Si les femmes sont présentes en grand nombre dans les partis politiques, elles le sont moins comme candidates, faute de confiance et d'accréditations. Cette bataille ne saurait être menée sans l'appui des hommes, estime M'barka Bouaïda, parlementaire du RNI. - Finances News Hebdo : Selon votre expérience, quelle appréciation faites-vous de la condition féminine et quelle place lui et réservée sur la scène partisane ? - Mbarka Bouaïda : Ce qu'il faut reconnaître c'est que la condition féminine a enregistré au Maroc des avancées remarquables cette dernière décennie. Sur le plan quantitatif, les chiffres sont là pour en témoigner, notamment à travers le code de la famille, mais également par la constitutionnalisation de la parité dans l'article 19 de la Constitution. Nous avons eu droit à une révision du nombre de sièges réservés aux femmes au sein du Parlement, puisque grâce au système des quotas nous sommes passés de 10 à 15 %, soit 60 femmes sur 395 parlementaires. Il y a lieu de citer, entre autres acquis, la loi sur les partis qui impose un quota de 30 % de femmes dans les instances dirigeantes des partis. Ce sont autant d'acquis pour les femmes au Maroc durant cette décennie. Maintenant, si la situation peut être qualifiée de positive, elle n'est pas pour autant éternelle ! En effet, j'appelle à la prudence vu ce qui s'est passé dans les pays voisins où l'on constate un recul considérable de la condition féminine. Même chez nous des messages négatifs ont été palpables, référence faite à la composition même du gouvernement qui ne compte qu'une seule femme islamiste dans un poste stéréotypé. Aujourd'hui, il ne faut pas avoir peur de dire que la femme est menacée au Maroc. Il faudra par conséquent se mobiliser et se remobiliser pour parer à toute dégradation de la condition féminine dans notre pays. D'où l'importance d'un événement comme le Women's Tribune ! Il ne s'agit pas de pousser à la panique mais de rester vigilant sur ce qui se passe au Maroc et ailleurs. - F. N. H. : Si sur le volet quantitatif l'on peut dire qu'avancées il y a, cela se traduit-il par une réelle prise de pouvoir par les femmes ? - M. B. : Pour être sincère, ce n'est pas encore le cas. Parce que qualitativement le quota dit être accompagné par des mesures de formation, d'accompagnement et d'encadrement afin que les femmes puissent progresser et durer dans la vie politique. Actuellement, les femmes profitent du quota mais restent passagères malheureusement. Dans ce sens, il est important qu'elles-mêmes saisissent cette opportunité et puissent l'exploiter pour investir la scène politique et les partis. - F. N. H. : On reproche d'ailleurs aux femmes de ne pas s'imposer comme candidates... - M. B. : Ce qu'il faut savoir c'est que statistiquement les femmes sont très présentes au niveau des partis politiques marocains. C'est palpable d'ailleurs, durant la campagne électorale, on trouve toujours des directeurs de campagne femmes. Mais pas en tant que candidates. Il s'agit premièrement d'un problème de confiance mais également de réticence au sein des partis politiques. Parce qu'ils ne veulent pas donner des accréditations aux femmes puisqu'ils n'accordent pas confiance à leurs capacités. Cela nécessite beaucoup de travail pour changer cette donne et surtout beaucoup de solidarité entre les femmes elles-mêmes. Mais il faut compter également sur les hommes sensibles à cette question car, sans eux, on ne pourra pas avancer sur ce chantier-là. Dossier réalisé par Imane Bouhrara