires sont les principales causes évoquées. Le Maroc devrait chercher de nouvelles incitations pour séduire les compagnies, surtout celles low cost. Lancé en grande pompe il y a quelques années pour doper les arrivées touristiques au Maroc, l'Open Sky commence à connaître quelques perturbations, surtout pour les compagnies low cost de transport aérien. Ces compagnies ont été durement frappées par la crise économique et la hausse des prix du carburant. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le Maroc a augmenté ses taxes aéroportuaires. «C'est une drôle de décision pour un pays qui veut doubler le nombre de touristes à l'horizon 2020», a souligné Mohamed Al Amrani, professeur universitaire. Des transporteurs majors comme Ryanair ont dû annuler quelques 34 vols hebdomadaires à destinations du Maroc, soit 250.000 passagers annuels. Les responsables de la compagnie ont justifié cette décision par «le non-respect des engagements de l'Office national des aéroports (ONDA) qui a imposé un nouveau monopole de la société de manutention, qui aura pour effet immédiat d'augmenter les coûts, paramètre primordial pour l'exploitation du transport aérien». Mis à part les touristes, mêmes les MRE souffrent de ce retrait. «Il y avait une desserte directe entre Madrid et Fès, assurée par Ryanair, qui a été annulée. Maintenant, il faut transiter par l'Aéroport Mohammed V. La navette par taxi entre Casa et Fès revient deux fois plus cher que le coût seul du billet Fès-Madrid, sans compter les désagréments liés à la perte de temps», a souligné Mohamed Sefroui, président d'une association de MRE en Espagne. Outre Ryanair, Easyjet de son côté prévoit également la suppression de vols à destination du Maroc, invoquant la cherté des taxes aéroportuaires. Cette décision d'open sky, tout en imposant une forte concurrence à la RAM, a permis un développement du transport aérien vers et à partir du Maroc. Les retombées pour le pays ont été bénéfiques pour le tourisme, l'investissement étranger, le raffermissement de liens politiques avec de nombreux pays et le désenclavement aérien de plusieurs régions du pays. La réduction de l'offre de certaines compagnies devrait profiter à d'autres opérateurs au Maroc, notamment à la RAM. La compagnie nationale a souffert de la concurrence acharnée des compagnies low cost, surtout sur les marchés traditionnels, notamment ceux concernant l'Europe occidentale. La RAM garde un certain monopole, notamment vers l'Afrique et l'Aéroport de Casablanca est considéré comme un hub vers les destinations phares du continent africain. Par ailleurs, il faut noter que si des compagnies à bas coût ont réduit leur activité au Maroc, d'autres ont opté pour l'élargissement : c'est le cas de Air Arabia qui a institué plusieurs vols à destination de l'Europe et des pays du Moyen-Orient, et surtout les villes de Marrakech et d'Agadir, au Maghreb. «Avec ce modèle d'exploitation low cost, les compagnies qui ont pour principal argument les tarifs réduits, doivent se battre pour une forte maîtrise des charges, et comme les marges sont étriquées, elles ne peuvent assumer le coût d'une destination si elles ne sont pas sûres de la rentabilité», estime Amrani. Il explique qu'«il faut des moyens incitatifs pour encourager ces compagnies, notamment sur le plan fiscal. L'échec de la station Saïdia, malgré ses atouts touristiques, est dû en grande partie à son enclavement qui explique la faiblesse des fréquentations des compagnies aériennes vers les aéroports les plus proches, en l'occurrence Nador et Oujda», a-t-il noté. Pour rappel, les professionnels du tourisme ont toujours appelé à revoir les mécanismes employés dans l'Open Sky pour le rendre plus attractif.